PETITE GARDEUSE D'OIES

"LA PETITE GARDEUSE D'OIES" / adapt. Li Shufen ; ill. Wu Jinglu Ed. des livres en langues étrangères, 1985

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Dans un village retiré, une petite fille aux yeux brillants vint au monde. Tous l'aimaient beaucoup.

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Hélas, à l'âge de huit ans, elle devint orpheline. Sa tante la recueillit. L'enfant devait tous les jours aller garder les oies ; c'est pour cela qu'on la surnomma la petite gardeuse d'oies.

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Sa tante, très cruelle, la maltraitait. Chaque jour, elle ne lui donnait pour tout repas qu'une petite galette.

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Pour que l'enfant rentre le moins possible à la maison, sa tante l'envoyait la journée garder les oies, et la nuit, la petite fille devait dormir avec ces volailles, sous un peuplier au bord du fleuve.

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Quelques années plus tard, la tante mit au monde une petite fille très belle mais aveugle. Aussi, la vue des yeux brillants de la petite gardeuse d'oies, ne faisait-elle qu'augmenter la haine et la jalousie de sa tante.

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Comme tous les ans à la fête de la mi-automne, une atmosphère de joie régnait dans tous les foyers. La petite gardeuse d'oies se retrouvait seule, assise au bord du fleuve, pensant comme il aurait été bon de passer la fête entourée de ses parents.

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La tante la tira de ses rêveries et lui tendit un panier en lui ordonnant d'un ton méchant : "Dépêche-toi de le remplir d'oeufs d'oie!" La petite gardeuse, les larmes aux yeux, supplia sa tante : "Tante, laissez-moi rentrer avec vous à la maison!"

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"-Hum!" se contenta de répondre sa tante. "Tout le monde dit que tu as de beaux yeux, lève la tête que je puisse les admirer!" La petite gardeuse d'oies eut à peine levé la tête que sa tante lui versa de la chaux vive dans les yeux.

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Aussitôt fait, la tante s'en alla, laissant la fillette à son triste sort. La petite gardeuse d'oies, aveuglée, pleurait de douleur. Les oies, groupées autour d'elle en silence laissaient, elles aussi, couler leurs larmes.

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Tout à coup la petite, encore en pleurs, se rappela certaines paroles de sa maman : dans la montagne, il pousse des raisons sauvages. Si un aveugle en mande, il retrouvera la vue. "Il faut que j'aille les ramasser!" pensa l'enfant. Aussitôt dit, aussitôt fait : elle quitta le bord du fleuve et se dirigea vers la montagne.

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La plus petite oie blanche criaiilla et lui emboita le pas. La petite gardeuse d'oies la prit dans ses bras et lui dit : "- Chère petite oie, peux-tu me conduire à la montagne?" Cette dernière criailla en hochant la tête en signe d'approbation.

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L'enfant monta sur la petite oie blanche et s'accrocha à son cou. Ainsi, avec ce précieux fardeau sur le dos, l'oie s'éloigna de la rive et se laissa porter par le courant.

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Une fois arrivée au pied de la montagne, la petite oie monta sur la berge et déposa la fillette sur le sol. Cette dernière l'embrassa et lui dit : "Je vais continuer mon chemin pour aller cueillir des raisins sauvages. Tu peux rentrer maintenant, tu as fait tout ce qui était en ton pouvoir".

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La fillette prit congé de la petite oie et commenca l'escalade.

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Dans la montée, son attention fut soudain attirée par des cris bizarres. C'était un ours qui débouchait d'un buisson. Elle grimpa à toute vitesse dans un arbre, et resta là sans bouger.

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L'ours regarda de droite à gauche sans rien trouver. Il rebroussa chemin en poussant des grognements.

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La petite gardeuse d'oies, épuisée voulut se reposer un moment quand un gros tourbillon se souleva, ce n'était autre en fait que l'air déplacé par l'aigle royal.

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La fillette se laissa glisser sans bruit au pied de l'arbre. L'aigle ne découvrit pas sa présence et s'en alla en poussant quelques cris.

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La petite agrdeuse d'oies hors de danger et à bout de forces, s'assit sur une grosse pierre ronde.

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A peine était-elle assoupie que la pierre roula sous elle et la projeta au loin. En fait, la fillette s'était assise sur un boa.

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Peu après, elle perçut le murmure d'un ruisseau. "Si je remonte ce cours d'eau, il doit pouvoir me conduire aux raisins sauvages" se dit-elle, le coeur de nouevau plein d'espoir. Et elle poursuivit l'escalade en longeant le ruisseau.

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Alors qu'elle continuait à grimper, la fillette fit un faux-pas et tomba dans une vallée profonde. Par bonheur, elle sentit dans sa chute quelque chose qui la frôlait et elle s'en saisit de toutes ses forces. Elle se balançait maintenant dans le vide, accrochée à cette chose qui était en fait une liane.

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Elle se hissa le long de celle-ci quand une grappe de choses rondes effleura son visage. Cela avit un parfum subtil.

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A ce moment là, elle sentit que ses pieds touchaient quelque chose de dur; elle était de nouveau sur la terre ferme. Elle cueillit aussitôt quelques unes de ces choses rondes et les porta à sa bouche. Elle retrouva instantanément la vue et vit des grappes de raisons qui pendaient aux vignes parsement la montagne.

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Toute heureuse, elle se mit à tresser un panier en chantant et la remplit de raisins. Elle pensait : "Je vais rentrer chez moi et guérir les yeux de ma soeur cadette".

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Mais la petite gardeuse d'oies se rendit compte quel ne savait pas quel chemin rentrer et elle fut prise d'inquiétude.

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En regardant les nuées d'oiseaux dans le ciel, elle se dit qu'ils pourraient la conduire hors de cet endroit.

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Elle vit aussi des troupeaux d'animaux sauvages courir à toute vitesse. Pour les éviter, elle se cacha derrière un roc, complètement terrorisée.

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C'est alors qu'un vieillard de grande taille s'approcha d'elle.

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Debout en face d'elle, il lui demanda : "Je suis un dieu de la montagne. Pourquoi es-tu venue dans mon pays plutôt que dans d'autres contrées à l'est ou à l'ouest?" La jeune fille lui répondit nerveusement : "Je n'ai pas choisi. Je suis tombée dans cet endroit."

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Le vieillard lui demanda encore : "Pourquoi es-tu venue seule?" A la vue de l'air très doux du vieillard, elle se sentit en sécurité et lui raconta toute son histoire en lui montrant le panier de raisins sauvages.

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Qaund elle eut terminée il lui dit : "Mon enfant, comme tu as bon coeur. Reste, tu deviendras ma fille!" La fillette lui répondit en le regardant droit dans les yeux : "Non, je ne vous connais pas!"

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Le vieillard partit d'un grand éclat de rire : "N'oublie pas que je suis un dieu de cette montagne. Si tu restes et deviens ma fille, tu mèneras une vie très heureuse!"

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Il la porta dans ses bras et, dès qu'il eut étendu la main, les arbres apparurent, chargés de fruits de toutes sortes.

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Il leva la main vers le ciel et les rochers se fendirent, laissant apparaitre des montagnes d'or, d'argent et de perles.

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Le vieillard lui dit alors : "Reste ici, je t'en prie! Ces trésros sont à toi désormais, tous les animaux de la forêt vont t'obéir. Tu peux disposer de tout ceci à ta guise." Mais la jeune fille continua de secouer la tête : "Non, je ne vexu aps rester! Je veux rentrer chez moi!"

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Le vieillard lui demanda alors, en lui jetant un regard curieux : "Si ta tante te maltraite, pourquoi veux-tu rentrer chez toi?" Elle répondit : "C'est parce que je veux guérir les yeux de ma soeur cadette avec ces raisins sauvages."

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Furiuex le vieillard ouvrit grand la bouche et souffla de toutes ses forces : un vent violent se déchaina qui fiy tourbillonner les grains de sable et rouler les galets. On ne voyait plus rien. Le vent enleva la petite gardeuse d'oies dans les airs et la fit rouler comme une boule.

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La tornade finit par s'apaiser et elle retomba alors sur le sol, le panier de raisins sauvages serré contre sa poitrine. Le vieillard lui demanda encore une fois si elle voulait rester avec lui, mais elle s'obstina.

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A la vue de ses grands yeux tristes mais décidés, le vieillard lui dit : "Tu es une fille très brave et au grand coeur!". Il cassa alors une branche verte et la lui remit en lui expliquant : "Prends-là! Cette branche te conduira chez toi."

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Chose étrange : à peine eut-elle prit la branche magique dans sa main qu'elle se mit à marcher à la vitesse du vent et sans ressentir la moindre fatigue.

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Après avoir marché pendant longtemps, elle arriva à un champ de blé et aperçut un vieillard abeugle et assis au bord du champ ; ol ne cessait de soupirer tout enhochant la tête. Elle s'approcha de lui et lui donna un grain de raisin sauvage.

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A peine l'eut-il avalé qu'il recouvra la vue. Le vieillard prit la petite gardeuse d'oies dans ses rbas et lui dit, l'air rayonnant : "Je te remercie mille fois, petite fille au grand coeur."

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Alors qu'elle continuait son chemin, il commenca à pleuvoir et la fillette cherchant un abri arriva devant une maison. Elle entra et trouva une vieille femme qui pleurait, la tête baissée sur son métier à tisser.

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La petite gardeuse d'oies s'approcha d'elle et se rendit compte que cette femme était aveugle. Elle prit alors un grain de raisin et le lui tendit.

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A peine l'eut-elle avalé que la vieille femme voyait de nouveau. Elle prit l'enfant dans ses bras, l'embrasa en lui déclarant : "Merci, petite fille au grand coeur! Maintenant je vais pouvoir réaliser les tissus les plus somptueux et les plus compliqués."

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Comme elle arrivait au flanc de la montagne, la fillette entendit le doux son d'une flûte. En levant la tête, elle distinga un jeune berger sur le dos d'un mouton qui se dirigeait vets elle.

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Le garçon semblait ne pas l'avoir vue. Elle se rapprocha et se rendit compte que lui aussi était aveugle. Elle détacha un gros grain de raisin de la grappe et le mit dans la petite main du berger.

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A peine l'eut-il avalé qu'il recouvrait la vue. Ne se sentant plus de joie, il prit la main de la petite gardeuse d'oies et se mit à danser et à chanter.

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La petite gardeuse d'oies poursuivit son chemin et finit par arriver dans son village. Toutes les jeunes filles s'étaient rassemblées pour l'accueillir. Sans plus attendre elle s'approcha de sa soeur aveugle et lui glissa un grain de raisin sauvage entre ses lèvres.

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A peine l'eut-elle avalé qu'elle ouvrit grand ses yeux et put voir à sa plus grande joie toutes les jeunes filles qui l'entouraient.

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La tante, se rendant enfin compte du grand coeur et de la bonté de la fillette, modifia son comportement vis-à-vis d'elle. Et ensemble les deux fillettes allaient maintenant garder les oies durant la journée. Quand au panier de raisins sauvages, la petite gardeuse d'oies le conserva dans l'espoir de guérir de nombreux autres aveugles.