PETITES SENTINELLES

"LES PETITES SENTINELLES" / ill. et légendes du studio cinématographique de Shanghaï Ed. en langues étrangères, 1976

 

Un port de pêche de la Mer de Chine orientale. Une épaisse brume matinale. des rochers escarpés. Et, montant la garde, lance à la main, une fillette vigilante : c'est Siao Hong (petite rouge).

 

Soudain, un bruit de pas, sur le qui-vive, elle scrute le brouillard. Les pas approchent : "Halte-là!", crie t-elle.

 

Ce n'est que le camarade Tchang, chef de peloton de l'Armée de Libération, accompagné de grand-père Wang, membre de la brigade de production, qui sont en patrouille. Elle court les rejoindre.

 

le chef de peloton Tchang lui demande : "Pourquoi te lèves-tu si tôt par un tel brouillard?" "-Pour attraper des crabes!" répond la petite fûtée.

 

Tchang comprend tout de suite que les "crabes" sont en réalité les agents secrets ennemis. "Ah oui, dit-il amusé, ce sont des crabes à deux pattes que tu veux attraper!" Et Tchang et grand-père Wang d'éclater de rire!

 

"je croyais qu'il fallait redoubler de vigilance lorsque le brouillard est si dense", lance la fillette un peu dépitée. "Tu as raison, Siao Hong. Notre vigilance révolutionnaire est de tous les instants".

 

Grand-père Wang lui demande où sont tous ses petits camarades. Siao Hong les lui montre du doigt et siffle pour les appeler.

 

Aussitôt Siao Long (Petit dragon) et les autres petites sentinelles surgissent de derrière les rochers et viennent se mettre en rang.

 

C'est dimanche matin. Siao Hong va faire paitre un troupeau de chèvres de l'équipe de production en montagne. Tout en poussant ses bêtes, elle chante joyeusement : "A l'exemple de l'Armée de Libération, je défends la porte orientale de ma patrie. Avec un coeur rouge je monte la garde..."

 

Elle arrive enfin à la "Pente de Sept lis", magnifique prairie où son troupeau pourra paitre.

 

Soudain, elle entend un bêlement. Elle se retourne. Mais les chèvres broutent toujours aussi tranquillement. "Ce doit être cet espiègle de Siao Long qui a imité leur bêlement", se dit-elle. C'est bien lui! Le voilà déjà au garde à vous devant elle. "Rapport! ma soeur, dit-il, je viens garder les chèvres avec toi!"

 

Entre temps, le chef de peloton Tchang a reçu l'ordre de son supérieur de rassembler sans tarder les combattants de l'Armée de Libération et de la milice locale. "Mobilisation d'urgence! Avant l'aube, dit-il, une bande de bandits kuomintaniens armés a débarqué à Yunyakang, et s'est heurtée à une violente attaque de nos forces armées. Presque tous les ennemis sont morts, blessés ou prisonniers. Seuls trois se sont enfuis. Ils se dirigent vers notre zone de défense..."

 

tchang ajoute : "Nos supérieurs nous ordonnent de bloquer l'embouchure, de fouiller les montagnes et d'anéantir complétement l'ennemi!" Et, brandissant son revolver, il ordonne le départ de sa troupe.

 

Revenons aux trois agents secrets qui ont réussi à percer nos filets. Pris de panique, ils courent éperdument. Le commandant ennemi et son complice le Barbu, à bout de souffle, viennent s'asseoir sur un rocher. Le troisième bandit, le Nabot, prend la parole : "Qu'allons-nous faire? mon commandant, nous ne sommes plus que trois."

 

Ayant réfléchi un moment, le commandant ennemi ordonne au Nabot de sortir la carte que les trois bandits consultent longuement sans arriver à préciser où ils se trouvent actuellement. Il faut bien prendre une décision! Ils vont donc se diriger vers le sud-est, jusqu'au lieu dit "Corne de Chèvre", et de là, prendre la mer à la "Baie du Dragon".

 

Mais le Nabot demande encore à son chef : "Que ferons-nous si nous rencontrons quelqu'un en route?" Le commandant ennemi sort un uniforme de l'Armée de Libération de sa musette : "Déguisons-nous en soldat de l'Armée de Libération!"

 

Le commandant ennemi en uniforme et ses deux complices en chemise avancent rapidement sur le sentier de montagne.

 

Siao Hong et Siao Long s'exerçaient au combat à la baïonnette quand ils voient venir trois hommes qui pourraient bien faire partie de l'Armée de Libération.

 

Les deux enfants les saluent cordialement. Voyant que ces derniers les prennent pour des soldats de l'Armée de Libération, le commandant ennemi rit dans sa barbe et s'approche d'eux en disant : "Vous jouez, mes petit amis?" - "Non, nous gardons les chèvres", répond Siao Long.

 

Le Barbu jette un coup d'oeil au troupeau et remarque nonchalament : "Ô, c'est une seule famille qui élève toutes ces chèvres!" Et Siao Long de rectifier : "Mais non! ces chèvres appartiennent à notre équipe de production". Siao Hong trouve cette question bien étonnante de la part d'un soldat de l'Armée de Libération, et ressent une vive méfiance à l'égard de ces inconnus.

 

Le commandant ennemi réalise que son complice a laissé échapper une phrase vraiment révélatrice, aussi se hâte t-il d'y remédier en disant : "Oui, oui, bien sûr les chèvres appartiennent à l'équipe de production." Puis il feint de blâmer le Barbu et lui recommande de bien tenir sa langue.

 

Trouvant les gestes et les paroles de ces individus de plus en plus insolites, Siao Hong se met à les interroger : "D'où venez-vous?" - "Nous sommes de passage", répond le commandant ennemi. "Vous deevz être fatigués", leur dit-elle, apparemment très polie, et les invite à s'asseoir et à se reposer.

 

Le commandant, se méprenant sur l'amabilité de la fillette, pense qu'il pourra lui soutirer quelques renseignements utiles. Il s'installe donc.

 

La première chose qu'il veut savoir, c'est où il se trouve actuellement. Mais cette question ne fait que redoubler la méfiance de la fillette qui lui demande : "Où voulez-vous donc aller?" Le commandant, pris de court, bafouille et ne sait que répondre.

 

"Secret militaire", dit-il au bout d'un instant, très content de sa ruse! Mais la fillette, poursuivant sa tactique, rétorque : "Ah, vous ne voulez pas me le dire, et bien je le sais quand même!" Celui-ci, effrayé à la pensée de vendre la mèche, sursaute et demande brusquement : "Que sais-tu donc?"

 

Siao Hong s'aperçoit bien que le commandant a les nerfs tendus, et c'est à dessein qu'elle répond en trainant sa voix : "Je sais que vous cherchez à rejoindre votre troupe".

 

Le commandant ennemi confirme : "Oui, oui, nous cherchons notre unité. sais-tu où elle est?" Siao Hong comprend bien qu'il essaie de se renseigner sur le lieu de sattionnement des troupes de l'Armée de Libération. Elle imite le ton de son interlocuteur et réplique : "Secret militaire, je ne peux rien vous dire".

 

Le commandant, furieux de voir qu'il n'en tirera rien, se dit : "Ces enfants du continent sont vraiment terribles, filons vite, il est dangereux de trainer ici". "Nous avons notre mission à accomplir, dit-il à la fillette, nous ne pouvons rester plus longtemps ici, au revoir, mes amis." Les trois amis se mettent en route sans perdre une minute.

 

Lorsqu'ils se sont éloignés, Siao Long chuchote à sa soeur : "Ces trois individus ne m'ont pas du tout l'air d'être des combattants de notre Armée de Libération." Sa soeur, hochant la tête, répond : "Non, certes non. Allons voir si nous avons raison".

 

Les trois bandits pendant ce temps s'éloignent précipitamment. Siao Hong les interpelle et crie aussi fort qu'elle peut : "Eh! l'Armée de Libération..." Les trois bandits croient que l'Armée de Libération arrive! Dans leur affolement, l'un cherche à se cacher, l'autre sort son revolver...

 

La réaction des bandits terrifiés confirme bien les soupçons de Siao Hong. Elle dit à son frère : "Ces trois types ne sont pas de braves gens! Je vais les filer et toi, va vite faire un rapport au chef de peloton Tchang".

 

Siao Long court vers son village.

 

A mi-chemin, il rencontre Tchang et grand-père Wang, suivis de soldats et de miliciens. Il leur fait un rapport détaillé. Le petit groupe se lance aussitôt à la poursuite des trois bandits.

 

Les fuyards s'engagent sur un sentier escarpé. Arrivés au sommet de la montagne, le Nabot, désignant la vallée du doigt, dit à son commandant : "Ce cours d'eau, là en bas, le sentier qui le longe nous conduira à la mer. Allons-y!"

 

Mais Siao Hong est à leurs trousses! L'apercevant, les trois agents se ruent vers la vallée. Dans sa hâte, le Nabot fait un faux pas et... dégringole! La musette lui échappe.

 

Il la ramasse et rattrape les deux autres en boitant

 

Le commandant examine la musette et tout en ricanant ordonne : "Laissons-là ici en guise de repère pour induire nos poursuivants en erreur".

 

Arrivée à la bifurcation, Siao Hong ne voit plus les trois bandits, mais trouve sur la route une musette qu'elle ramasse et examine.

 

"Ah, c'est celle des fuyards! mais pourquoi l'ont-ils jetée ici?" Elle réfléchit, analyse rapidement la situation et se doute d'une tactique des bandits. Elle se met donc à la recherche d'autres traces trahissant le passage des fuyards.

 

En effet, sur l'autre rive du ruisseau elle distingue nettement les empreintes laissées par les ennemis. Décidée à les suivre, elle enjambe le cours d'eau.

 

Mais bientôt, elle s'arrête : "Que feront camarade Tchang et sa troupe s'ils perdent la trace de l'ennemi?"

 

A force de réfléchir, il lui vient une idée. Elle dénoue un foulard rouge et l'attache à une branche d'arbre indiquant ainsi la direction à suivre.

 

Le foulard rouge flotte au gré du vent. Elle dépose encore la musette à côté des traces de pas laissées par les bandits. Sûre d'elle, elle continue la poursuite.

 

Tchang conduit sa troupe rapidement à la bifurcation. Apercevant le foulard rouge attaché à l'arbre, sur la rive opposée, il ordonne à sa troupe d'y aller et de fouiller les alentours.

 

Siao Long détache le foulard de l'arbre. Il le reconnaît et le tend à Tchang en disant : "C'est celui de ma soeur". Grand-père Wang annonce de son côté qu'ils ont découvert une musette et des empreintes sur la rive d'en face.

 

Tchang réfléchit et dit à ses camarades : "Comme nous pouvons en juger, nos ennemis ont donc traversé le ruisseau et se sont probablement enfuis du côté de la Corne de Chèvre".

 

"Il faut vite rattraper ces bandits et rejoindre notre Siao Hong. Traversons le ruisseau et allons-y! Nous les prendrons au piège, comme des tortues dans une jarre!"

 

Revenons à Siao Hong. Entre-temps, elle a atteint une vallée encaissée et aperçoit les bandits qui fuient en direction de la Corne de Chèvre. "Ah ca va mail! pense t-elle. Ces sales bandits pourraient bien prendre la fuite par la mer à la Baie du dragon en passant par la Corne de Chèvre". Mais comment franchir cette vallée?

 

Résolue de devancer l'ennemi coûte que coûte pour l'empêcher de s'enfuir par la Corne de Chèvre, elle prend un raccourci. C'est un sentier raide et de plus en plus dangereux au fur et à mesure qu'il s'élève. Mais la fillette est courageuse, elle grimpe toujours, au mépris du danger et des difficultés.

 

Enfin elle arrive au sommet d'une falaise et parvient à la Corne de Chèvre, occupant ainsi une position stratégiquement très favorable.

 

A ce moment précis, les trois bandits débouchent à leur tour devant la Corne de Chèvre. Le Nabot grimpe sur un monticule et fou de joie, il s'écrie : "Ah,... voilà la mer..."

 

Le commandant approche et lui aussi distingue clairement la mer au loin. Ne pouvant contenir sa joie, il rit et s'écrie : "Aux audacieux, rien d'impossible!" Sans perdre une seconde, les trois agents secrets se remettent en route.

 

Ils allaient traverser la vallée lorsqu'une grêle de pierres leur fait lever la tête. C'est Siao Hong qui les bombarde du haut de la falaise. Ils éssaient de s'échapper en se couvrant la tête de leurs mains.

 

Mais la voix de Siao Hong les poursuit : "Vous ne passerez pas!" leur crie t-elle. Et le commandant de lui répondre sur un ton de bonhomie feinte : "Eh, petite amie! Tu fais erreur, nous sommes bien de l'Armée de Libération".

 

Voyant que les bandits continuent de se faire passer pour les combattants de l'Armée de Libération, la fillette ne se contient plus et hurle : "Assez de mensonges! Vous êtes bel et bien des agents secrets ennemis. déposez vos armes et rendez-vous au peuple!"

 

Le faux commandant et ses acolytes comprennent que leur stratagème est percé à jour. En désespoir de cause, le Barbu sort son revolver et vise Siao Hong. Masi le commandant l'arrête : "Surtout ne tire pas! Tu attirerais l'armée communiste". Qu'ille aille plutôt la poignarder!

 

Le Barbu, le poignard à la main, commence l'escalade de la colline. La fillette entasse pierre sur pierre pour acceuillir dignement l'agresseur.

 

Sans plus attendre, elle la bombarde avec toute la force dont elle est capable.

 

Et, le Barbu qui essaye d'éviter les pierres, fait un faux pas, glisse et dévale la pente sur le dos.

 

Voyant l'échec du Barbu, le commandant ennemi hurle de rage et ordonne : "Espèce d'imbécile, remonte vite!" Celui-ci se relève péniblement et reprend son escalade.

 

Siao Hong qui ne relâche pas la lutte commence à trouver que Tchang et ses hommes mettent bien du temps! Mais déjà, elle aperçoit une troupe qui avance rapidement dans sa direction. C'est bien Tchang et son groupe. Elle prend alors sa conque et pousee des "hou... hou..." retentissants pour les avertir.

 

Tchang l'entend. "Avançons plus vite, camarades! C'est Siao Hong!" La troupe, Tchang en tête, se dirige tout droit vers la Corne de Chèvre.

 

L'écho de la conque fait vibrer toute la vallée. Le commandant ennemi, affolé, ne sait plus où aller.

 

Comment faire pour sortir de là? Les deux complices essayent de fuire. Ils évitent de justesse un énorme bloc que Siao Hong a réussi à faire basculer.

 

Juste lorsqu'ils pensaient parvenir à s'échapper, une grêle de pierres s'abat à nouveau sur eux et les force à reculer.

 

Au même moment, la fillette se retourne ; elle avait négligé le troisième bandit. Le Barbu est là : telles une bête sauvage guettant sa proie, prêt à bondir, le poignard à la main.

 

Agile, elle saute de côté, saisit une pierre... Le bandit l'évite de justesse.

 

Il avance, menaçant. Siao Hong ne perd pas la tête, et continue à se dévoiler vaillamment.

 

La situation est de plus en plus critique. Heureusement, voilà Tchang et son peloton qui arrivent. Le Barbu lève son poignard... Tchang tire. Il était temps!

 

Pang! La balle atteint le poignard du Barbu qui, hurlant de douleur, laisse tomber son arme.

 

Siao Hong fait quelques pas en avant et le pousse de toutes ses forces. Le Barbu trébuche, perd pied et bascule en hurlant. Il est tué sur le coup et gît au fond de la vallée.

 

Le commandant ennemi, caché derrière un rocher, cherche encore à résister. Tchang ordonne à ses hommes de l'encercler.

 

Siao Hong ramasse une pierre et vise la main du commandant. Touché! Le revolver lui échappe.

 

Il tend la main pour le reprendre, mais déjà soldats et miliciens braquent leurs baïonnettes sur lui. "Haut les mains!" Il n'y a plus qu'à se rendre.

 

De leur côté, les petites sentinelles ne perdent pas leur temps. Elles ont encerclé le Nabot qui tremble comme une feuille et ne fait plus mine de résister.

 

Toute une troupe ennemie est anéantie! Militaires et civils fêtent cette éclatante victoire.

 

Siao Long accourt vers Siao Hong. Les deux enfants sautent de joie et manifestent avec de bruyants vivats.

 

Le chef de peloton Tchang agite le fameux foulard rouge, et le renoue au cou de Siao Hong en la félicitant : "Tu es une petite sentinelle à l'esprit vif, courageuse et tenace, vraiment digne du président Mao. C'est grâce à toi et à tes petits camarades que nous avons pu rattraper ces trois bandits. Ce sont des enfants comme vous qui nous aideront à vaincre!"