CHEN Jiang Hong

RENCONTRE AVEC CHEN JIANG HONG

 

Nathalie BEAU et Christine PLU

Publié dans "La Revue des Livres pour Enfants" N°215

 

Résumé

 

 

Que pensez-vous de cet engouement pour la Chine ?

En France, le passé culturel est important et l'on a besoin aussi d'aller chercher autre chose, ailleurs, non pour remplacer mais pour enrichir, renouveler et changer notre regard. Mais il faut que le sujet soit bien traité. Pour l'illustration, je préfère de grands illsutrateurs à la forte personnalité. La beauté ne passe pas par les artifices.

Quelle formation avez-vous reçue?

Très classique : six années aux Beaux Arts de Pékin, une formation en peinture traditionnelle, encre sur papier.

Après cela, quel parcours doit-on faire pour arriver à la peinture contemporaine?

J'ai appris différentes techniques en Chine, mais avec ma venue à Paris j'ai trouvé des influences, comme Dufy. En Chine, l'on trouve actuellement un mouvement proche du Pop-Art : une envie de tout "casser" après avoir eu un art longtemps politisé. J'essaye de retrouver ma culture dans mon travail à l'encre avec les lirves. Dans ma peinture, c'est plus mon "état" actuel.

Dans la colletcion "Archimède" vous avez travaillé avec Marcus Osterwalder. Avez-vous défini ensemble les sujets?

Non, on en discute après mais je fais ce que je veux.

Vous n'avez jamais pensé que vous feriez de l'illustration?

J'ai toujours aimé lire mais c'est un hasard. M Osterwalder cherchait un illustrateur après avoir reçu des contes chinois. Bien que n'ayant jamais illustré, il m'a demander un "book" qui ne l'a pas convaincu. Je lui ai demandé ce qu'il voulat faire comme livre et suis allé à la FNAC voir de nombreux livres mais je n'y connaissais rien. Enfin, j'ai été inspiré par Sempé. De là, j'ai fait une maquette mais qu'il trouvait trop ressemblant à Sempé... J'ai donc retravaillé. Les livres se sont fait masi j'ai attendu six ans pour savoir ce qu'il en pensait. Puis il m'a demandé d'écrire, et e français!

Avez-vous eu du mal à écrire vos textes?

Biensûr puisque ce n'est pas ma langue maternelle et mes textes sont beaucoup corrigés. Je raconte d'abord en chinois puis je relis en français pour voir si le ton convient, si les émotions passent. Je ne traduis pas du chinois : je transpose. J'ai utilisé des traductions pour Zhong Kui et ce n'est pas le meilleur, tandis que la Légende du cerf-volant a été peut être trop corrigé. Le meilleur reste Petit Aigle : un texte peu retouché, simple. Pour le cheval magique, c'est un travail sur soie, qui permet une peinture plus précise (la soie ne boit pas l'encre) et je souhaite donner envie au lecteur d'aller voir le tableau évoqué.

Dans vos livres, vous mettez en scène un petit garçon...

cela vient de mon enfance où mon père a été absent durant la Révolution culturelle et cette absence m'a rendu malheureux.

Le cercle familial, la relation adulte-enfant sont très forts...

C'est important pour moi et certainement en rapport avec ma propre histoire...

Vous publiez plusieurs livres par an? Toujours avec la Chine ancienne pour cadre ?

Maintenant plus d'un livre... Cette Chine, c'est celle que j'aime.

Votre style d'illustration est de plus en plus porté par un mouvement, une variation de rythmes...

Oui, avant je proposais de grandes images et je cadre de plus en plus...

Vos couleurs sont proches de celles de la terre et le rouge est dominant...

Oui le rouge blanc et noir sont mes couleurs préférées... surtout le blanc. Je suis très proche du feu, de l'or... je suis quelqu'un de passionné.

Vous évoluez de plus en plus entre tardition et modernité...

J'ai un projet de faire un roman sur mon enfance avec des dessins plus réalistes : je veux témoigner sur mon époque. J'ai aussi envie de faire des livres pour les plus petits, plus drôles. J'ai envie de travailler sur la petite enfance.

Votre style changerai si vous abordez un thème occidental?

Oui, je tarvaille sur un livre avec des rois... ai en projet un "Cendrillon"... aussi la Mongolie et le Tibet. Mais cela dépend de mon travail avec ma galerie.

Pourriez-vous travailler en Chine?

Ce serai très facile mais l'album pour enfant est très nouveau là-bas et pas encore la possibilité de faire un livre de qualité.

Pensez-vous que l'édition jeunesse évolue là-bas?

Tout le monde court après l'argent mais, contrairement au Japon, il n' y a rien de structuré en Chine (promotion, diffusion, critique...) Il n'y a pas de recherche de qualité.

Vous n'avez pas de sentiment d'exil ?

Je suis arrivé dans de très bonnes conditions et suis très bien entouré. Il s'agit avant tout de partages, c'est pourquoi je ne comprends pas cette volonté de recréer une Chine ailleurs, avec les chinatown. Jen'ai pas beaucoup d'amis chinois ici.

Pour moi nous, les artistes, avons tous un langage universel et ce qui fait la différence, c'est l'emballage artistique de chacun, sa propre personnalité. Dans Petit Aigle, n'importe quel enfant peut comprendre et partager ce qu'endure le héros. Mes livres se passent en Chine mais ne sont pas des livres "sur" la Chine.

Vous pouvez retrouver l'intégralité de l'interview auprès de la revue...

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