VATINEL, Pascal (2)

PASCAL VATINEL

Chine-des-enfants présente régulièrement les romans de Pascal Vatinel ; nous avions déjà échangé il y a peu à propos de l'un de ses livres (lien ici), mais l'auteur est aussi un voyageur, un conférencier, un amoureux de la Chine et c'est pourquoi nous échangeons à nouveau pour évoquer d'avantage sa passion de la Chine.

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Pascal Vatinel est un auteur français qui vit à Paris. Conférencier spécialiste de la Chine, ancien sociétaire des Amis du musée Guimet et de la Société des Études Euro-asiatiques (Musée de l’Homme et Quai Branly), il a commencé tôt des études de sinologie, en particulier sur le symbolisme et les nombres dans les principaux Classiques. Après la publication d'articles dans des revues spécialisées, il écrit son essai sur La Symbolique du Yi Jing et du Jeu d'Échecs, édité en 2000 chez L'Harmattan, sous la supervision du Père Claude Larre† de l'Institut Ricci à Paris.
Passionné par les mutations qui marquent l'histoire de la Chine, Pascal Vatinel s'y rend régulièrement depuis près de trente ans. Il y perfectionne aussi sa pratique du Taijiquan, en compagnie de son épouse qui enseigne cet art interne à Paris. Sa passion pour les voyages, en Asie et en Australie, mais aussi en Amérique du Nord et en Europe, est une invitation à l’écriture. (extrait de laprésentation de l'auteur sur son site)

1 – cde Vous connaissez très bien la Chine et échangez beaucoup avec le public de tout âge, que ce soit à propos de vos livres ou conférences. Selon vous, ce pays est-il toujours ou encore plus mystérieux pour les français aujourd'hui?

Je suis convaincu que ce pays interroge encore beaucoup nos concitoyens.

Plus « mystérieux », je ne sais pas. Car le mystère chinois était sans doute plus évident du temps où ce pays paraissait inaccessible, après la parution des « Merveilles » de Marco Polo ou des récits et correspondances des premiers jésuites, ou même encore à l’époque plus récente de la « muraille de bambou ». Aujourd’hui, de nombreuses informations circulent sur la Chine (les pires comme les meilleures), les Français s’y rendent par milliers et, tandis que des cours collectifs de Taiji ou de Qi gong s’immiscent dans nos parcs, les « restaurants » chinois envahissent jusque nos plus petites agglomérations. Le chinois est de plus en plus enseigné dans nos écoles. Lorsque je rencontre des élèves, autour de mes ouvrages, la plupart savent différencier un rouleau de bambou et un rouleau de printemps , m’accueillent avec un « Ni hao » sympathique et sont convaincus que le médaillon que porte leur tante ou le bracelet de leur mère sont en jade…

Mais je reste effaré, lorsque j’échange avec eux et, surtout, avec de nombreux adultes, de la grande part d’inconnu qui subsiste à propos de cet immense pays. La connaissance de la Chine nécessite un travail en profondeur, pas toujours compatible avec la superficialité et le manque d’attention auxquels notre société semble vouloir nous habituer. L’économie et la politique qui est à son service étant les thèmes prépondérants dans l’information traitée par nos médias, ce qui relève aujourd’hui du « mystère chinois », à nos yeux, est la manière unique, iconoclaste, avec laquelle la République Populaire de Chine a su se relever de l’effroyable pillage organisé par les nations occidentales, au temps où elle était déjà la première puissance mondiale, et maintenant qu’elle a repris son leadership après un siècle de guerres, de luttes internes, de dictature communiste, de sacrifices mais aussi de volonté, d’intelligence, de souplesse, et de cette formidable capacité à penser collectif sur le long terme.

Nous avons tout à apprendre sur la Chine. Étudier le chinois, c’est toute une vie de travail. Pratiquer le Taiji, c’est toute une vie d’exercices au quotidien. Connaître bien la gastronomie chinoise, c’est des milliers d’heures de voyages, de rencontres, de dégustation… Qui est prêt à un tel effort ? Mais savoir déjà cela aide à considérer la Chine avec davantage de respect, à être patient et circonspect devant les évènements (et surtout l’information qui nous en est donnée), et entretient une grande part de… mystère.

Le mystère réjouit les enfants, excite leur intelligence, aiguise leur regard. L’inconnu effraie les adultes, les incite à se refermer, développe l’intolérance. Le mystère chinois intéresse les enfants. L’inconnu chinois fait peur aux adultes. Puisque l’enfant est appelé à devenir adulte, il est possible de travailler à résoudre l’inconnu, tout en conservant une nécessaire et irréductible part de mystère.

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2 – cde Dans cette évolution chinoise contemporaine, quel aspect vous fascine le plus?

Sa constante transformation dans la non-transformation. Je ne cherche pas à plagier le Yi Jing en disant cela, mais c’est une réalité que tout un chacun peut vérifier.

Et aussi tellement d’autres aspects qui font la personnalité chinoise, sa force, son intérêt et parfois aussi ses faiblesses. Je pense, par exemple, à son attachement à la réalité plus qu’à la vérité, aux devoirs de l’homme, plus qu’à ses droits ; son sens inné du syncrétisme (sans perdre de vue pour autant son identité profonde), du concret, du commerce, de la famille, de la nation (mieux parfois : de l’universel) ; un formidable instinct de survie… La capacité d’utiliser des moyens modernes, étrangers, périlleux (comme la remise en cause de sa structure familiale ou la mise en danger de son environnement) pour continuer de relever cet incroyable défi qu’est la gestion d’un pays dont la population équivaut à celles de l’Amérique du Nord, du Sud et de l’Europe cumulées ; ajoutant pour cela de nouvelles briques, de nouveaux matériaux à ses solides fondations faites de Confucianisme et de taoïsme.


3 – cde En France, les littératures japonaise comme coréenne semblent trouver plus de lecteurs. La Chine du XXIème siècle serait-elle moins propice, selon vous, à des aventures littéraires susceptibles d'attirer plus d'amateurs?

C’est une question difficile pour moi. Je ne suis pas un spécialiste de la littérature asiatique, (même s’il m’est arrivé que l’on me demande d’animer des conférences sur ce sujet). Je ne suis pas « fan » de littérature contemporaine chinoise, pas plus que coréenne ou japonaise. Mais je suis loin d’avoir tout lu !! En outre, vous avez raison de limiter votre question au 21è siècle, car je ne suis pas certain que ce que nous appelons « littérature contemporaine » démarre à la même période du 20è siècle pour les trois pays mentionnés. Les grands auteurs chinois pour cette période post-maoïste, à commencer par François Cheng (de l’Académie française), Dai Sijie, Gao Xingjian, Yu Hua, Mo Yan… ont connu des tirages plus qu’honorables, et je ne saurais dire si de grands auteurs japonais comme Mishima, Inoue, Marakami, ou coréens comme Young Ha Kim, Sok Yong Hwang… ont connu un plus grand succès en France. Mais sur ces deux dernières décennies, il me semble en effet que l’intérêt en France pour la littérature japonaise et coréenne est nettement plus fort. J’y vois le travail des petites maisons d’édition françaises qui ont cherché (hors de Chine) une autre littérature asiatique, de nouveaux auteurs (notamment en Corée). Mais aussi et surtout, le formidable impact de la littérature illustrée et du cinéma d’animation, où Japonais et Coréens excellent, innovent et savent toucher un public jeune qui dévore leurs œuvres, s’attache à leurs personnages et contribue au développement de ces deux cultures en France.

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4 – cde Lorsque vous écrivez, comment travaillez-vous, selon que votre texte s'adresse à un adulte ou à un enfant?

La principale différence entre les deux « écritures » est la suivante :

- pour les adultes et pour les ados, je m’intéresse à un fait réel, historique ou contemporain, en général peu connu. Je l’étudie et, si j’y découvre des personnages intéressants, avec un parcours de vie original, je commence à imaginer une fiction qui permette de faire évoluer ces personnages dans leur contexte historique et géographique, de façon à mieux les faire connaître, eux et ce qu’ils ont accompli. Je m’attache pour cela à la qualité de l’écriture, au montage et à tout ce qui permettra de faire de cet épisode « oublié » un beau récit.

- pour les plus jeunes (dans le cadre de la collection « Fleur de Printemps »), je m’intéresse à un aspect de la culture chinoise et je m’en sers pour illustrer une réflexion sur la sagesse universelle. Montrer ainsi au-delà des différences ce qui nous rapproche, Français et Chinois (et tous les peuples du monde), dans notre relation à l’univers (visible et invisible), à la nature, aux autres…

Ce sont donc deux points de départ très différents, l’un construit sur une importante source de documentations, l’autre davantage sur la réflexion personnelle.


5 – cde Vous nous faites voyager entre autre, en Alaska avec "La dernière course" et "Mush!"; nous sommes assez loin de la Chine. Pourquoi cette région, ces thèmes? Comment avez-vous écrit ces histoires si bien documentées?

Fin 2011, quatre ans après avoir commencé à être publié (dans le genre « Polar » pour les adultes, et avec la collection « Fleur de Printemps » pour les plus jeunes), j’ai ressenti une envie profonde de me lancer dans le récit « d’aventure » ! Ce genre étant catalogué « jeunesse », je me suis adressé à mon éditeur, Actes Sud Junior, qui m’a confirmé ne pas publier ce type de récits, mais qui a eu aussi l’intelligence de m’encourager à poursuivre mon projet malgré tout. Ce que j’ai fait. Quand François Martin, mon éditeur, a lu le manuscrit du Tigre de Baiming, il a eu très envie de le publier. Il a donc créé la collection « Aventures Ados » avec ce récit en 2012. Le livre a très bien marché (Prix NRP 2013, des professeurs de collèges et de lycées). Nous avons donc continué, avec L’émeraude sacrée de Shwedagon (aventure en Birmanie), en 2013 et… La Dernière course en 2014. Cette aventure se déroule en effet en Alaska et dans les Vosges. Ce n’est pas tant le lieu qui m’intéressait, mais, comme je l’explique dans ma réponse précédente, le fait historique (incroyable et pourtant très peu connu) et les personnages qui l’ont vécu : de véritables « aventuriers » dont le caractère correspondait précisément à mon objectif de recherche et de travail. Ce livre a connu un réel succès dès sa parution (2014) tant auprès de la presse que des libraires et du public (Prix salon de Brive 2014). Et j’ai continué avec Mush, l’Incroyable Odyssée en 2015, toujours en Alaska, simplement parce qu’à force de vouloir rendre mes personnages attachants, je m’y suis moi-même attaché .

Quant au fait que ces deux ouvrages soient très documentés, alors même que je ne suis encore jamais allé en Alaska, je le dois à plusieurs facteurs conjugués. Il s’agit chaque fois de faits historiques et, par conséquent, des historiens ont déjà réalisé un travail de recherche méticuleux sur ces événements. Il me restait à patiemment consulter leurs travaux, fouiller d’autres dossiers pour trouver des informations complémentaires. Une activité de « rat de bibliothèque » que j’adore et que j’ai poursuivie par de longues journées au centre des archives militaires du château de Vincennes, avant de me rendre in situ, dans les Vosges (pour La Dernière course). En outre, j’ai (dans une vie précédente) travaillé au Canada et en Suède, voyagé en Finlande et en Russie. J’avais donc déjà une assez bonne idée de la vie dans le Grand Nord, de ses paysages sublimes autant que de la rudesse de son climat. Enfin, pour Mush, l’Incroyable odyssée, où j’évoque la culture des Inuit et plus particulièrement Yupik, je me suis assuré de la justesse de mes propos auprès d’une amie anthropologue du centre Inuktuk à l’ambassade du Canada à Paris, Sylvie Teveny.

En fait, j’essaye de faire de chacun de mes livres un voyage. Et je crois que je prépare mon écriture exactement comme je prépare mes voyages, qui commencent bien avant que je mette les pieds dans le pays concerné.

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6 - cde Votre connaissance de la Chine et votre capacité à vous adresser à tous les publics vous permettent de diversifier vos publications et interventions. N'avez-vous pas eu envie de nous faire partager vos voyages avec des documentaires par exemple?

Je crois que ma principale difficulté dans ce métier d’écrivain, nouveau pour moi (je ne publie réellement que depuis 2007), est le manque de contacts professionnels. Et tout le temps que je consacre à mes voyages et à l’écriture n’arrange rien. Je me sens très à l’aise désormais avec l’écriture, surtout quand il s’agit d’un projet qui me tient à cœur. L’écriture de documentaires me passionnerait. Cependant, faute de commandes et de contacts pour les initier, cela ne s’est pas encore fait. En outre, depuis 2007, j’ai publié une quinzaine d’ouvrages. Ce qui, en neuf ans, fait tout de même beaucoup. J’ai également travaillé à développer un cycle de conférences sur la Chine et à les animer. Cela m’a d’ailleurs permis de découvrir que je menais l’écriture de ces conférences comme quelque chose proche du roman d’aventure (mais sans fiction) et donc du documentaire.

J’ai tout particulièrement ressenti ce plaisir du documentaire lors de ma Mission Stendhal à Shanghai, pendant laquelle, à la différence de mes autres voyages, je prenais chaque jour des notes, des photos, des vidéos, en vue de rédiger mon rapport de fin de mission à l’Institut français. J’ai écrit ce rapport sur ma « quête » du dernier maître chinois qui enseigne l’art martial de l’éventail (Maître de la 12ème génération) comme un documentaire, même s’il n’est resté qu’au stade de rapport (et de conférence).


7 – cde Dans vos récits, le genre policier, au sens large du terme, est assez présent ; est-ce un genre que vous affectionnez particulièrement?

Oui, mais pas davantage que le reste de mon travail littéraire. La difficulté dans ce cas précis, et pour être bien publié, est de répondre aux codes qui sont en vogue. Sans être non plus un spécialiste de la littérature policière, il semble que celle-ci soit soumise à des modes, tels « le polar nordique » ou le « polar fantastique »… Ce qui amène une production reposant davantage sur des auteurs traduits ou d’autres qui font à la manière de. Comme je le disais plus haut, ce qui m’intéresse, c’est de traiter un fait réel à la façon d’un thriller : la recherche documentaire sur les faits devient recherche « en terrain dangereux » du personnage principal. Sans nécessairement de gendarmes et de voleurs, ni une profusion de scènes violentes ou crues où l’auteur se défoule dans la recherche de la perversité absolue, car ce n’est pas trop mon truc.

Je viens de terminer un polar qui se déroule en Chine, basé sur des faits réels. Mais je sais qu’il me sera difficile de trouver un éditeur.

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8 – cde Vous êtes aussi conférencier : dans quel cadre, pour quel public intervenez-vous? Quels sont les sujets les plus demandés?

J’ai lancé cette activité il y a quatre ans environ, en réponse à des demandes qui m’étaient faites. J’ai commencé dans une démarche « bénévole » pour aider des associations caritatives ou culturelles qui cherchaient des thèmes d’animation. Puis, je me suis pris au jeu. Mais compte tenu du travail que nécessite l’écriture d’une seule conférence, j’ai compris qu’il fallait que je trouve le moyen d’être rémunéré. Je traite toujours de la Chine, mais sur des thèmes très différents : la Chine contemporaine, économie et géopolitique… traditionnelle, avec la calligraphie (un vrai défi que de traiter pareil sujet sous forme de conférence, sans encre ni pinceau  ) ou les grands penseurs comme Confucius, ou même historique avec le siècle des Lumières et l’aventure des premiers jésuites en « terre inconnue », etc.

Ces conférences peuvent être suivies individuellement ou dans le cadre d’un cycle. J’ai la chance de travailler avec des associations culturelles franco chinoises (comme celle, excellente, de Limoges), des Universités du Temps libre, le Lions Club, bientôt l’Alliance française, etc. Une activité qui demande beaucoup d’investissement personnel pour être développée. Alors je fais confiance au temps.


9 – cde Avec toutes vos activités, avez-vous encore le temps de voyager? Quels voyages souhaiteriez-vous faire à l'avenir?

Si l’on parle de voyages hors de France, j’ai pu continuer à en faire très régulièrement jusqu’en 2015. Début décembre 2014 j’étais à Hong Kong et j’enchainais avec presque trois mois passés en Tasmanie, into the wild. Il y a longtemps, que je partage mes voyages entre Asie et Australie. J’ai développé une véritable passion pour ce continent et en particulier sa faune extraordinaire. Vous aurez remarqué que, dans la plupart de mes ouvrages, le thème de la nature et de la préservation des animaux est présent. J’ai le sentiment que l’Australie m’apporte beaucoup sur ce sujet et pourrait bien être, un jour ou l’autre, l’objet de nouveaux récits.

J’ai eu la chance que le « Fleur de Printemps » paru en 2015, Aïko, la jeune fille à l’éventail, soit sélectionné pour le Prix des Incorruptibles 2016-2017. Cela veut dire de nombreux déplacements à prévoir dans toute la France, à la rencontre des élèves lecteurs. Aussi j’attendrai 2018 pour un prochain grand (et long) voyage, probablement partagé entre Tasmanie et Australie, où j’ai encore tellement à découvrir.

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10 - cde Nous attendons vos nouveaux romans... pouvez-vous nous en parler?

Cette année, comme chaque année, est paru un Fleur de Printemps : Le Trésor des Pandas Géants. Je dois donc travailler au prochain épisode de la série. Pour les autres collections, je préfère ne pas en parler pour l’instant.


11 - cde Si vous deviez présenter une oeuvre dans le Musée Guimet ou Cernuschi quelle serait-elle?

Le Musée Guimet, plus grand que Cernuschi (que j’aime aussi beaucoup), offre une multitude d’œuvres admirables. Comment choisir ? D’autant que, ce que j’aime lors de telles visites, c’est davantage l’atmosphère créée par l’ensemble des collections qu’une seule œuvre en particulier. J’avoue malgré tout une préférence pour ces longs rouleaux de peinture sur soie (ou sur papier de riz), que l’on découvre/lit à la manière d’une bande dessinée. Des peintures riches en détails, notamment sur la vie des Chinois de l’époque dont elles sont les témoins, et sur les paysages, l’architecture…. Je pense en particulier à deux fragments de la fresque de Wang Hui (qui en comptait douze à l’origine), que possède Guimet et qui sont parfois exposés. Wang Hui a illustré le voyage de l’empereur Kang Xi dans le sud du pays, et son œuvre foisonne de détails sur la vie des Chinois durant la dernière partie du 19è siècle. Je trouve fascinante la contemplation de ce genre de fresques, à la recherche des plus petits indices que nous offre l’auteur.

Mais le véritable coup de foudre pour un objet exposé dans un musée, c’est à Xuzhou, une « petite » ville sise au bord du Fleuve Jaune, au centre de la Chine, que je l’ai ressenti. Dans ce musée, j’ai découvert l’une des plus belles collections de jades qu’il m’ait jamais été donné de contempler (plus belle, selon moi, que celles de Pékin ou de Shanghai). Et, en particulier, ces armures intégralement sculptées dans du jade, que l’on réservait aux cadavres des plus valeureux combattants chinois. Un choc émotionnel très fort, inoubliable !


12 – cde Un souvenir de la Chine... une couleur? Une odeur? Un goût? Une matière? Un bruit?

Des milliers de souvenirs ! qui aujourd’hui peuplent mon écriture à chaque nouveau roman sur la Chine ! Mais puisque là aussi il faut choisir… (je ne choisirai que des souvenirs « positifs ») :

Une couleur : le trait jaune orangé que dessine l’apparition du soleil au sommet du mont Taishan à quatre heures du matin. Le mystère de la vie tout entier en un tableau.

Une odeur : celle des pins que le soleil réchauffe, allongé dans une petite clairière, près d’un temple, et d’un cerf qui m’observe, dans le nord de la Chine.

Un goût : j’adore la cuisine chinoise (à quelques rares exceptions, comme « le tofu qui pue » ou la salade de méduses et d’holothuries) alors, en matière de goûts, il y a profusion ! Je choisirai celui des Xiaolong bao dont Shanghai s’est fait une spécialité. Un plat basique, que l’on assimile à la « cuisine de rue ». Mais je me rappellerai toujours mon premier Xiaolong bao et le moment ou la fine pâte de cette bouchée farcie éclate en bouche, libérant un jus merveilleusement parfumé (et brûlant !!). Ce jus est le résultat d’une gelée qui enrobe la farce et qui fond lors de la cuisson. Astucieux et très aromatique. Difficile de s’arrêter lorsque l’on a commencé .

Une matière : le bambou, la soie, le jade ? Le bambou !

Omniprésent, du sud au nord. Son toucher doux comme la soie, sa couleur de jade.

Pour sa complicité avec les amoureux qui gravent un mot d’amour sur son tronc encore frêle et qui ne pourra ainsi que grandir avec lui, au fil du temps.

Un bruit : celui de la foule qui se presse dans les temples, mêlant chants et prières aux crépitements des feux allumés un peu partout ainsi qu’au tumulte du quotidien chinois.

merci pour cet échange!

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