VACANCES AUX INDES

"VACANCES AUX INDES" / Ed. Piccoli (série Le Monde), cop. 1957

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Marinette, une fillette européenne, après un long voyage vient d'arriver aux Indes. Elle a été invitée à visiter ce magnifique pays par deux amis Hindous.

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"Que de choses je vais voir et apprendre", se disait la petite européenne pendant son voyage, le coeur plein d'émotion... Dès sa descente du train, Marinette a retrouvé, sur le quai de la gare, ses deux amis, le frère et la soeur, qui l'attendaient et l'ont accueillie joyeusement.

Devant la gare, sur la place, une jolie voiture à quatre roues, à bâche multicolore, attelée d'un beau cheval, une "ekka" les attendait, un petit singe assis sur le siège. Marinette avait regardé avec curiosité en demandant :

- Que fait là ce petit singe?

- C'est un cadeau pour toi, les répondirent les petits Hindous. Il est aussi fidèle et gai qu'un petit chien.

Marinette avait battu des mains joyeusement. Qu'elle était donc heureuse d'être aux Indes!...

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Les petits Hindous prièrent Marinette de se reposer, après son long voyage, et la fillette écouta leur conseil.

Le jour suivant les trois amis, très enthousiastes, commencèrent à se promener par la ville.

Marinette avait l'impression d'être dans un monde inconnu. Tout était tellement nouveau pour elle! Les chameaux marchaient dans la rue d'un air humain : peut-être étaient-ils fiers de leurs manteaux multicolores et des magnifiques noeuds qui les ornaient.

Marinette ne savait plus que regarder ; les personnes ou les magasins, les chameaux ou les maisons?

Quelles étranges maisons! Et quelles belles portes...

Voici un marchand de fruit. Son magasin est vraiment original. C'est une haute corbeille, à la forme élégante, portant un plateau plein de fruits magnifiques.

Le petit Hindou est nu-pieds avec un gros turban sur la tête.

- Veux-tu cette belle pastèque? demande t-il. Elle est douce comme le miel.

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Marinette a l'impression d'être la vedette d'un film extraordinaire et, séduite apr toutes les choses qui s'offrent à sa vue, elle ne eprd aucune occasion de les regarder.

Aujourd'hui, sa petit amie Hindoue l'a enmenée dans les magasins. La voici dans la boutique d'un marchand de bracelets et de coliers. Marinette était demeurée stupéfaite déjà avant d'entrer : cette grande porte avec un arc à flèche était une merveille...

Puis, après être entrée, elle ne trouvait pas de mots pour exprimer sa surprise. Elle n'avait jamais vu un magasin semblable. Le marchand était assis, les jambes croisées, sur un large banc de bois.

Autour de lui se trouvait sa marchandise. Il en discutait le prix avec ses clients commodément agenouillés devant lui. Des bracelets, des colliers à grandes plaques, des vases de verre, des petites boites à bijoux... Quelle richesse de couleurs!

"L'inde est un pays plein de soleil, pensait Marinette, et toutes les choses ont un air de fête, même les bracelets et les colliers..."

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Les deux petits Hindous se sont arrêtés pour regarder une scène que l'on peut voir communément dans leur pays. Un fakir est étendu sur une planche couverte de clous. Les terribles pointes ne le préoccupent pas du tout et les gens, autour de lui, le contemplent, ahuris.

Le fakir, étendu sur son étrange lit, semble tranquille et regarde autour de lui, content de lire l'étonnement sur le visage des spectateurs. Tout à coup, la petite Hindoue touche l'épaule de son frère :

- Où est Marinette? demande t-elle.

L'enfant hindou se retourne préoccupé : - je ne sais pas, répond t-il. Je croyais qu'elle était là, près de nous. Le spectacle du fakir l'aurait beaucoup intéressée.

- Certes, répond la petite Hindoue, mais ce n'est pas cela qui me préoccupe. Si Marinette avait perdu son chemin? Elle ne connait pas notre ville. Allons à sa recherche...

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Les deux petits enfants sont partis chercher Marinette. Mais où est-elle donc allée se fourrer, cette petite curieuse? La voici dans la boutique d'un sculpteur!

Les idoles d'ivoire ou de jade sont magnifiques et très recherchées aux Indes ; beaucoup de sculpteurs se livrent à ce travail.

Le petit artiste s'amuse à sculpter un éléphant blanc et Marinette le regarde avec un très grand intérêt.

- Quelle merveille! s'écrie la fillette, et elle voudrait demander un tas de choses au petit sculpteur, mais celui-ci, malheureusement, ne comprend pas sa langue.

- Quelle merveille! répète la fillette en elle-même et, comme elle sourit d'un air étonné, le petit sculpteur la regarde en souriant à son tour. Les mots parfois ne sont pas nécessaires pour se comprendre et un sourire met de la douceur dans le coeur de tous les hommes, quelle que soit la langue qu'il parle.

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Après avoir cherché Marinette dans toutes les boutiques, finalement les deux petits Hindous l'ont trouvée.

Mais les surprises ne sont pas finies pour la fillette blanche. Voici une petite scène vraiment intéressante.

Un charmeur de serpents est assis par terre et joue de la flûte tandis qu'un naja, gonflant son cou, est en train de se dresser au-dessus d'un panier rond dans lequel il était enfermé.

- Quelle est cette petite bête près des pieds de l'homme? demande Marinette, surprise.

- C'est une mangouste, répond la petite Hindoue. Les mangoustes sont les plus grands ennemis des serpents et des vipères.

- N'est-ce pas dangereux de rester près d'ici? demande Marinette et, pour plus de prudence, elle s'assied sur le petit mur.

- Non... répond l'enfant hindou. S'il venait au naja le désir de s'enfuir, la mangouste le saisirait derrière le cou en lui brisant les vertèbres de ses terribles dents.

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Aux Indes, il semble que l'on vive dans le monde des fables. Marinette ne sait pas quel spectacle l'a le plus intéressée. Mais cette fois, son étonnement est vraiment illimité!

Tandis qu'elle traverse un grand boulevard, voici que s'avance un énorme éléphant. L'élégance de ses harnachements et leurs splendides couleurs ne laissent aucun doute ; c'est l'éléphant du grand Maharajah.

Marinette s'arrête pour regarder, son petit nez en l'air, elle voudrait être grande, grande pour arriver à mieux voir toute chose.

Là-haut, au sommet du dos de l'éléphant, est assis le Maharajah, comme sur un trône merveilleux.

Le serviteur conduit l'étrange monture d'un air important. Même l'éléphant parait savoir qu'il est un personnage de marque, il s'avance d'une façon altière, fier de porter son illustre fardeau.

Marinette se dit "Je n'ai jamais vu un éléphant aussi élégant : il a un chapeau qui lui arrive jusqu'au nez, un beau collier et des anneaux à ses défenses...

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Les jours passent très vite quand on s'amuse, et Marinette, voudrait bien que le temps de ses vacances ne finisse jamais. Les journées sont pleines de soleil et les fleurs resplendissent de couleurs merveilleuses.

- Bonjour, Marinette dit le petit Hindou la saluant en passant sous sa fenêtre.

- Bonjour, répond la fillette en agitant la main, et bonne chasse!

L'enfant est très content ce matin : la chasse avec le léopard encapuchonné est sa passion.

Marinette n'avait jamais entendu parlé de cette espèce de chasse et elle a posé mille questions : -N'est-ce pas dangereux de tenir un léopard à la laisse?

- Il est dressé! lui dit le petit Hindou pour la rassurer. Mon léopard est un as dans la chasse aux antilopes. J'espère bien pouvoir en prendre une, car je veux te l'offrir en cadeau...

Marinette sourit : "Une antilope en cadeau!" pense t-elle en écarquillant les yeux d'étonnement.

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C'est le soir des adieux. Demain matin, Marinette reprendra le train pour rentrer à la maison. L'air est tiède et, au pays hindou, les habitants s'arrêtent pour bavarder dans la rue, autour de petits feux.

- J'espère que tu reviendras, dit la fillette hindoue.

- Tu auras bientôt d'autres vacances, n'est-ce pas? demande le petit garçon.

Marinette est émue de tant d'amitié.

- Je reviendrai, promet-elle, mais je ne sais pas quand. J'emporte de bien beaux souvenirs avec moi : ceux des chameaux et des éléphants, des petits singes et des léopards... Et je vous donne une grande place dans mon coeur, chers amis, qui êtes si bons et si hospitaliers. Je mettrai dans un tiroir mes petits souliers à la pointe relevée, mes voiles et mes vêtements hindous. De temps en temps, j'ouvrirai le tiroir pour regarder toutes ces choses. Alors je fermerai les yeux et j'aurai l'impression d'être encore aux Indes. Et je serai de nouveau heureuse, comme je l'ai été ces jours passés près de vous.