Regard de Taïwan

REGARD DE TAIWAN

La littérature de jeunesse en provenance de Taïwan est peu connue et récente pour les jeunes lecteurs de France.
Il s'agit d'une perception bien singulière qui se caractérise par des auteurs taiwanais portant un regard sur leur propre pays. Ces quelques albums publiés en français traduisent non pas une identité nationale mais une quête identitaire.
A l'exemple de la Corée du sud, qui a grandit bien vite, c'est dans la ville tentaculaire, froide et impersonnelle, que nos héros solitaires se cherchent. Mais la comparaison s'arrête là. Les coréens partent à la recherche de leurs souvenis, de leurs racines dans la nature, la campagne. Nos jeunes héros taiwanais eux, cherchent leur avenir.

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Malgré cette modernité, la ville ne semble pas offrir d'issue. Le plus beau de tous les noëls nous invitent dans une famille pauvre qui se raccroche à quelques souvenirs, alors que la ville s'efface. Shau-yu joue dans les rues mais sa vision de la ville nous semble peu joyeuse : seule dans le gris et la solitude des rues.
C'est un regard sans concession, allant à l'essentiel. L'âme mise à nue. Le petit coq tout nu est moqué par ses congénères qui se parent d'artifices. Bili est un jeune crocodile qui veut changer sa nature et s'invente une identité hybride.

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Se construire, se chercher. Le bonheur n'est donc pas lié à la réussite sociale, à l'argent. Avec "Les ailes", nous découvrons un chef d'entreprise très riche, jalousé. Mais un jour des ailes lui poussent dans le dos. Il devient libre. Il s'envole, mais très vite, il est oublié. Pourtant, d'autres hommes finissent par s'envoler eux aussi, à qui l'ont souhaite d'avoir du courage.

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C'est donc de l'espoir, du rêve qu'il manque à nos héros : "Quelle tristesse une ville sans rêves!" ("la forêt des songes"). Cette ville froide et déserte, si bien filmée par Tsai Ming Liang, peine à se réchauffer par un manque cruel de communication. Dans "La lune perdue", les citadins regardent avec anxiété le ciel noir, espérant y voir la lune. Elle est perdue. Des camions distribuent des lunes souriantes dans les villes tristes plongées dans l'ombre...

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Nos héros cherchent leur avenir mais avec une identité forte. Le rocher bleu, unique a traversé le temps, a beaucoup voyagé. Mais ce n'est que dans sa forêt
initiale que son existence a un sens. Langlang part découvrir le monde, libre mais sans oublier son île. Papa ours quitte sa famille pour une grande ville occidentale ; mais ce n'est qu'une autre grande ville où il travaille dur dans l'attente de rentrer chez lui.
A la différence de nos héros chinois perçus, fantasmés par des occidentaux, ou des coréens nostalgiques d'une enfance perdue, ces histoires taiwanaises sont racontées par des auteurs taiwanais en quète de leur avenir. La force de ces livres tiennent aussi pas leur portée universelle, autant que taiwanaise.

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BIBLIOGRAPHIE

"Les ailes" Liao Jimmy Bayard, 2008
"L'autre bout du monde" Yeh Chun-liang HongFei, 2011
"Bili-Bili" Chen Chih-yuan Duculot, 2005
"En allant acheter des oeufs" Chen Chih-yuan Picquier, 2004
"La forêt des songes" Liao Jimmy Bayard, 2008
"La lune perdue" Liao Jimmy Bayard, 2008
"papa ours part en voyage" Chen Chih-yuan Casterman, 2011
"Le petit coq tout nu" Chen Chih-yuan Casterman, 2008
"Les plus beaux Noëls" Chen Chih-yuan Nathan, 2006
"Le rocher bleu" Liao Jimmy Bayard, 2010
"Le son des couleurs" Liao Jimmy Bayard, 2009