NIPPONS-AMERICAINS

 

LE JAPON ET LES NIPPONS-AMERICAINS

Les migrants japonais ne sont pas beaucoup représentés dans les livres pour la jeunesse, en France, contrairement aux chinois, ou dans une moindre mesure, les vietnamiens.

Sujet presque tabou, il est évoqué dans un contexte particulier. Si Allan Say évoque son grand-père venu aux USA (« le voyage de grand-père »), quelques personnages tentent de s’intégrer en France, sans spécifiquement évoquer le Japon ; le sujet de la guerre, du japonais ennemi est surtout le prisme pour évoquer ces migrants ou soldats.

Les chinois les utilisent dans leur propagande communiste publiée et traduite aux éditions en langues étrangères (« les tracts », « la guerre des souterrains »,…). Ce sont surtout des auteurs américains d’origine japonaise qui évoquent leur histoire familiale ; ces récits nous arrivent en France seulement depuis quelques années.

Si l’intégration aux Etats-Unis, le racisme n’est que rarement directement évoqué, ce sont deux facettes bien spécifiques qui sont abordées.

Le tabou de l’immigration et la deuxième guerre mondiale.

Tokyo fNous ne sommes pas libres

Origines japonaises.

Deux romans évoquent ces origines. « I love you so mochi » est l’histoire d’une jeune femme qui rêve de s’inscrire dans une unversité d’art. Vie presque banale, famille sans problème, jusqu’au jour où elle découvre par le biais d’une invitation au Japon, ses grand-parents que sa mère a bien tenté de lui cacher. « Tokyo forever » est l’histoire improbable d’une jeune ado sans histoire élevée par sa mère qui va découvrir que son père inconnu n’est autre que le fils de l’empereur du Japon. Dans ces deux récits, l’origine japonaise des jeunes américaines est tabou, volontairement caché et elles devront se confronter à leur double culture.

Cette confrontation se fait avec difficulté où les us et coutumes japonaises ne sont pas bien acceptées, avec des non-dits sur une séparation douloureuse.

« L’esquisse du bonheur » est l’histoire difficile d’une jeune métisse, vivnat dans une maison confortables aux États-Unis avec sa mère, divorcée. Elle ne sait rien de ses origines japonaises et tente de se reconstruire en fuyant la maison et les attouchements de son oncle.

La guerre

Un tabou enfin levé, celui de l’internement des américains d’origine japonaise dans des camps aux USA, par le biais de romans et BD. Avec « Les indésirables », nous découvrons la vie dans un Japantown, la montée de la haine anti-jaonaise, des relations avec la communauté chinoise aussi. Comme dans « Nous étions les ennemis », l’on comprend les difficultés de choix dans les camps, de s’engager ou non contre le Japon, non par conviction, mais par les questions posées, insinuant qu’ils abandonneraient leur soutien à l’empereur alors qu’ils sont américains.

Le destin de George Takei est particulièrement étonnant puisqu’après avoir connu les camps, il sera ensuite capitaine dans la célèbre série TV « Star Trek ». Il milite aussi dans les associations LGBTQIA+

L enfant phoenix ou le bombardement de tokyo vecu par andy takeshiNous etions ennemis

Les Japonais d’origine américaines seront évoqués également dans un précieux témoignage « l’enfant Phénix ». Un jeune américain d’origine japonaise est renvoyé avec sa mère à Tokyo au début de la guerre. Il subira aussi la haine anti-américaine ; bien que traité comme un japonais, il devra avec ses camarades travailler très durement dans des usines d’armement. Nous le suivrons ensuite dans Tokyo sous les bombes.

Hiroshima sera plus largement abordé, et ce depuis de nombreuses années mais, contrairement aux BD et romans consacrés à Fukushima, les effets de la bombe nucléaire sera traité avec plus de retenue, avec beaucoup de résilience. Il sera plus largement évoqué avec « Les sœurs Hiroshima ».

INTERVIEW 

A lire, l'interview de Kiku HUGHES, auteure de "NOUS ETIONS LES ENNEMIS",pour chinedesenfants

Bibliographie

« L’enfant phenix » Ira Ishida, éd. Le lézard noir, 2021

« L’esquisse du bonheur » Akemi Dawn Bowman, éd. Pocket, 2019

« Fleurs d’été et autres nouvelles » Tamiki Hara, éd.Gallimard, 1996

« Gen d’Hiroshima » Keiji Nakazawa, éd. Humanoïdes associés (10 vol.) 1985

« Lhistoire de Sayo (...) » Masi Watanabe, éd. Dargaud 2011

« I love you so mochi » Sarah Kuhn, éd. Fleurus, 2020

« Les indésirables » Kiku Hughes, éd. Rue de Sèvres, 2021

« Les mille oiseaux de Sadako » Eleanor Coerr, éd. Milan 2003

« Nous étions les ennemis » George Takei, éd. Futuropolis, 2020

« Nous ne sommes pas libres » Traci Chee, éd. Akata, 2022

« Les oiseaux de l’espoir » Judith Loske, éd. Mineditions 2011

« Pika l’éclair d’Hiroshima » Toshi Maruki, éd. Actes sud, 2005

« Les sœurs Hiroshima » Mariko Yamamoto, éd. Bayard, 2017

« Tokyo forever » Emiko Jean, éd. Nathan, 2022