COQ CHANTE A MINUIT

"LE COQ CHANTE A MINUIT" /adapt. studio cinématographique de Changhaï Ed. en langues étrangères, 1973

1 Pendant la guerre de résistance contre le Japon, le Nord-Est de la Chine est envahi par les impérialistes japonais. Des millions de travailleurs, sous l'oppression cruelle de l'ennemi japonais, des traitres et des propriétaires fonciers du pays, sont obligés d'abandonner leur foyer pour aller mendier ailleurs.

2 Lieou Ta-Hong, membre du parti communiste clandestin, était ouvrier dans une fabrique de porcelaine. Après l'arrivée des japonais, l'organisation du Parti, décida de l'envoyer dans son village natal, Wangkiatien, où il travaille maintenant comme journalier agricole chez le propriétaire foncier Tcheou Tchouen-Fou.

3 Tcho Tchouen-Fou est d'une avarice sordide, d'où son surnom de Tcheou l'Ecorcheur. Soutenu par les forces réactionnaires, il est libre d'exploiter cruellement les paysans.

4 Ses journaliers agricoles peinent d'un bout de l'année à l'autre, mais en automne, la récolte une fois rentrée, il trouve toujours quelque prétexte pour refuser de payer les salaires qui leur sont dus. C'est un dévoreur d'hommes d'une férocité sans pareille.

5 Siao Pao est un fils de paysan pauvre. Son père est mort sous le bâton pour n'avoir pu payer sa dette au propriétaire foncier. Siao Pao, qui n'a que 13ans, a été enmené de force chez le propriétaire qui le fait trimer lui aussi comme journalier.

6 Chez le propriétaire, Lieou Ta-Hong raconte souvent des anecdotes révolutionnaires à Siao Pao et aux autres journaliers agricoles. Malgré son jeune âge, Siao Pao a compris que le président Mao et le Parti communiste sont les libérateurs des pauvres, tandis que les envahisseurs japonais et les propriétaires fonciers sont leurs ennemis jurés.

7 U jour, Tcheou l'Ecorcheur ordonne à Siao Pao de porter un sac de maïs au grenier. Le sac est beaucoup plus lourd que l'enfant. Le dos courbé sous ce fardeau, Siao Pao avance en chancelant.

8 A peine fait-il quelques pas qu'il tombe, tandis que les grains se répandent par terre. Tcheou l'Ecorcheur lève sa canne et veut le frapper. L'enfant saisit l'autre bout de la canne.

9 Tcheou l'Ecorcheur tire avec force sur sa canne. Siao Pao en fait autant, ouis, brusquement, la lâche, et le vieux propriétaire tombe les quatre fers en l'air.

10 Siao Pao e est très content, mais, comme il sait que Tcheou l'Ecorcheur ne lui pardonnera pas, il va chercher l'oncle Lieou. Ce dernier et les autres journaliers viennent justement vers lui, Lieou l'encourage : "Nous te protègerons, n'aie pas peur!"

 11 Voyant que les journaliers sont du côté de Siao Pao, Tcheou l'Ecorcheur baise sa canne et s'en va sans oser proférer un mot.

12 Emportés pa la colère, ils disent d'une même voix : "Nous vous règlerons nos comptes, ce jour viendra".

13 Après la moisson d'automne, Lieou Ta-Hong est invité à aller trouver, à Makiatouen, un agent de liaison su Parti pour les guerilleros, le forgeron Li, en vu d'une mission importante. Lieou profitant de ce que Tcheou l'Ecorcheur l'evoie apporter des cadeaux à son cousin, un traitre au service des japonais, prend contact avec le forgeron.

14 Li le forgeron lui dit : "Les partisans du mont Siangyang ont pris le ravin du dragon blanc, l'organisation du Parti décide de créer un autre détachement de partisans avant le nouvel an. Elle demande aux camarades de tous les villages de passer à l'action le plus tôt possible".

15 depuis quelques jours, Tcheou l'Ecorcheur tourne et retourne les pages de son livre de comptes et fait claquer bruyamment son abaque. Il se dit : "Voilà la moisson finie, c'est le moment de payer les salaires." Il clignote [sic] des yeux, se creuse la cervelle. Enfin une idée infernale lui vient à l'esprit.

16 L'Ecorcheur en fait part à sa femme : "Demain je les ferai aller aux champs dès le premier chant du coq, qui sera en retard n'aura pas droit à son salaire annuel!" Tous les deux chuchotent encore un moment avec un sourire sournois.

17 Chose étrange, ce soir-là, le gros coq du proriétaire se mit à chanter minuit à peine sonné que les journaliers dormaient à poings fermés.

18 L'écorcheur prend sa canne, et se précipite vers la chaumière, il crie du dehors : ""Levez-vous, le coq a chanté, allez vite aux champs!"

19 Rompus de fatigue après leur journée, les dormeurs sont réveillés par les éclats de voix du propriétaire. Lao Ma, furieux, s'écrie : "Maudit coq! Comment ca se fait, A peine suis-je endormi qu'il se met déjà à chanter!"

20 Siao Pao, épusié par le travail, a la fièvre depuis quelques jours, ses compagnons s'abstiennent de le réveiller, le laissant dormir un peu plus. Lieou Ta-Hong sort le dernier, et ferme la porte derrière lui en vue de ne pas éveiller les soupçons du propriétaire.

21 Mais Tcheou est plus rusé que le renard. Il compte un a un ses journaliers à la porte et s'aperçoit qu'ils ne sont pas au complet. Il se précipite dans la chambre et inspecte tous les coins ; il donne de grands coups dans la paille avec sa canne et la retourne. Non, il y a personne.

22 Ah! voici Siao Pao qui dort sur un tas de sorgho. D'un coup l'Ecorcheur enlève le sac de lin qui recouvre l'adolescent, et brandit sa canne pour le frapper. Le garçon se lève d'un bond, L'Ecorcheur, pris de peur, recule de quelques pas.

23 Tcheou l'Ecorcheur l'agonit d'injures. Voyant que tout le monde est parti, Siao Pao lui lance un regard furieux et s'en va retrouver l'oncle Lieou et les autres.

24 Les journaliers, au sortir de la maison, remarquent que le ciel est encore parsemé d'étoiles et que le Lune brille au-dessus de leur tête. Intrigués et furieux à la fois, ils s'indignent : "Nous faire travailler à une heure pareille! L'Ecorcheur veut nous tuer à la tâche." "Ne travaillons pas dit Lieou Ta-Hong, reposons-nous!"

25 Lieou Ta-Hong met cette pause à profit pour raconter encore à ses camarades des histoires révolutionnaires. Il ajoute : "Toutes nos misères sont dûes à l'oppression que font peser sur nous les trois montagnes -l'impérialisme, le féodalisme et le capitalisme bureaucratique; Le Président Mao nous conduit à faire la révolution pour les renverser." Ces grandes vérités éclairent les auditeurs.

26 Lieou Ta-Hong a fini de raconter plusieurs histoires quand le jour commence à se lever. Les coqs du village se mettent à chanter. Siao Pao dit : "Les coqs du village chantent à la pointe du jour, pourquoi celui de Tcheou lance t-il ses cocoricos au milieu de la nuit?"

27 Lieou Ta-Hong dit : "L'Ecorcheur est un malin, il a plus d'u tour dans son sac ; j'ai entendu dire que tous les ans, après la moisson d'automne, il usait de mille détours pour retenir le salaire de ses journaliers. Cette fois-ci nous devons trouver un moyen de parer le coup."

28 Siao Pao ne dit rien, mais il réléchit : "L'Ecorcheur cherche à nous faire mourir de fatigue ; ce soir, j'irai tuer ce maudit coq, je veux voir ce qu'il fera alors pour nous tromper."

29 Au plus profond de la nuit suivante, tandis que les ouvriers dormaient sur leurs deux oreilles, iao Pao se dresse sur son séant et prend une corde pour attacher le coq.

30 La Lune s'était cachée derrière un nuage, il faisait un noir d'encre dans la cour. Siao Pao s'avance vers le poulailler d'un pas décidé.

31 Arrivé au poulailler, il ouvre doucement le portillon. Il avance déjà la main pour attraper le coq quand un bruit le fait tressaillir.

32 Siao Pao a vite fait de se cacher derrière l'étable, il prend un petit bâton à portée de sa main pour se défendre ; le regard fixe, il scrute l'obscurité en direction du bruit.

33 Une silhouette surgit, qui se dirige à tâtons vers le poulailler un bâton à la main. Siao Pao murmure dans sa cachette : "Serait-ce donc un voleur de poules? Très bien, cela m'épargnerait la besogne."

34 Mais l'homme n'ouvre pas le portillon. Il s'accroupit devant le poulailler et, les mains en porte-voix, il lance un vibrant co-co-ri-co.

35 Quand le coq en réponse a lancé un chapelet de cocoricos, l'homme va au pied du mur, secoue la poussière de sa veste, et fouille dans sa poche.

36 Un craquement, l'homme a frotté une allumette, maintenant il allume sa pipe. A la lueur de la flamme, Siao Pao reconnait Tcheou l'Ecorcheur.

37 De retour auprès de ses compagnons, Siao Pao leur raconte la supercherie de Tcheou l'Ecorcheur. Suffoqués d'indignation, ils s'écrient : "L'Ecorcheur imite le chant du coq pour nous tuer à petit feu!"

38 Lao Ma, incapable de supporter plus longtemps d'être traité de la sorte par le propriétaire, se lève en jetant sa bêche : "j'en ai assé, je m'en vais", et il s'élance vers la porte.

39 Lieou Ta-Hong le retient : "Où vas-tu? Les agresseurs japonais, les traitres chinois et les propriétaires fonciers font la loi partout, les corbeaux dans ce monde sont tous noirs ; comment feras-tu pour vivre à la rentrée?"

40 "Je voudrais bien tuer tous ces chacals", déclare Lao Ma en grinçant des dents. Siao Pao prend aussitôt sa bêche et dit : "Allons nous battre contre eux, même s'il faut risquer notre peau."

41 "Oui, tu as raison, nous devons les abattre tous, nous n'accepterons pas qu'ils continuent à nous opprimer, nous devons nous unir et nous battre jusqu'au bout." Les paroles de Lieou Ta-Hong galvanisent ses camarades. Siao Pao lui demande : "Oncle Lieou, dis, comment allons-nous nous y prendre?"

42 "Allons rejoindre la guérilla, dit Lieou Ta-Hong d'un ton résolu, c'est une armée dirigée par le président Mao et le Parti communiste chinois. C'est avec le fusil que nous pourrons renverser l'impérialisme, les traitres chinois et les propriétaires fonciers et que nous, les pauvres, pourrons nous émanciper!"

43 Stimulés par les propos de Lieou Ta-Hong, les journaliers décident de prendre la voie de la lutte armée.

44 Lieou Ta-Hong demande à Lao-Ma de s'asseoir à ses côtés et tous les autres font cercle autour d'eux, Lieou Ta-Hong continue : "Avant-hier, j'étais en ville, et j'ai entendu dire que les partisans au ravin du Dragon Blanc avaient chassé les agresseurs japonais ; Là-bas les traitres chinois et les propriétaires fonciers sont renversés, les pauvres s'en réjouissent.

45 Les journaliers agricoles, sans attendre que Lieou Ta-Hong en ai dit plus long, s'écrient : "Bravo, nous allons chercher la guérilla au ravin du Dragon Blanc." Et ils discutent aussitôt de ce projet

46 Finalement Siao Pao propose : "Nous ne pouvons pas nous en aller comme ça. Avant de partir nous devons donner une bonne leçon à ce vampire de Tcheou l'Ecorcheur." Puis il parle à voix basse du dessein qu'il a en tête.

47 Ils éclatent de rire en l'écoutant, et lui donnent leur accord. Lieo Ta-Hong et ses compagnons contribuent à mettre au point son plan.

48 Le lendemain, à peine la pendule vient-elle de sonner minuit, que l'Ecorcheur pour déclencher les cocoricos se dirige vers le poulailler d'un pas furtif.

49 Il approche doucement du poulailler. Dès qu'il ouvre la bouche pour pousser le cocorico, il entend des cris tonner dans la cour : "Au voleur! attrapons le voleur de poules!"

50 Pris de panique, l'Ecorcheur se retourne et s'apprête à s'enfuir ; Lieou Ta-Hong sort de derrière le tas de foin et le renverse d'un coup de pied; Il crie à pleins poumons : "Donnons une bonne rossée à ce voleur de poules."

51 Les autres journaliers, qui se tenaient tout prêts avec leur bâton, courent rejoindre leur camarade, coupant toute retraite à l'Ecorcheur : ils le frappent à coups redoublés.

52 L'Ecorcheur, à plat ventre par terre, crie à tue-tête : "Arrêtez! c'est moi! c'est moi!" Siao Pao réplique : "Oui c'est toi le sale voleur que nous voulons corriger!"

53 L'Ecorcheur, protégeant sa tête des deux mains hurle : "Ne frappez pas! je suis votre maitre!" Lao Ma bandit le bâton en répliquant : "Tu oses prétendre que tu es notre maitre, hé bien, nous allons frapper encore plus fort!"

54 "Je suis le seigneur Tchéou." Lieou Ta-Hong pose un pied sur le dos de Tchéou et ricane : "Appelle donc le seigneur Tchéou au secours, vas-y, ce n'est pas pour nous faire peur; Cela te vaudra quelques coups de plus!"

55 Poussés par la souffrance et le ressentiment accumulés dans leur coeur, les journaliers agricoles éprouvent une haine implacable à l'égard de leur maitre. Ils le battent de plus en plus fort, et le vieux propriétaire se débat désespérément par terre.

56Siao Pao, se rappelant la triste mort de son père, tremble de colère. Il prend une cuvette de terre ébréchée et la jette sur le cruel propriétaire.

57 Le récipient tombe sur le dos de Tchéou, la peur le saisit, il enfonce la porte du polailler et y passe la tête. des coups de bâton pleuvent sur les reins du patron cupide.

58 Le coq, réveillé en sursaut, bat des ailes, effrayé, et becquette le crâne de l'affreux exploiteur.

59 La femme de l'Ecorcheur, réveillée par le tapage, accourt tout alarmée en criant : "Ne le battez pas, c'est votre vieux maitre."

60 Elle extrait son mari de la cabane et est saisie d'effroie en voyant dans quel état lamentable il se trouve : le nez est couvert de bleus, les yeux enflés, le visage plein de fumier, il ne peut que pousser de pitoyables gémissements.

61 Tout joyeux, Siao Pao dit aux autres : "Ce soir, nous avons passé une bonne partie de nuit à faire du tapage, pourquoi donc le coq ne chante t-il pas?" Tout le mone se met à rire.

62 Tchéou l'Ecorcheur ne peut plus bouger, il reste par terre presque paralysé. Sa femme l'aide à se relever et, le soutenant par le bras, le ramène dans la chambre.

63Tous les jounaliers sont très contents d'avoir battu à leur gré Tchéo l'Ecorcheur. Lieou Ta-Hong leur dit : "Aujourd'hui c'est seulement le commencement de notre lutte, une tâche difficile nous attend encore. maintenant, c'est le moment de nous en aller!"

64 Là où il y a oppression, il ya résistance. les jounaliers agricoles brisent les obstacles de la réaction et prennent la voie de la révolution. Ils rejoignent les partisans sur le mont Siangyang.

65 Face au soleil levant, ils montent jusqu'au sommet de la montagne. Regardant de loin leur pays natal, Lieou Ta-Hong dit : "Mes pauvres compatriotes, nous reviendrons victorieux."

66 L'année suivante sous la direction du Président Mao et du Parti communiste, la Chine a vaincu l'enemi japonais, Wangkiatien est libéré. Liéou Ta-Hong et Siao Pao rentrent dans leur pays natal, ils déclenchent une lutte contre le propriétaire foncier Tcheou l'Ecorcheur.

67 Ils savent très bien qu'il leur faut absolument renverser les trois montagnes -l'impérialisme, le féodalisme et le capitalisme bureaucratique- qui pèsent sur le dos du peuple chinois pour obtenir l'émancipation complète. Ils s'enrôlent dans l'Armée de Libération et avancent dans la voie triomphale pour la libération totale du pays.

68 Eduqué par la pensée-maotsétoung, Siao Pao grandit et devient un combattant de l'A.P.L., fidèle au président Mao, et il se distingue par sa bravoure dans la Guerre de Libération.

FIN