PEKIN

 

PEKIN : LA VILLE SANS VISAGE ?

Pékin, capitale moderne? Si l'on montre volontier les tours de verre de Hong Kong, les vieilles maisons de Shanghai, les petits villages anonymes, il n'en est rien de Pékin : la capitale n'est que trop rarement montrée si ce n'est par ses symboles, comme la cité interdite, elle-même désertée, comme morte. Rien non plus des maisons, immeubles, dont on devine à peine l'ombre chinoise en arrière plan d'une illustration. Les pékinois n'ont pas de visage : lorsque Lola arrive à Pékin, elle ne rencontre que quelques façades nues, des rues polluées, des visages sans expression. Le dessin s'afine que lorsqu'elle pénètre dans un vieux jardin traditionnel...

 

ville froide, sans visage

 

Pékin ne serait-elle qu'une ville de passage? sans identité?

Symboles

La ville, longtemps ignorée par l'édition chinoise (voir art.), existe par des clichés symboliques, et non par son urbanisation, qui n'était pas un signe de modernité dans la Chine maoiste.

Il y a peu encore, une majorité des chinois vivaient à la campagne, terrain idéal pour créer une identité chinoise (voir art.) : rizière, paysan avec un chapeau chinois,... mais le changement commence tout juste à s'opérer dans les fictions. L'illustration mêle la maison paysane ou traditionnelle avec quelques aspects de décors modernes, comme une ville en fonds de décors...

 

la modernisation arrive discrètement...

 

Grandes villes chinoises

Il y a trois villes représentatives de la Chine ; chacume est emblématique, ayant une image représentative bien différente. Hong Kong, la ville aux grandes tours modernes, la ville qui ne dort jamais, est le terrain d'aventures privilégié des occidentaux (voir art.) ; Shanghai, et ses vieux quartiers, propice aux gangs en tous genres (voir art.)... Pékin, a une place à part : c'est avant tout la porte d'entrée sur la Chine.

 

Pékin, moderne dans les années 60, désertée de nos jours...

 

Une porte d'entrée

Le voyage en Chine (voir art.), fascine depuis tous temps : se rendre en Chine, c'est un voyage périlleux, plus ou moins difficile en fonction des relations franco-chinoises (avoir art.). Pékin en est l'accès privilégié. Mais il ne s'agit pas d'une ville, d'une capitale : c'est un symbole avec la Cité interdite. Il existe même des passages secrets entre Pékin et Paris. Nos jeunes héros s'y rendent depuis le chinatown parisien, effaçant de fait le long et perilleux voyage. Mais la surprise est à Pékin même. Ce n'est pas une capitale moderne qui s'offre à nos yeux ni même une ville, mais un palais, à une époque révolue! Dans "Traquenard à Pékin", des enfants évoluant dans le 13ème arrondissement vont, grâce à un four à micro ondes se propulser à Pékin! Mais ce sont quelques clichés qui sont évoqués : palanquin, mandarin, pagode, une cité interdite menaçante, mais rien de la ville en elle-même. Tom Cox, lui, a appris le chinois et profite des rues bruyantes et animées de la ville, après avoir été transporté de Paris au Pékin impérial par une porte magique. Mais très vite, alors que les soldats de la sanglante impératrice menacent, il est enlevé par un brigand qui oblige les enfants à voler dans la rue... Cet effet de transport mysterieux et de voyage dans le temps opère aussi aux abords de la ville ; Timothée, en visite sur la grande muraille avec ses parents se perd dans un épais brouillard et se retrouve comme par enchantement dans la Chine impériale.

Même sans magie, le choc culturel opère. Les touristes arrivent souvent à Pékin, en train ou en avion. Rosensthiel nous enmène à bord du transsiberien : un voyage éprouvant qui nous conduit directement sur la place Tian'an men, encombrée de vélos, où il est difficile de faire le moindre pas. Lola elle descend d'avion et cherche le décors chinois dont elle rêvait ; mais c'est une ville hostile, sale et poluée qui s'offre elle.

Pierre et françoise, touristes modernes des années soixante, découvrent la Mongolie et les villages du nord de la Chine avant d'entrer en gare de Pékin. Mais ce n'est pas la grande ville qu'ils côtoient mais uniquement les jardins! Il semble que Pékin ne soit qu'un immense parc où l'on danse...

 

jardins et monuments

une cité interdite désertée, avec des des immeubles en ombres chinoises

 

Gare de Pékin

La gare de Pékin -la gare du sud actuelle- est une porte d'entrée mais surtout une plateforme économique, sociale et culturelle : toute la Chine s'y croise : nos héros s'étonnent de la grandeur de la gare mais surtout des voyageurs venant de partout, avec leurs bagages en tous genres... Pékin invite aux voyages.

 

 

Fêtes du Nouvel An

Il semble que nos héros se rendent en Chine -donc à Pékin- toujours au Nouvel An : c'est l'autre image de la ville. Fêtes, défilés de dragons, pétards. Lorsque Pierre et Françoise quittent les jardins pékinois, c'est pour assister aux défilés tandis que Minnie et Mickey participent à la fête.

Cité interdite

Pékin, ce sont les jardins, la gare, mais avant tout la Cité interdite, de l'époque impériale. De nombreuses histoires s'y déroulent : l'empereur est toujours seul dans son grand palais. Lorsqu'il en sort c'est pour quitter la ville! (le petit empereur de Chine). La ville est donc inexistante en dehors du palais et des jardins.

 

 

Pékin international

Pékin, capitale, représente la Chine sur un plan international. Elle représente un continent lorsqu'il s'agit d'évoquer une aventure planétaire (la fin du monde ; opération phenix). Mais certains récits répondent aussi à l'actualité : Pékin, capitale, est une ville qui compte sur le plan international. Dans "cinq heures pour le sauver", il s'agit d'une critique politique des jeux olympiques et de la situation du Tibet... Pékin est alors évoqué mais... toujours inexistante en dehors de son symbole politique.

Pékin et l'histoire

Quelques fictions -albums et romans- relatent la vie quotidienne à Pékin mais à l'époque de la révolution culturelle. De même, quelques documents parlent de la révolte de la place Tian'an men, comme de certaines spécificités typiquement pékinoises, tel que l'opéra de Pékin.

 

 

Pékin et le manhua

Si quelques albums évoquent très timidement la transformation de Pékin : "Li, la petite calligraphe" nous montre une ville en travaux, il faut se tourner vers la bande dessinée pour découvrir le véritable visage d la ville : les vieillards nostalgiques sur le point d'être expulsés de leur quartier, mais surtout une jeunesse avide de liberté, enthousiaste et rêveuse ; ces planches en disent bien plus sur la jeune société citadine que les reportages audiovisuels.

 

Pékin actuel, dans les manhua

 

Pour que Pékin soit visible, les fictions doivent montrer une ville, certes pas toujous positive mais en tout cas, moins sinistre que cette cité interdite d'une autre époque.

Certes Pékin est aussi moderne que bien d'autres villes occidentales, mais pourtant, nos jeunes lecteurs trouveront de nombreux points identitaires, découvriront une ville à l'instar de Tokyo ou Séoul, unique.

Nos jeunes auteurs chinois ouvrent la voix. Pékin est de plus en plus présent dans les médias occidentaux, certes, le plus souvent pour y montrer une image négtive ; mais elle est montrée telle qu'elle existe et nos futurs jeunes lecteurs n'auront plus le même regard. Le pauvre paysan dans sa rizière semble de plus en plus éloigné alors que les revendications ethniques se font entendre, que les villes grossissent et fascinent de plus en plus.

Pékin est très présent dans nos fictions françaises. Comme nous l'avons constaté (voir art.), notre vision de la Chine est liée à l'image de la communauté chinoise de Paris. Si nous n'avons guère évolué sur la vision de Pékin, puisque les migrants viennent essentiellement d'autres régions plus rurales, notre perception sur ces populations plus modestes s'afine et devrait nous aider à imaginer la capitale chinoise.

Pékin d'autrefois...

"Je ne vais pas pleurer" Chen J H Ecole des loisirs, 1998

"La légende du cerf-volant" Chen J H Ecole des loisirs, 1999

"Pékin" R Platt et M Cappon Rouge et or, 2008

"Le terrible empereur de Chine" MP Osbone Bayard, 2003

"Tom Cox et l'impératrice sanglante" Seuil, 2001

"Traquenard à Pékin" K Quenot A Michel, 1998

Pékin aujourd'hui...

"Lola en Chine" Anna Höglund Seuil, 2000

"Ma vie à Pékin au fil des mois" He Zihong Syros, 2003

"Chroniques de Pékin" (collectif) Xiao Pan, 2008

"Gangs de Pékin" Ji'an iao Pan, 2009

Pékin, capitale... et le monde

"Cinq heures pour le sauver : Pékin : une médaille d'or pour le Tibet?" Eric Simard Oskar, 2008

"La fin du monde" Fabrice Colin Mango, 2009

"Opération Phenix" Franck Krebs (saison 1) Gallimard, 2009

Pékin et symboles :

"Bonne année Minnie!" Walt Disney, 1993 (fêtes)

"Tian'an men" C Geiger Grandir, 1999 (sur Tian'an men 1989)

"Le petit empereur de Chine" M Amelin Bayard, 1997

"Pierre et françoise en Chine" G Fontugne Ed. de l'imprimerie, 1965 (jardins, gare, fêtes)

"Zhong Kui" Chen J H Ecole des loisirs, 2001 (opéra de Pékin)

Autres titres...

"La Chine" P Landais Entre deux rives, 2003

"Chine : regards croisés" Casterman, 2009

"Li, la petite calligraphe" CJ Mercier Belin, 2006

"Timothée et le dragon chinois" F Shangdi Hatier, 2003