REVEIL DE LA CHENILLE

"LE REVEIL DE LA CHENILLE" / KI Houa ; ill. de Houang Kiun, Tien Chen-houa. - Ed. en langues étrangères, 1959

 

 

Mademoiselle Printemps vient, avec sur sa tête une guirlande de fleurs, de petites fleurs rouges, jaunes et blanches. Sa robe est toute verte. - Qu'elle est belle! Avec ses ailes fines comme de la mousseline, elle plane au-dessus des champs, des villages, des jardins. Elle voltige ici et là, joyeusement, lorsqu'elle aperçoit, suspendu à une branche, un petit paquet brun qui se balance. Mademoiselle Printemps sait bien que la chenille y dort.

 

La chenille a dormi longtemps. L'automne dernier, elle a confectionné ce cocon et s'y est enfermée. Maintenant, le long et dur hiver est passé, mais la chenille n'est pas encore réveillée. Mademoiselle Printemps regarde le cocon et songe : "La chenille va bientôt se réveiller. Bon! Je vais changer le monde de sorte qu'elle sera surprise par sa beauté!" Mademoiselle Printemps s'adresse alors aux petites herbes : "Je veux rendre le monde plus charmant, pour que la chenille le trouve ravissant. Petites herbes, petites herbes, voulez-vous m'aider?" En entendant ces mots, les petites herbes sortent leur tête du sol humide. La terre devient toute verte et ne se rend nullement compte de ce qui se passe. Mademoiselle Printemps s'en va vers la rivière et lui dit : "Je veux rendre le monde plus charmant, pour que la chenille le trouve ravissant. Petite rivière, petite rivière, voulez-vous m'aider?" La rivière fait un sourire et la glace fond. Légèrement, elle chante et court entre ses rives.

 

 

Mais la chenille dort encore et ne se rend nul compte de ce qui se passe. Mademoiselle Printemps s'adresse alors aux arbres et aux fleurs : "Je veux rendre le monde plus charmant, pour que la chenille le trouve ravissant. Arbres et fleurs, arbres et fleurs, voulez-vous m'aider?"

 

Les arbres et les fleurs hochent la tête. Immédiatement, des rejetons jaillissent des branches tandis que des bourgeons, sortent des fleurs. Voilà les arbres enveloppés de verdure ; des fleurs de toutes les couleurs s'épanouissent. Le monde devient éblouissant de fraicheur. Mademoiselle Printemps secoue tendrement la branche et dit doucement au cocon suspendu :

"Les herbes poussent, les fleurs s'épanouissent, les chants de la rivière bruissent. Réveille-toi, chenille, réveille-toi!" Mais surprise! Le cocon est vide : un petit trou s'y trouve et la chenille a disparu. Où est-elle donc? Un papillon voltige sur les fleurs, beau papillon aux ailes parsemées de points rouges, jaunes, bleus, blancs, brillant au soleil comme des perles ; il folâtre tantôt vers l'ouest, tantôt vers l'est et est ravi par ce monde si beau! Les herbes, la rivière, les arbres et les fleurs sont tous émerveillés par la splendeur du papillon. Ils s'accordent pour demander : "Ah!.. Qui est-il ce beau papillon?"

 

Mademoiselle Printemps leur apprend alors : "Comment, vous ne le reconnaissez pas? C'est la chenille métamorphosée après avoir dormi dans le cocon tout l'hiver, suspendu à la branche de cet arbre."

 

 

Il y a trois papillons qui vivent dans le jardin. L'un est rouge, l'un est jaune, l'autre est blanc. Tous les jours ils s'ébattent ensemble, tantôt dansent, tantôt se promènent, et se trouvent très heureux. Un beau jour, ils jouent à cache-cache dans les parterres, lorsqu'une pluie torrentielle les surprend. Ils ont recours à la fleur rouge et la supplient : "Soeur fleur rouge, soeur fleur rouge, la pluie a mouillé nos ailes, si bien que nous avons très froid. Voulez-vous nous donner refuge sous vos pétales, jusqu'à ce que le ciel retrouve son calme?" La fleur rouge répond : "Papillon rouge est de même couleur que moi. Entre donc! Papillon jaune et blanc, partez ailleurs!"

 

Les trois papillons déclarent en même temps : "Nous trois sommes amis intimes ; nous ne nous séparons jamais : nous venons ensemble, nous partons ensemble." La pluie serrée devient plus forte. Les trois papillons volent vers la fleur jaune et la suplient : "Soeur fleur jaune, soeur fleur jaune, la pluie a mouillé nos ailes, si bien que nous avons très froid. Voulez-vous nous donner refuge sous vos corolles, jusqu'à ce que le ciel retrouve son calme?"

 

La fleur jaune répond : "Papillon jaune est de même couleur que moi, entre donc! Papillon rouge et papillon blanc, partez ailleurs!" Les trois papillons déclarent en même temps : "Nous sommes trois amis intimes ; nous ne nous sépareront jamais! Nous venons ensemble, nous partons ensemble." Les trois papillons partent vers la fleur blanche et la suplient : "Soeur fleur blanche, soeur fleur blanche, la pluie a mouillé nos ailes, si bien que nous avons froid.

 

Voulez-vous nous donner refuge près de vous, jusqu'à ce que le ciel retrouve son calme?" La fleur blanche répond : "Papillon blanc est de même couleur que moi, entre donc! Papillon rouge et papillon jaune partez ailleurs!" Les trois papillons déclarent à la fois : "Nous trois sommes amis intimes, nous ne nous séparerons jamais. Nous venons ensemble, nous partons ensemble."

 

Les trois papillons voltigent sous la pluie. Ils ne parviennent pas à trouver un refuge. Ils sont inquiets ; cependant aucun ne veut quitter ses amis. A cet instant le grand-père soleil voit à travers les nuages la triste situation dans laquelle ils se trouvent. Il chasse les nuages noirs et ordonne à la pluie de cesser. Grand-père soleil darde ses rayons généreux et les ailes des papillons sèchent ; ils retrouvent leur gaité, reprennent leurs ébats et dansent joyeusement sous le ciel bleu.