ABOLIVIER, Gwenaelle

Gwenaëlle ABOLIVIER

Gwenaëlle Abolivier est journaliste et auteure.
Formée à l’école de Claude Villers, elle présente sur France Inter, pendant près de vingt ans, des émissions de reportages où elle raconte ses grands voyages à travers le monde. (extrait de son blog) 

Abolivier

A l'occasion du centenaire de la Grande guerre, peu de livres sont parus sur ces oubliés : les travailleurs chinois. chine-des-enfants rencontre l'auteure de cet album coup-de-coeur "TE SOUVIENS-TU DE WEI ?" illustrations de ZAÜ aux édtions HongFei cultures.

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  • Comment est né ce livre ?

Avec la commémoration du centenaire de la Grande Guerre, je me suis penchée sur la littérature de cette période et sur la correspondance des Poilus qui avaient tous vingt ans quand ils sont partis sur le front. Je travaillais alors à une anthologie de lettres pour les Editions A dos d’âne ( Ecrire d’amour à 20 ans, parue en 2014 ) De fil en aiguille, j’ai découvert l’existence du cimetière de Nolette en Picardie ( qui est la plus grande nécropole chinoise en Europe ) ainsi que l’histoire méconnue des travailleurs chinois recrutés par les Anglais et les Français, après l’hécatombe de la bataille de Verdun. Au cours d’une conversation, et en particulier avec Janine Kotwica, à qui le livre est dédié, j’ai eu envie de raconter cette histoire afin de porter un éclairage sur ces hommes partis de si loin pour participer à un conflit au départ européen.

  • Avez-vous eu des demandes ou contraintes éditoriales ?

Non, et c’est en cela que ma collaboration avec les éditions Hongfei fut très agréable. Chun et Loïc ont accueilli et accompagner le projet en me donnant une grande liberté de proposition et de création. C’était la confiance nécessaire pour qu’apparaisse ce texte. La seule question que nous nous sommes posés au départ était de savoir à quel lectorat nous allions nous adresser. Il était évident que nous souhaitions toucher le plus grand nombre, à commencer par les enfants des classes des écoles primaires.

  • Souhaitiez-vous dès le début aborder ce témoignage de manière aussi directe par la forme du texte ?

Cette histoire tragique et humaine était suffisamment percutante pour que le texte dans sa forme le soit aussi. Mais, il m’a fallu passer par une longue maturation avant d’en arriver à cela, ainsi que par des recherches sur le sujet.

  • Avez-vous échangé avec Zaü sur le rythme, le découpage du texte ?

Nous sommes allés ensemble à Nolette et je crois que cette découverte commune des lieux, et l’échange que nous avons eu alors, nous a permis de poser les bases de notre projet. Le texte lui a immédiatement beaucoup plu et c’est à partir de celui-ci qu’il a réalisé ses illustrations.

     A travers Wei, souhaitiez-vous dès le début évoquer des migrants plus généralement que des travailleurs chinois ?

Je souhaitais raconter cette histoire méconnue qui remonte à un siècle, mais il est évident que l’actualité s’invite à tous moments dans un projet de création. Je ne pouvais , dans mon esprit, que faire un parallèle avec l’actualité très forte que nous vivons. Mon parcours est celui d’une journaliste radio pour qui l’actualité et son traitement dans les médias, est importante. Il ne faut pas oublier que ces travailleurs chinois ont constitué la première vague d’immigration chinoise.

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     Si vous aviez reçu les illustrations avant d'écrire, votre texte aurait-il eu une forme différente ?

C’est difficile de savoir et cela mériterait de faire l’expérience d’un texte écrit à partir d’ illustrations. Mais disons, que j’ai beaucoup réfléchi à la forme que je souhaitais donner à cette histoire forte : le grand poème s’est imposé de fait.

     Ce livre touche autant les enfants que les adultes : cibliez-vous un lectorat précis ?

je crois aux albums qui parlent à tout à chacun : à l’enfant que nous restons et à l’adulte en devenir. Il faut faire confiance aux enfants, à leur intelligence et à leur intuition.

  • Des descendants de travailleurs chinois ont lu votre livre : comment ont-ils reçu ce texte ?

En effet, ce fut très émouvant de lire mon texte à ces personnes et de percevoir dans toute l’émotion contenue qu’ils avaient été très touchés par ce texte et ce personnage fictif de Wei qui soudain prenait vie car leur rappelait leur aïeul qui avait traversé les mers.

  • Et plus généralement, ce livre est un "coup de coeur" des professionnels du livre : comment les lecteurs l'ont-ils apprécié, avez-vous eu des retours ? comme un texte sur les migrants, sur les chinois, un documentaire ou plus un texte de fiction ?

J’ai en effet de très bons retours des premiers lecteurs : les adultes comme les enfants sont très enthousiastes et touchés par le texte et les illustrations qui leur parlent à la fois d’un épisode historique, mais également de notre actualité. Il y a un jeu d’écho qui amplifie et donne corps à Wei qui est à la fois ce jeune chinois arrivée il y a un siècle, mais aussi ce jeune migrant que parti récemment sur les routes.

     Ce livre a t-il ou sera t-il traduit et publié en Chine ?

Je ne sais, mais je trouverais cette idée intéressante.

     Avez-vous voyagé en Chine ?

Comme je le raconte dans mon récit paru l’année dernière Vertige du Transsibérien, j’ai découvert Pékin en 2002 à la fin de mon grand périple depuis Moscou. Ce fut passionnant et j’espère bien retourner dès que possible dans ces régions.

     Pouvez-vous nous parler de vos projets ?

Je suis en train de finaliser un récit sur l’île de Ouessant, suite de la résidence d’écriture vécue pendant trois mois dans le sémaphore, à l’automne dernier. Je parle de la force des Ailleurs que l’on ressent à cette pointe bretonne. Et puis, j’ai quelques textes de la forme de « Te souviens-tu de Wei ? » que je suis à peaufiner avant de les proposer à des maisons d’éditions et à des illustrateurs.

"Te souviens-tu de Wei?" sera à l'honneur via des expos, des rencontres... à suivre sur le blog de l'auteure (cliquez ici), celui de l'éditeur (cliquez ici) et à redécouvrir lors de la 2ème fête du livre asiatique à la mairie du 2ème arrdt de Paris, les 05 et 06 novembre.