LE CHEVAL DU PAYSAN

"LE CHEVAL DU PAYSAN" /Texte de Lou Ping ; ill. Lieou Hatong. - 1ère éd. 1959. - Ed. en langues étrangères (3ème éd.), 1965

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C'était déjà le crépuscule quand nous arrivâmes au sommet de la montagne. Après avoir fait halte un moment, nous entreprîmes la descente de l'autre versant.

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Le chemin était si escarpé que nous fûmes obligés de dévaler le versant avec la rapidité d'une cascade.

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Arrivés au pied de la montagne, nous aperçûmes, se dirigeant de notre côté, un paysan qui trainait un cheval derrière lui.

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En nous voyant, il fit vivement demi-tour, et s'enfuit à toutes jambes, laissant là son cheval. Nous n'avions même pas vu s'il était vieux ou jeune. Qu'est-ce que cela voulait dire? Pourquoi cet homme se sauvait-il en abandonnant son cheval? Vraiment, c'était une chose qui ne nous était jamais arrivée.

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Lao Kouang, un de nos camarades, essaya de l'arrêter, en criant "Ohé! Ohé!"

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Mais le paysan courait de plus en plus vite, n'osant même pas retourner la tête. Lao Kouang se lança à sa poursuite.

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Après un moment, Lao Kouang revint seul. Tout essoufflé, il a dit à l'instructeur : "Qu'est-ce que cela signifie? Pourquoi les paysans d'ici ont-ils tellement peur de nous? Il s'est enfui vers la montagne et je l'ai perdu de vue."

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L'instructeur lui répondit : "Il nous a probablement pris pour des soldats du Kuomintang que les paysans craignent comme la peste! Reste ici avec le cheval et attend que le paysan revienne le reprendre. Puis, tu nous rattraperas!" Et le gros du peloton continua sa route.

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Lao Kouang resta seul avec le cheval et attendit. Il flattait l'animal et se sentait pris d'affection pour lui.

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Après avoir marché encore une demi-heure, nous arrîvames dans un village. Le ciel commençait à s'assombrir. Nous nous arrêtâmes pour nous reposer un peu. Nous avions encore une dizaine de kilomètres à faire.

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Nous buvions et bavardions, tout en attendant le camarade Lao Kouang.

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Peu de temps après, Lao Kouang arriva avec le cheval.

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Il s'apprétait à donner des explications, mais l'instructeur l'interrompit.

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Prenant la bride et caressant doucement le cheval, l'instructeur dit à Lao Kouang : "Tu sais bien que nous autres, soldats de l'Armée populaire de libération, ne toucherions jamais au moindre brin de fil ou à une seule aiguille appartenant au peuple. Il faut absolument qu'on retrouve le maître de ce cheval et qu'on lui rende sa monture!" Lao Kouang répliqua vivement : "Mais il est revenu le chercher, et je lui ai déjà rendu. Seulement en courant tout à l'heure, il s'est foulé le pied, et ne peut pas marcher vite. Il va bientôt arriver!"

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En effet, le paysan arrivait en boitant. C'était un homme d'environ cinquante ans. En le voyant, tout le monde le monde l'acclama joyeusement.

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S'emparant des deux mains du camarade Lao Kouang, il lui adressa mille remerciements. Celui-ci rougissant d'embarras, lui répondit : "C'est mon instructeur qui m'a ordonné de vous le rendre ; c'est notre président Mao qui nous a enseigné d'agir ainsi avec les biens du peuple."

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Le paysan serra ensuite la main de l'instructeur qui lui demanda : "Pourquoi vous-êtes vous enfui tout à l'heure? Et pourquoi revenez-vous maintenant?" L'homme répondit : "Oh! Je voulais chercher refuge dans la montagne pour échapper aux troupes du Kuomintang. Ils sont capables de tout ceux-là! massacrer, piller...! Maintenant que l'Armée de libération est venue, je n'ai plus rienà craindre!"

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En racontant qu'il avait souffert sous la domination du Kuomintang, il avait les larmes aux yeux. Mais, maintenant, assuré de la protection de ces soldats du peuple, il était tout à fait heureux. C'est en souriant qu'il leur dit adieu et s'éloigna.

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