REPARATION DE LA VOUTE CELESTE

"LA REPARATION DE LA VOUTE CELESTE" conte de la mythologie chinoise

Trois versions de ce conte mythologique.


La première version mêle deux histoires : celle de Pangu : la création du monde, et celle de Nüwa qui répara la voûte céleste.


La seconde version collectée par l'auteure est intéressante pour la logique et probable explication de la formation de la terre et de sa réparation. On notera qu'elle explicite aussi certains points que l'on observe de nos jours : le coucher du soleil, le sens de l'écoulement de l'eau et les formes de la lune.


La troisième quant à elle -seule la partie concernant NÜwa a été retenue- est plus poétique, difficile à imaginer, plus philosophique mais son intérêt réside dans l'évolution de l'humanité et de son éloignement avec les dieux. Dans cette version enfin, NÜwa n'existe plus : elle est morte sur terre.

A - "LA REPARATION DE LA VOUTE CELESTE" / adapt. Feng Jiannan Ed. Du Dauphin, 1989

B - "LE GEANT PANGU ET LA CREATION DU MONDE" suivi de "NUOUA LA DEESSE MERE, REPARE LE CIEL" / rec. V De la Tour et X Zeng Ed. Le verger des hespérides, 2009

C - "REPARATION DE LA VOUTE CELESTE" / in "Contes anciens à notre manière" Lou Siun Ed. Gallimard, 1988

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Ces versions étant différentes, voici un résumé :

A -


Il y a très longtemps, la terre et le ciel formaient un oeuf dans lequel le géant Pangu dormait depuis dix-huit mille ans.
A son réveil, il brisa l'oeuf. Le blanc se transforma en ciel et le reste tomba en bouillie, formant la terre.
Il maintenait le ciel à bout de bras mais après dix-huit mille ans, il meurt d'épuisement.
Ses membres deviennent montagnes, ses veines des fleuves, ses yeux lune et soleil, ses cheveux et poils constituèrent la faune et la flore.
Un jour arriva une fée bienveillante nommée Nüwa qui apprécia ce monde. Mais il manquait un être humain à son image. Voyant son reflet dans l'eau, elle s'en inspire pour modeler une figurine en loess.
Celle-ci l'appela maman. Heureuse Nüwa continua à en fabriquer. Bien que travaillant beaucoup, elle ne pouvait confectionner assez de figurines.
Aidée d'une liane qu'elle trempa dans la boue, elle projeta de nombreux petits tas qui formèrent des figurines. Les êtres humains vécurent heureux.
Un jour, le tonnerre déchira le ciel et une crevasse s'ouvrit : un déluge s'abattit sur terre.
La cause était la guerre du ciel : Gong Gong dieu de l'eau et Zhu Rong dieu du feu. Gong Gong tomba du ciel poursuivit par son adversaire. Les eaux se déversèrent et l'effondrement du ciel créa des fissures d'où s'échappèrent des torrents.
Nüwa pleurait de voir ses humains se noyer. Pour les sauver, elle boucha la crevasse avec une roche ; mais l'eau était trop puissante. Elle réunit de belles pierres pour en faire une butte multicolore qu'elle disposa sur un bûcher de roseaux.
Neuf jours après, les pierres fondirent. La fée colmata la crevasse avec cette pâte multicolore durant sept jours.Le beau temps arriva et Nüwa était couverte de plaies et de brûlures. Mais les humains furent sauver. Pour rendre la vie des hommes plus gaie elle confectionna un instrument à vent : le sheng.
Lorsque les hommes voulurent la remercier, ils la virent monter sur un char attelé d'un dragon et s'envoler.
La légende dit qu'elle habite sur un nuage coloré.

 

B -

Lorsque Pangu se réveilla il brisa la coquille d'oeuf en s'étirant. Il trouvait qu'il faisait trop noir mais à force de bouger, le noir se dilua ; la partie légère, le yang, monta au ciel et la partie lourde, le yin, forma la terre.
Pangu souleva le ciel, trop bas. Il resta ainsi alors que le ciel s'élevait, se nourrissant de la brume mais ne pouvant dormir. Lorsqu'il estima le ciel assez haut il décida de s'allonger pour dormir. Ne pouvant se réveiller, il légua son corps à la création.
Ses membres et sa tête formèrent les cinq montagnes qui soutiennent le ciel : les cinq points cardinaux. Ses yeux le soleil et la lune (que l'on voit s'ouvrir ou se fermer). Ses sourcils et ses cheveux les étoiles ; son souffle le vent, sa voix le tonnerre. Sa chair le sol et ses dents les minerais précieux. Son sang les fleuves, sa sueur la pluie. Ses poils des herbe, fleurs et forêts. Quant à son âme, elle apporta les êtres vivants.
Un jour, deux Dieux se firent la guerre : Kon-Kon dieu de l'eau et Tchou-Ron, dieu du feu.
Kon-Kon, furieux de perdre se cogne la tête contre la montagne qui soutient le ciel. Elle s'écroula dans un cratère et la terre se fissura laissant l'eau provoquer des catastrophes. Nuoua la déesse mère protectrice des humains (tête humaine et corps de serpent). Elle répara en faisant brûler des pierres aux cinq couleurs durant neuf jours dans un bûcher de roseaux : elle colmata ensuite le cratère de la terre. Pour restaurer le sommet de la montagne, elle utilisa les cendres des roseaux et quatre pattes de tortue géante.
Depuis, le ciel a tendance à pencher vers le nord ouest, expliquant pourquoi le soleil se couche à l'ouest. La terre elle penche vers le sud est ; c'est pouquoi les fleuves de Chine se jettent dans la mer à l'est.

C -

Niu-Koua vit dans un monde paradisiaque mais elle s'ennuie ferme. Alors qu'elle est allongée près de la mer, elle confectionne machinalement des petits êtres avec le sol mouillé. Ceux-ci prennent vie. Elle décide d'en confectionner plein d'autres. Elle se sert d'une glycine qu'elle agite pour projeter de nombreux petits tas de boue qu' elle n'a pas le temps de façôner. Epuisée elle s'endort.
Un bruit énorme la réveille : l'écroulement du ciel et de la terre. Elle a juste le temps de tendre les bras pour soutenir le ciel et le maintient avec l'aide de la cime d'une montagne. La terre tremble et l'eau est agitée de toute part. Des montagnes sont transportées par la mer ; elle les prend et voit qu'elles abritent des humains qu'elle a créé. Ils la supplie de les aider. La terre se calme. Elle demande aux tortues de transpoter les montagnes en lieu sûr. Maladroitement elle bouscule une montagne et un humain en tombe mais elle n'a guère le temps de s'en occuper.
L'eau se retire, laissant aparaitre des êtres pour certains vivants. L'un d'eux l'interpelle et lui dit que Tchouan-hiu s'en est pris à son roi qui a heurté de sa tête la voûte céleste. Un autre affirme que K'ang houei a tenté d'usurper le trône céleste et a été exilé. En levant la tête, elle voit la fissure dans le ciel qu'elle tente de réparer en annoncelant des tas de roseaux qui arrivent à la voûte. Elle décide d'y ajouter des pierres bleues, couleur du ciel mais cela ne suffit pas ; elle en ajoute d'autres, de couleurs différentes qu'elle trouve non sans mal, sous les moqueries des humains.
Elle allume un feu. Elle comprend que le dialogue avec les humains n'est plus possible lorsque l'un d'eux vient lui dire qu'elle enfrunt la loi, que sa nudité est contraire aux moeurs.
Niu-Koua s'effondre de fatigue.Les hommes se réconcilièrent sur son corps.

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NÜWA (ou Niu-Koua, Nuoua) :

Dans la version A elle est heureuse mais s'ennuie ; elle crée des êtres à son image et les sauvera avant de partir. Dans la version B l'on sait juste qu'elle est venue sur terre pour réparer les dégâts et protéger les humains. Dans la version C elle crée les humains par hasard et s'en lasse ; elle ne se préoccupe pas vraiment d'eux. Ces derniers ont évolué et acceptent moins leur différence avec elle.

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EXPLICATION DU MONDE :

Dans la version A Nüwa n'a pas aidé les humains à créer leur monde mais le rend plus beau lorsqu'elle le répare. Dans la version B elle le répare en urgence laissant des traces encore visibles de nos jours. Dans la version C elle crée malgré elle les êtres humains qui se moqueront d'elle lorsqu'elle tente de réparer le monde avant de mourir.

dans les versions A et C enthousiaste ou par hasard, elle crée les humains, mais rien est dit à ce propos dans la version C

Les trois versions expliquent l'origine de notre monde mais seule la B donne des explications sur le monde tel qu'il est aujourd'hui.

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DIEUX ET HUMAINS :

Dans la version A et B chacun à sa place : Nüwa répare les dégâts causés par les dieux, les humains assistent impuissants au drame. Dans la version C les humains sollicitent la déesse pour les sauver avant de s'en prendre à elle.

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