DE LA CLERGERIE, Catherine

"LE CHAT DU YANGTSE" / Catherine de la Clergerie ; ill. Claire de Gastold Ed. P Picquier, 2013

La Chine, vue de Belleville à Paris : un restaurant chinois où une famille vient dîner. L'imagination du jeune garçon nous enmène en Chine... "chine-des-enfants" ne pouvait que s'intéresser à cet album où, contrairement à d'autres albums sur la même thématique,le texte a une grande importance.

Rencontre avec Catherine de la Clergerie, auteure :

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Comment est née cette histoire?

J’habitais au-dessus de ce restaurant chinois Au Yang Tsé. J’y trouvais là une atmosphère quasi familiale. Monsieur Yang était un homme tout à fait délicieux et lettré qui, entre deux clients, calligraphiait par cœur des poésies classiques chinoises sur ses bordereaux bancaires. J’ai appris qu’il était de noble famille et s’était exilé depuis Canton en passant par le Laos. Il y avait au mur un grand et beau panneau laqué avec des pêcheurs sur le fleuve Yang Tsé. Dès la porte franchie avec son carillon, on se retrouvait ailleurs, bercés par une musique très douce à cinq tons, et on rêvait à son tour. Après la mort de Monsieur Yang, j’ai voulu par vive amitié écrire une pièce de théâtre pour les enfants intitulée Le Chat du Yang Tsé qui a été jouée à Radio France sur France Culture et éditée en CD en 1997.

- Vos précédentes publications sont différentes du "chat du yangtsé" ; pourquoi cette histoire?

L’éditeur Philippe Picquier a bien voulu me proposer de transposer Le Chat du Yang Tsé en album dans sa collection jeunesse, avec un texte beaucoup plus court et plus centré sur la poésie, les recettes, et les souvenirs de la Chine.

- Votre texte propose à la fois une part d'exotisme mais aussi quelques allusions plus "politiques". Faut-il y chercher un message?

Pas du tout. Bien que ma grand-mère soit aussi une exilée d’Europe Centrale qui a fini par monter un restaurant populaire et bon marché à Mouffetard, où se retrouvaient nombre de réfugiés. Mais je me suis rendu compte de cette similitude après la parution de l’album. Dans la pièce du même nom, j’insistais plus sur la folie politique ordonnant la destruction des livres et du passé culturel de la civilisation chinoise. Les poètes venaient alors des quatre coins du monde recopier les textes qu’ils connaissaient par cœur et contrer ainsi la barbarie en marche.

- Belleville est l'un des chinatown les plus récents ; le restaurant chinois tel que vous le proposez, à la fois typique et ancien est l'une des multiples activités de la communauté chinoise :

qu'est-ce qui vous semble le plus mystérieux ou "exotique" dans l'identité chinoise actuelle à Paris?

Je suis émerveillée du fait qu’on n’entend quasiment jamais parler de débordements ou de faits de délinquance de la communauté asiatique. Il leur est possible de coexister pacifiquement, tout en gardant leur identité et leurs valeurs secrètes, réellement exotiques.

- Fréquentez-vous le chinatown parisien?

Non, pas vraiment, sauf lorsque j’ai fait des émissions radiophoniques sur la communauté vietnamienne à Paris.

- Connaissez-vous la Chine?

Pas du tout, en dehors de mes lectures, qui ont débuté avec Han Suyin et se poursuivent avec Qiu Xiaolong, lectures qui ne laissent pas de me renseigner et m’étonner, et la poésie chinoise, qui est une source sans cesse renouvelée de voyages, de paysages et d’émerveillement.

- Imaginez-vous votre texte sous forme de pièce de théâtre?

Oui. C’est une pièce de théâtre au départ, et je suis plutôt un auteur de dialogues.

- Imaginiez-vous l'illustration de votre texte ainsi ?

Quand on écrit, on a toujours des images dans la tête, qui vous sont propres. Elles sont forcément différentes selon chaque individu. Mais j’ai eu la chance de me voir proposer une jeune illustratrice de talent, Claire de Gastold, qui a apporté son interprétation moderne et réellement artistique.

- Comment s'est fait cette rencontre texte et illustration?

L’éditeur s’en est chargé.

- Et si cette famille que vous présentez se rendait à Pékin, comment découvrirait-elle la capitale chinoise?

J’ai entendu dire qu’il y avait au moins sept périphériques successifs qui entourent Pékin en gigantesques couronnes, que le vieux Pékin a été rasé pour les jeux olympiques et n’existe quasiment plus que dans les gravures et photos souvenirs, que les vélos ont été remplacés par des voitures et que la fumée de pollution est partout. Par contre, je pense que la population chinoise est très vivante, intéressée par les touristes étrangers et prompte à rire ; et qu’elle est la vraie Chine éternelle de Pékin.

- Pouvez-vous nous parler de vos projets?

J’ai un autre texte jeunesse très joyeux qui se passe dans la Chine du XIXe siècle, prétexte à montrer les petits métiers artisanaux. Et j’aimerais trouver le temps d’illustrer moi-même certains de mes albums. 

Nous attendons donc avec impatience cet album et ne manquerons pas de l'évoquer sur le site...

Merci à Catherine de la Clergerie que vous pouvez rencontrer  au Salon du livre de Radio France le dimanche 24 novembre et les samedi dimanche et lundi du Salon du livre jeunesse de Montreuil

Catherine de la Clergerie a déjà publié et enregistré de nombreux textes : 

http://www.lebilletdesauteursdetheatre.com/Fiche-Auteur-197.html  

(Paris, le 20 novembre 2013)