ACHARD, Marion

M achard

Marion Achard a été élève de l'Ecole nationale du cirque Annie Fratellini puis du Centre National des Arts du Cirque pour une formation en « magie nouvelle ». Depuis 1999, elle crée et joue ses spectacles avec la compagnie Tour de Cirque et se produit dans les théâtres en France et à l'étranger lors de tournées qui durent parfois plusieurs mois (Afrique de l’ouest, Amérique…) emmenant avec son compagnon de scène, leurs trois enfants. Certains de ces ouvrages s'inspirent de ces expériences. (Wikipedia)

Sa carrière, ses livres (cliquez ici)

Tumee

A propos de son roman "Tumée, l'enfant élastique" éd. Actes sud, 2020

Nous avons une vision asez caricaturale de la Mongolie à travers les livres pour la jeunesse depuis une cinquantaine d'années : yourtes, élevages, chevaux, fête nationale et la lutte. Marion Achard nous offre une belle rencontre avec les enfants de la ville et un art très connu, celui de la contorsion.

1 - Comment est né ce roman?

Ce roman est né dans ma tête en 2000 lors d'un voyage dans une école de cirque au Vietnam, où j'ai découvert la performance physique des contorsionnistes asiatiques. L'idée a muri durent de nombreuses années. J'ai demandé en 2018 une bourse Stendhal pour me rendre en Mongolie (berceau de la contorsion) où je me suis partie l'été 2019. J'y ai mené des interviews et recueilli des témoignages. J'ai rencontré des enfants, des professionnelles de retour pour les vacances, la détentrice du record du monde, de passage pour les vacances également. J'ai beaucoup discuté avec les formatrices, toutes d'anciennes contorsionnistes. A partir de toute cette matière, il était facile de dérouler mon histoire.

2 - Vous voyagez, échangez avec différentes cultures : votre vision de la Mongolie était-elle différente du pays que vous avez visité?

J'avais une image assez négative de la capitale, Oulan Bator qu'on qualifie, de polluée, froide et moche. Et j'avais une vision assez romantique des steppes. Finalement, mon coup de cœur a été pour la grande ville, grâce aux rencontres que j'ai faites et aux échanges dans les écoles de cirque. Mon passage dans les steppes a été plus "touristique".

Ce qui fait un voyage, pour moi, ce sont les rencontres. Et l'intensité de ce qui est partagé. Faisant moi-même du cirque, il était normal que les écoles de cirque soient ma destination phare. Les débuts étaient très timides, puis au fil des jours, de plus en plus complices.

3 - Les contorsions sont une des images que l'on a des arts Mongols : quelle place occupe t-elle dans leur quotidien? Cette école décrite dans votre roman est-elle une réelle chance pour les jeunes filles?

J'ai tendance à dire qu'il y a des écoles de contorsion en Mongolie comme des clubs de foot en France. Il n'est pas du tout étrange que les enfants pratiquent. J'ai trouvé le même type de pression ou de passion qu'on peut voir chez les petits rats de l'opéra de Paris par exemple.

Les enfants n'ont école que le matin ou l'après-midi. Les activités extra scolaires occupent donc une grande place. Les contorsionnistes pratiquent deux heures par jours, plus parfois le week end, plus parfois les vacances lors de stages.

Une bonne contorsionniste Mongole trouvera du travail à l'étranger dans un cirque, c'est une garantie de salaire bien plus importante qu'en Mongolie.

Chance ou pas, c'est à chacune de savoir ce qu'elle veut faire de sa vie.

4 - Avez-vous eu des retours de vos lecteurs? Des questions ou commentaires qui vous ont surprise?

Les enfants sont plutôt conquis par la volonté des fillettes.

Les jeunes lecteurs ont toujours des réactions assez vives quand je présente les images de contorsionnistes enfants. Certains ont même du mal à regarder l'image. D'autres sont comme moi : fascinés.

5 - Y a t-il d'autres sujets ou anecdotes que vous auriez aimé évoquer ou développer sur votre vécu en Mongolie?

J'aurai aimé parler des mines et des luttes sociales dans le sud de la Mongolie. Mais c'est justement parce que je n'ai pas pu y aller que je n'en aie pas plus parler.

6 - Pouvez-vous nous parler de vos projets?

Je travaille actuellement sur le scénario d'une bande dessinée qui se déroulera durant la seconde guerre mondiale.

Ainsi que sur un texte plutôt amusant, d'une jeune collégienne et de ses amis de classe. 

J'alterne souvent un sujet complexe et un plus léger.