LE RACISME

Racisme anti-asiatique dans le livre pour la jeunesse

Le racisme est universel. Dans le livre pour la jeunesse, la frontière est parfois étroite entre la représentation identitaire et la caricature, mais le racisme vu de France n'est pas le même qu'aux Etats-Unis et bien différent aujourd'hui.

Aux sources du racisme

Le racisme existe partout mais dans la littérature pour la jeunesse, le racisme envers les asiastiques est particulier. Il se singularise par :

- L’identification de l’Asie

- La place du livre et des auteurs asiatiques pour la jeunesse

- Les asiatiques hors d’Asie

- Le COVID

Qui sont les asiatiques ?

Le racisme, c’est la peur de l’autre, des différences, de l’inconnu… Pour les asiatiques, la problématique est d’autant plus complexe que peu de personnes sont capables aujourd’hui de définir ce qu’est l’Asie.

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Emmanuel Lemaire nous présente sa voisine indonesienne ("Ma voisine est indonésienne" éd. Shampoing) et nous précise qu'elle vient d'une partie du pays qui n'est pas située en Asie.

L’Asie a des frontières différentes selon que l’on se réfère à une définition géographique ou géopolotique. Mais pour une majorité de personnes, c’est une distinction physique, liée à la couleur de peau et à la forme des yeux. Longtemps assimilé aux chinois, le visage des asiatiques change : plus coréen ou japonais avec l’engouement pour le manga et la k-pop, ce sont de nouveaux migrants qui arrivent en France : afghan, syriens, et avec eux, d’autres aspects physiques et d’autres mœurs.

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Où l'on décrit le physique des chinois dans la très éducative revue PMF, en 1959

Les nord-américains distinguent quant à eux deux autres groupes asiatiques : le sous-continent indien et le Pacifique.

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Les communautés recensées dans les livres pour la jeunesse aux USA et, pour l'Asie, des sous-groupes.

Ces confusions génèrent deux facteurs racistes : la caricature physique et culturelle – qui un temps n’étaient pas considérés comme tel - et identitaire : ils viennent tous des mêmes pays, réduisant leur culture à une même langue et religion.

- Livres et auteurs

La place du livre pour la jeunesse en Asie est particulière aussi : si l’édition indienne et japonaise entre autres sont très dynamiques, la Chine n’a à l’origine pas de distinction d’édition pour la jeunesse, tandis que d’autres pays publient essentiellement des livres éducatifs, voir religieux comme le Pakistan.

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l'éducation écologique des petits thaïs et l'alphabet pour les philippins

Les langues n’ont pas les mêmes frontières que les pays : en Inde, chaque état a ses langues officielles, tandis que l’ourdou est partagé entre le Pakistan et l’Inde… Nombreux livres traduits en français sont tout d’abord traduits en anglais.

Le lecteur a entre ses mains un livre formaté, aussi bien pour ce qui concerne l’écriture que l’illustration. Si les langues latines visuellement se ressemblent, elles sont très différentes dans la forme et l’espace occupé sur une page pour les langues orientales ; l’illustration est aussi adaptée au pays du lecteur : des personnages asiatiques américains sur une couverture deviendront « neutres » ou plus précisément blancs dans un pays où le communautarisme ne prévaut pas.

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quand l'écriture est aussi belle que l'illustration... qui change en même temps que la traduction

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Les auteurs asiatiques sont très connus, mais en France notre regard sur l’Asie est orienté par une vision fantasmée d’auteurs français, et par les traductions importantes (de l’anglais) d’auteurs américains d’origine asiatique, surtout avec l’essort de la « young adult ».

Auteurs asiatiques vivant hors d’Asie, livres traduits de l’anglais,… les différentes cultures asiatiques sont bien transformées et adaptées avant d’être présentées aux lecteurs français.

Asiatiques hors d’Asie

Vu de France, L’Asie dans la fiction s'est construite avec les premières planches de BD et romans pour la jeunesse où nos jeunes héros français se rendent dans des pays colonisés, pauvres, et ainsi, dominant une population soumise et peu instruite. A cette époque (années 1960) les familles occidentales jouissaient du luxe et d'un personnel peu coûteux : trouver ces personnes stupides mais gentilles était presque une marque de bienveillance. "Tu joues avec le fils de la cuisinière? (...) Pourquoi? - Mais... parce qu'il est tout à fait gentil!" ("Sylvie à Hong-Kong", 1955). En France, la discrétion et adaptabilité des migrants, même s'ils font l'objet de nombreux fantasmes, forgent leur identité par les quelques traits communs que les français reconnaissent : jaunes aux yeux bridés, ils sourient, sont disciplinés, discrets et obéissants ; ils sont tous restaurateurs et mangent tout, même les chiens! 

Cette représentation des asiatiques n'a guerre évoluée entre le début du siècle et les années 2000.

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De "Félix le chat" en 1937 où l'on se moque du cuisinier chinois qui veut faire cuire le chat à "Trois monstres" (D. McKee) en 2005, où le monstre jaune avec une natte est souriant et travailleur... 

Le racisme jusqu’au début du XXIème siècle était lié à notre perception des asiatiques hors d’Asie, vivant ou évoluant près de chez nous, lié à l’histoire des colonisations, guerres et migrations.

Nous le constatons avec l’édition française des années 1960 à 1990. Plusieurs collections remarquables nous proposent de vivre avec de jeunes asiatiques, parfois dans des contrées très éloignées ou inconnues des touristes : ces docu-fictions sont très réalistes avec des photographies pour illustrations. Ainsi, l’Iran, le Kurdistan, Bornéo, le Tibet ou la Mongolie n’ont plus de secrets pour le jeune lecteur. Pourtant, la présence des asiatiques en France, discrète et mystérieuse laisse courir des rumeurs et des préjugés que certains auteurs relatent dans des albums et romans.

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de nombreux documentaires nous font vivre le quotidien d'enfants dans les pays les plus éloignés, les moins connus (photo "Djafar le petit iranien")

A la fin du XXème siècle, le documentaire a presque disparu avec l’arrivée d’internet. Seul le jeune lecteur curieux et à l’aise avec internet saura rechercher des informations sur l’Asie. Pour les autres, ce sera essentiellement la fiction : BD, roman, conte ou album. Mais la vie en Asie n’existe plus :

les auteurs français donnent pour cadre à leur jeune héros un décors très caricatural : un empereur dans une cité interdite en Chine ou des asiatiques (donc chinois) en France qui sont restaurateurs, fourbes, souriants, discrets et pratiquant le kung-fu, avant de devenir geek avec l’essor de l’informatique.

Cette caricature est exacerbée par la mode des bandes d’enfants dans les séries romanesques, où chaque individu représente une région du monde.

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Années 1990 et les bandes d'enfants dans les séries : des "Compagnons de la peur" aux "Guerriers du réel", que ce soit dans une Chine ancienne ou moderne, notre héros représentant l'Asie est chinois, vivant dans le 13ème à Paris, cérébral et geek... 

Vu des Etats-Unis, l'édition offre des titres destinés aux communautés : certains ne proposent que des livres éducatifs religieux, bien loin de la laïcité française, d'autres des histoires exclusivement communautaires. Ainsi chaque lecteur est représenté... dans sa communauté, ce qui n'empêche pas le racisme. A la fin du siècle dernier, le roman pour adolescent anglo-saxon, suivi plus tard par la "young adult" déferle en France et nous pouvons découvrir la vie des différentes communautés avec ses préjugés et souffrances.

Pour les américains, un asiatique ressemble à un asiatique, même si les communautés différentes existent jusque dans les quartiers des villes : avec "American Born Chinese", au début du siècle,  nous découvrons dans un établissement scolaire qu'ils n'ont aucun lien culturel, historique, de langue ou de nourriture : ils sont chinois, japonais, coréens... et sont très différents. Cette souffrance d'être assimilés à un groupe à part se ressent jusqu'entre élèves de même origine, où un élève d'origine chinoise précise à un autre qu'ils sont aux Etats-Unis et que l'on parle anglais. 

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"Excuse-moi de te déranger mais tu es chinois n'est-ce pas?" - "Tu es en Amérique, parle anglais!"

Nous partageons les problématiques des asiatiques dans trois genres de romans :

L' asiatique "raté" : le personnage est seul, moqué pour ce qu'il représente ; "Loser's club" de John Lekich évoque la dure vie de tous les ados "ratés", ceux que l'on aime pas : moches, boutonneux et mal dans leur peau : ils décident de former un club, dans lequel l'un des héros est d'origine chinoise, avec un papa très riche... parce qu'être asiatique c'est être un élève brillant ou avoir une famille riche. Quant à "La fabuleuse histoire de la mouche dans le vestiare des garçons" d'E. Lockhart éd. Casterman évoque les relations d'une jeune lycéenne avec les garçons : elle est d'origine asiatique et ses origines sont un sujet dans le roman.

L' asiatique inaccessible : Victor, héros de la série "Cathy's book" de Sean Stewart et Jordan Weisman n'est autre qu'un riche et beau chinois. Si les chinois sont toujours un peu mystérieux, sauvages, geek, leurs traits de caractère sont aussi des atouts. Ils sont désirables. La caricature est ici inversée et sa différence est un atout : mais ce côté "inaccessible" peut se révéler aussi négatif. Peut-on aimer un chinois, justement à cause de ce caractère mystérieux, distant... l'héroïne dira de Ted, le chinois de "un blog trop mortel" de M Roux : "Ted étudie la biochimie à la fac. Son visage est empreint d'une expression studieuse, surhumainement intelligente, qui fout la trouille aux littéraires - même à mon niveau avancé"  "Un blog trop mortel" est l'exemple du livre où les héros sont de toutes origines mais ici, notre chinois ne sera pas décrit par ses caractéristiques physiques mais par son caractère, qui lui vaut une forme de rejet dans le groupe.

L'asiatique et sa communauté : plusieurs romans évoquent le racisme vécu par les communautés, comme en Angleterre où la communauté pakistanaise affronte les anglais pour une histoire d'amour "Pris entre deux feux de Gibbons ; le racisme dans les communautés est aussi évoqué mais cette fois avec des parents qui surveillent leurs enfants et stigmatisent les occidentaux, vivant aux USA avec leurs us et coûtumes : Frankly "Frankly in love" D. Yoon est amoureux d'une blanche mais ses parents vivent dans la communauté coréenne et hors de question pour eux de sortir de cette élite ; avec l'héroïne de "Ce sera moi" (L Lee éd. Hachette), l'ado doit faire face au racisme coréen qui la rejette pour son physique alors qu'elle est d'origine coréenne.

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"Motel Calivista" de Kelly Yang (éd. A. Michel) a pour héroïne une jeune chinoise venue avec ses parents. Nous découvrons ces nouveaux migrants exploités, parfois par des asiatiques : ici le méchant est un taiwanais ; il y a aussi des chinois n'ayant aucune honte à fouiller les poubelles, partageant leurs mésaventures avec des migrants mexicains ou des noirs américains. Le patron d'origine taiwanaise dit à son fils que les chinois aiment rester assis à ne rien faire et à cracher par terre. 

Nouveaux migrants

Au début du XXIème siècle, les asiatiques sont bien victimes du racisme, mais en France.

Les chinois et vietnamiens maintenant intégrés, ce sont surtout les sans-papier qui en font les frais : des chinois venant d'une autre région, pauvres, de Belleville, afghans, syriens, pakistanais…

Un sujet plutôt simple à traiter pour la jeunesse : expliquer que ces migrants asiatiques ne sont pas si différents, sont souvent instruits, intelligents, gentils et ont traversé les pires dangers pour fuir leur pays. Mais en France, c’est sous un autre angle que le racisme est présenté : Plusieurs romans évoquent le sujet. Malheureusement, le lecteur n’apprendra rien ou peu sur l’histoire de ces migrants, au point qu’il ne peut s’identifier ou s’attacher à ces personnages. L’auteur porte un jugement sur l’attitude des enfants ou adultes qui les cotoient : la caricature est alors inversée. Il y a le bon personnage qui va les aider, et le mauvais personnage, raciste, souvent un adulte représentant l’état par ses fonctions qui sera le méchant. C'est notre comportement face à ces migrants qui est analysé. Christophe Léon n'est pas qu'auteur, il est aussi directeur de collection abordant des questions éthiques, sociales et écologiques (Rester vivant éd. Muscadier). "Et j''irai loin, bien loin" éd. T Magnier évoque l'arrivée d'afghans à Calais. Mais l'auteur analyse le comportement d'une famille française qui va les aider. On ne saura rien d'eux, ni d'ailleurs si les afghans arriveront en Angleterre. Plus problématique, Myren Duval "Délit de solidarité" éd. Rouergue, confronte des collégiens à des clandestins syriens ; on n'apprendra presque rien de ces syriens, on ne pourra même pas s'attacher à eux tant ils sont peu évoqués dans ce récit. L'histoire rocambolesque est improbable : les jeunes ados sont très politisés, tenant des discours d'adultes, sauront contacter l'avocat spécialiste des migrants à Paris. L'autrice nous dit qu'il faut avoir peur des policiers et ne pas hésiter à enfreindre les lois....

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"Tao et Léo" I. Thobois raconte l'arrestation de sans-papier chinois à Belleville : comme dans les récits de la seconde moitié du XXème s., pour les français, les chinois sont discrets, gentils, travailleurs et obéissants. Tao et sa famille, sans-papier sont discrets, très gentils, dociles et travaillent dur dans un restaurant. Un gentil camarade français va prendre Tao sous sa coupe, depuis qu'il a vu le défilé du Nouvel An et, grâce à des personnes bienveillantes, ils feront face aux méchants policiers venus les expulser. Nous n'apprenons que peu sur cette famille.

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La gentille famille chinoise qui travaille dur dans le restaurant et le gentil copain français

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la gentille professeure, "qui a des principes" et les méchants policiers

Ce regard "positif" et caricatural de l'asiatique discret, gentil, docile n'est pas une singularité française. Pourtant, nous l'avons vu aux Etats-Unis, une fille ne pourra aimer Ted parce que "trop intelligent" et "trop beau", de même que le personnage de Victor est caricaturé mais "positivement". En Suède, le jeune vietnamien de "Faire le mort" n'est pas agressé par ses camarades parce qu'il est le seul "étranger", peut-être parce que plus mature, plus intelligent même s'il n'est pas perçu comme tel. Mais il n'accepte pas d'être une victime et il va se venger. L'étranger docile et obéissant n'a donc pas évolué depuis le siècle dernier en France.

Nouvelles générations

Avec les nouvelles générations, ce sont de nouvelles formes de racisme qui se développent : les jeunes adoptés sont adultes, quant aux descendants de migrants, ils s’expriment sur leur histoire ou sur l’histoire de leur communauté, en France ou aux Etats-Unis.

Pour nos jeunes héros français, c’est la difficulté de retrouver leurs racines, puisqu’ils sont moqués, traités de « chinois » ; c’est la volonté de sortir du silence, de ne plus subir. Alex, le personnage de S Kao ("le banc") qui vit déjà mal le fait de ne pas connaître le pays de ses parents, semble aussi souffrir de ne pas être identifié comme d'origine taïwanaise. Pour de nombreux auteurs et surtout autrices, ce n'est pas tant raconter leur vécu avec le racisme mais libérer leur parole, raconter leur histoire, sortir des clichés, devenir visibles.

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Pour nos jeunes héros américains, c’est parler de l’histoire de leur communauté, du rapport à l’évolution de la société et des liens entre différentes communautés. A la fin des années 2010, de nombreux témoignages évoquent les camps de japonais puis pakistanais aux USA pendant la guerre, les enfants de couples mixtes. Ira Ishida "L'enfant phoenix" éd. Le lézard noir quant à lui évoque la vie des Tokyoïtes au moment du bombardement de Tokyo, mais aussi sa vie de migrant car métisse : il a quitté les Etats-Unis où son père américain est resté, pour s'installer au Japon, rejeté par les américains ; mais à Tokyo, il est perçu comme un traitre, d'autant qu'il a un physique occidental et parle anglais.

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L’histoire en héritage.

A la fin des années 2010, le wokisme prédomine aux Etats-Unis. La question se pose alors de savoir si une personne non asiatique peut s'approprier une histoire, une identité qui n'est pas la sienne.

R. Kuang, avec « Yellowface » aborde la problématique de cet héritage de la mémoire des communautés asiatiques aux Etats-Unis et pose la question sur la légitimité identitaire : une écrivaine blanche peut-elle s’approprier cette mémoire ? 

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- Le COVID

Plusieurs attentats et catastrophes, attentats du 11 septembre, de Paris,… ont eu pour conséquence de multiplier des actes racistes envers certaines communautés, surtout musulmanes. Mais l’année 2019 va marquer plus profondément les communautés asiatiques à travers toute la planète. Le COVID est sans précédent dans notre histoire contemporaine : ce virus vient de Chine et comme tous les asiatiques sont chinois… ils seront fortement agressés dans de nombreux pays. Le racisme n’est plus lié à la perception de son voisin, mais plus globalement à des communautés dans le monde.

Aux Etats-Unis, ce sont les associations d'auteurs d'origine asiatique qui manifestent contre le racisme : des quartier mythiques comme le chinatown de San Francisco, emblématique de la ville se vide face aux agressions qui se multiplient. Les chinatown sont aussi des livres à ciel ouvert puisque la vie des communautés est peinte sur les murs.

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A la Nouvelle Orléans, l'histoire des migrants asiatiques peinte, comme une BD, sur les murs de la ville

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A San Francisco, l'activité, la vie de la communauté chinoise s'étale sur les murs du chinatown

Maintenant le racisme anti-asiatique est clairement évoqué et les chinois, principalement touchés ne se laissent plus intimider. Avec "This place is still beautiful" de Xixi Tian, la famille se défend suite à des tags racistes peints sur la maison ; "Je suis un citoyen américain" est le récit d'un jeune chinois qui ira en justice pour que la loi reconnaisse sa citoyenneté.

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En France, nous l'avons observé, les asiatiques sont une "minorité silencieuse", que l'on oublie, rarement dans les débats liés au racisme. Pourtant, cette communauté va pour la première fois manifester dans le chinatown de Belleville à Paris, puis comme partout dans le monde, les agressions des asiatiques se multiplient avec l'arrivée du COVID.

Minh, un jeune ado d'origine vietnamienne de banlieue parisienne, refuse de subir le racisme : contrairement à ses parents, il décide de se défendre. Au-delà même du racisme abordé dans de nombreux romans, Christophe Léon affiche, avec le titre "#Stopasianhate", reprenant le slogan américain (éd. Le Muscadier), le racisme anti-asiatique plus sournois, moins visible, en faisant évoluer son personnage dans un collège où se côtoient des élèves de multiples origines. L'asiatique n'est plus le chinois gentil, docile et obéissant, mais un jeune français d'origine vietnamienne qui se défend.

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- Des gens comme les autres ?

En France, le racisme anti-asiatique est souvent assimilé aux personnes d'origine d'Asie de l'est et du sud-est. Au cours du XXIème siècle, si l'Asie n'est pas au centre des histoires, les personnages asiatiques évoluent.

Avec la création des éditions HongFei, les albums pour les plus jeunes nous apprennent que les asiatiques ont un coeur, des sentiments ; la déferlente de la young adult nous présente une diversité de personnages qui ont eux aussi des défauts, des sentiments... ils sont humains. Les auteurs d'origine asiatique s'expriment et la mode de de la k-pop nous montre une société bien différente que l'on ne l'imaginait. Nous découvrons les souffrances, le racisme aussi des asiatiques dans leur propre pays, surtout par le biais des BD : la difficulté d'être une femme en Chine, Corée ou au Japon, les terribles catastrophes comme Fukushima ou partagées, vécues avec les occidentaux comme le tsunami de 2004. Les autres asiatiques ne sont pas oubliés comme Ajmal, ce jeune afghan, sans papier en France rencontré dans un supermarché et dont Sabine va de suite tombée amoureuse ("J'me sens pas belle" G. Aubier).

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Les sujets les plus tabous sont évoqués dans la BD : "le printemps prochain" parle de la place des femmes dans la Chine rurale ; Le roman japonais "Le château solitaire dans le miroir" aborde quant à lui le très actuel et universel sujet du harcèlement scolaire. "A l'eau", cet album coréen nous parle de la vieillesse sous un angle plus réaliste.

 

Tous les titres cités sont à retrouver dans le catalogue de la bibliothèque!