AYMON Gaël

à l'occasion de la sortie de son dernier roman "GOLDEN VALLEY" Ed. Gallimard (scripto), rencontre avec l'auteur qui nous enmène en Birmanie, pays rarement évoqué dans la littérature pour la jeunesse.

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1 – Vous avez exercé différents métiers, liés à l'enfance : qu'est-ce qui vous retient dans cet univers, qu'est-ce qui pourrait vous faire écrire pour les adultes ?

C’est une chose que je ne m’explique pas tout à fait et que je ne souhaite pas réellement m’expliquer. Ce ne sont pas les sujets que j’aborde, mais plutôt la façon de les aborder, une tournure d’esprit. Ce que je sais, c’est qu’au bout d’une route effectivement riche en expériences diverses, juste avant de me retrouver « auteur jeunesse », en regardant le chemin derrière moi, j’ai constaté cela : la permanence de l’enfance et de la jeunesse dans toutes ces expériences, et cela m’a confirmé la direction que je souhaitais donner à la suite de ma vie.

Je ne sais pas ce qui pourrait un jour me faire écrire pour les adultes, de même qu’il y a sept ans, je n’aurais jamais songé écrire. Je n’y pense pas. On verra bien.

2 – Vous écrivez des textes très différents ; comment commencez-vous un nouveau roman, décidez-vous du genre ?

Il n’y a pas de règle. L’envie, le désir, la nécessité de faire vivre tel ou tel projet avant tous ceux qui patientent dans mon cerveau depuis parfois longtemps. Souvent c’est un personnage, une ambiance et un genre qui s’imposent d’abord. Une tranche d’âge aussi. Après plusieurs romans ados plutôt sombres, j’ai eu besoin de revenir aux plus jeunes, et au rire, pour changer d’air et de hauteur. Ça, c’est pour l’élan de départ. Le démarrage de l’écriture elle-même c’est autre chose. C’est difficile, inconfortable, lent, et cela me demande une grande discipline, un fort  investissement personnel. Le début, pour moi, c’est la pire étape de l’écriture.

3 – Comment est né « Golden Valley » ? Pourquoi la Birmanie ? Vous êtes-vous documenté sur ce pays ?

Je n’y suis jamais allé moi-même mais je connaissais ce pays. Je voulais un régime autoritaire dans un pays touristiquement attractif, et je voulais l’Asie. J’avais d’abord pensé à la Corée du Nord, mais ayant des attaches familiales en Birmanie par ma femme, il m’a semblé que je pourrais plus facilement obtenir des informations sur ce pays. Et puis je voulais de la sensualité. Ce que la Corée, peut-être à tort, ne m’inspirait pas vraiment.

 « Golden Valley » est pour le moment, avec mon diptyque « Les héros oubliés », le roman qui m’a demandé le plus de documentation. Cinq mois de rendez-vous, prospection, recherches, lectures, interviewes. Avec des contacts en France, aux Etats-Unis et en Birmanie qui ont été essentiels avant l’écriture.   

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4 – Maximilien est un ado que vous faites vivre au-delà du roman, via Facebook... quels sont vos points communs ?

J’ai voulu Max très éloigné de moi et, paradoxalement, je pense que c’est par lui que j’ai peut-être exprimé le plus intime de moi, sans toujours m’en apercevoir. Sa part d’ombre, sans aucun doute. Ce sentiment d’impuissance face au monde quand on a dix-sept ans. Et ce qu’il trouve dans la natation, oubli et libération. Mais comme c’est intime, et  inconscient, dresser une liste de nos points communs m’est délicat. Pour ce qui est de sa page Facebook, elle est le contraire de la mienne, sur laquelle vous ne trouverez jamais ni photos de vacances ni détails de ma vie privée.

5 – Plusieurs sujets sont abordés dans ce roman ; si vous pouviez en développer un en particulier ?

Tant de sujets m’importaient ! La sexualité vécue comme lieu d’épanouissement et de construction, loin des dictats du puritanisme le plus rétrograde et d’une pornographie omniprésente. La révolte qui ne s’exprime pas forcément par la force, le bruit et l’éclat… Mais, s’il faut choisir, ce serait probablement l’innocence - ou plutôt une désinvolture puérile vécue comme innocente - de tant de nos contemporains. Quand leur confort, leur mode de vie, ou simplement la réussite de leurs vacances, les poussent à s’accommoder avec beaucoup de légèreté des injustices, de la misère et d’horreurs dont ils deviennent les garants sans vouloir l’assumer.

Comme Dolly, nous dormons sur un confortable lit d’armes. Et ceux qui en sont révoltés ne savent souvent pas quoi faire de leur révolte.

6 – La Birmanie est presque inexistante dans la fiction pour la jeunesse ; vous rencontrez de nombreux enfants/ados, comment est-elle connue selon vous auprès de ce lectorat, comment l'abordez-vous via des échanges avec eux ?

Il est trop tôt pour que je puisse répondre à cette question. Le roman est paru il y a moins de quatre mois, je n’ai pas encore rencontré de lecteurs ou de classes ayant travaillé dessus. Les premiers retours qui m’ont été faits vont souvent dans le sens d’une découverte totale de ce pays, que personne n’est capable de situer sur la carte. La « communauté » Birmane est bien plus présente en Angleterre, du fait de l’histoire coloniale qui lie les deux pays. Les français connaissent mieux le Vietnam, par exemple. Ou en tous cas, en ont entendu parler. Mais je pense que les ados se focaliseront davantage sur le drame passionnel et sensuel, voire l’arrière-plan politique et les questions de responsabilité, avant d’aller, peut-être, découvrir ce pays via la page Facebook de Maximilien Farnier.  

7 – Est-il possible de retrouver Maximilien, ou un autre héros, en Birmanie dans un prochain roman ?

Je ne m’interdis rien, surtout pas de me contredire. Mais pour le moment ce n’est pas du tout prévu.

8 – Aimeriez-vous écrire, pour l'adaptation d'un de vos romans par exemple, pour le cinéma ou la TV ?

Je ne ferai pas cette démarche moi-même car j’ai bien assez à faire avec les histoires que je n’ai pas encore racontées. Si on me le propose, pourquoi pas ?

9 – Pouvez-vous nous parler de vos projets ?

Je termine en ce moment plusieurs tomes d’une série pour les 8-10 ans, dont les deux premiers paraîtront à l’automne. C’est une série tendre et drôle qui tente de cerner les émotions de cet âge si particulier, à cheval entre rêve et monde réel, petite enfance et préadolescence.

Pour ce qui est des romans ados et jeunes adultes, c’est un peu tôt pour en parler. Disons qu’il y a des choses sur le feu, qu’il me tarde de m’y atteler, et que ce sera, encore une fois, dans des genres très différents. Vive le changement !

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