GAN DAYONG

 

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GAN Dayong, est né en Chine en 1974 et vit à Pékin. Diplômé en urbanisme et en art de l’environnement, ingénieur en informatique, il a toujours aimé lire des livres illustrés. Autodidacte, il commence par dessiner pendant son temps libre en cultivant dans son trait un lien à la tradition chinoise. Désormais, il a publié de nombreux albums qui ont connu le succès en Chine. Certains ont été adaptés pour la télévision ou le cinéma. Pour aborder la profondeur des préoccupations des tout-petits et leur lien à leurs parents, il a créé le charmant duo de Petit Lapin et sa maman. (présentation/photo éd. HongFei)

à propos de son album "LES GRANDES QUESTIONS DE PETIT LAPIN" / trad. du chinois C L Yeh - éd. HongFei

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- Vous êtes maintenant très connu mais les Français commencent à vous découvrir : quel a été votre parcours et envies de devenir auteur de livres pour enfant ?

Chers éditeurs, chers lecteurs et adorables jeunes lecteurs de France, bonjour ! Je suis un auteur de livres illustrés originaire de Chine.

Depuis mon enfance, j'aime dessiner et les contes de fées. J'ai suivi brièvement des cours d'art quand j'étais jeune, et cette passion pour le dessin s'est discrètement enracinée en moi. Mais après être entré dans la vie active, ma vie est devenue si chargée que j'ai posé mes pinceaux pendant très longtemps. De manière inattendue, prenant de l’âge, cette envie de peindre a refait surface, me poussant à reprendre mes pinceaux et à me plonger pleinement dans le monde de l'art.

À vrai dire, je n'avais pratiquement aucun lien avec le monde du livre auparavant. Je n'ai reçu aucune formation officielle en création littéraire pour enfants ; j'ai obtenu un diplôme universitaire en design et j'ai ensuite travaillé pendant plusieurs années dans une entreprise informatique, des domaines qui semblent à mille lieues de la création de d'albums.

Ce qui a vraiment déclenché mon envie de créer des albums, c'est le fait de devenir parent. Lire des livres illustrés à ma fille chaque soir est devenu notre moment de complicité le plus précieux : ces livres parvenaient toujours à la faire rester assise tranquillement, complètement absorbée par les mondes merveilleux des histoires. Mon cœur déborde de mots que je souhaite partager avec mon enfant, des vérités douces et des leçons courageuses, dans l'espoir de les transmettre à travers le médium chaleureux que sont les livres illustrés. À ma grande joie, mon enfant a progressivement commencé à me rendre la pareille, utilisant des dessins et des petites histoires pour partager avec moi son petit monde et ses tendres émotions. Depuis lors, les albums sont devenus un pont de communication essentiel entre nous, père et fille, et entre moi et le monde extérieur.

Au début, je me contentais de dessiner des ébauches d’histoires pendant mon temps libre, même si mes concepts narratifs et mes compétences artistiques étaient clairement immatures. Plus tard, sur un coup de tête, j'ai présenté ces créations imparfaites à un concours de livres illustrés. À ma grande surprise, cette tentative a marqué un tournant décisif dans mon parcours créatif : un éditeur du China Children's Press and Publication Group m'a contacté et m'a proposé de publier mon premier livre illustré, "I Have a Little Lantern" (1). Par la suite, j'ai collaboré avec China Children's Press sur la série de livres illustrés "Ink Rabbit". L'édition anglaise du premier tome, "The Rabbit's Question" (2), a reçu le prix 2018 International Outstanding Children's Book Award décerné par l'American Board of the International Board on Books for Young People (IBBY). C'était la première fois qu'une œuvre de littérature jeunesse chinoise recevait cette distinction depuis la création du prix. Cette reconnaissance m'a donné un immense courage et m'a permis de m'engager avec conviction dans la création de livres illustrés.

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(1) éditions Better Link Press, Shanghai 2017

(2) voir références plus loin

- Vos illustrations mêlent tradition et modernité, comment travaillez-vous ?

Mon travail s'inspire principalement des techniques traditionnelles chinoises de peinture à l'encre, complétées par des formes inspirées des dessins animés, afin de parvenir à une fusion entre tradition et modernité.
La peinture à l'encre de Chine est une tradition artistique chinoise ancienne qui remonte à plus d'un millénaire. Elle exprime à la fois l'abstraction et la figuration, recherchant une esthétique « entre ressemblance et abstraction ». Les personnages sont rendus par l'exagération et la distorsion afin d'obtenir des expressions vivantes et ludiques, tandis que le travail au pinceau conserve une qualité simple et sans fioritures. Cela s'aligne naturellement avec la simplicité et le charme inhérents à l'art de la bande dessinée. Les lignes irrégulières de la peinture à l'encre possèdent une douceur particulière que les enfants apprécieront tout particulièrement, je pense.
Ayant étudié les techniques de l'encre de Chine depuis mon enfance, j'apprécie profondément la sensation de l'encre qui coule sur le papier. Bien que cela semble simple, voire parfois un peu maladroit, cela transmet un charme et une chaleur enfantins uniques. À travers mon travail, j'espère faire découvrir cette méthode de peinture traditionnelle aux enfants et leur inculquer le goût pour celle-ci.

Le personnage de lapin que j'ai créé utilise une simplification inspirée des techniques de peinture à l'encre : tout d'abord, elle se distingue nettement des autres représentations de lapins par l’absence de bouche. Ensuite, ses expressions sont entièrement véhiculées par la position, l'inclinaison, les formes et longueurs variables de ses yeux. Cette approche s'inspire directement du principe de la peinture à l'encre traditionnelle chinoise : « privilégier l'esprit plutôt que la ressemblance littérale ». Plutôt que de rechercher une ressemblance littérale, elle s'attache à transmettre l'essence du lapin à travers des détails subtils, obtenant ainsi un effet véritablement « captivant ».

Pour évoquer un sentiment de tradition, je conçois également des vêtements de style chinois pour les lapins : par exemple, la lapine porte un chemisier en coton à carreaux, tandis que les lapereaux arborent de petits cols mandarins [col Mao ndtr] et des vestes courtes, ce qui confère à l'image une touche chinoise distinctive. Lorsque j'intègre des éléments modernes, j'introduis des objets et des meubles contemporains dans les compositions à l'encre de Chine, réalisées à main levée. — notez que ces éléments modernes apparaissent rarement dans les peintures à l'encre traditionnelle. Pourtant, je les place dans le récit, permettant aux protagonistes des contes de fées (tels que ces lapins) de rencontrer la vie moderne dans des scènes imprégnées d'esthétique traditionnelle. Cette approche préserve l'essence de l'encre de Chine traditionnelle tout en favorisant une plus grande immersion pour les jeunes lecteurs, réalisant ainsi une fusion harmonieuse entre le passé et le présent.

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- Avec le petit lapin vous abordez les relations entre les parents et les tous jeunes enfants : était-ce un choix dès le début ?

Je pense que les livres illustrés peuvent servir de pont entre les parents et les jeunes enfants. Non seulement ils facilitent les interactions naturelles grâce à la narration, mais j'espère également qu'après avoir refermé le livre, les parents et les enfants pourront continuer à discuter des thèmes abordés dans l'histoire, favorisant ainsi une conversation détendue et continue. Dans mon processus créatif, je privilégie particulièrement un style narratif de type « questions-réponses ». Lors de la lecture partagée, les parents et les enfants peuvent jouer des rôles, ce qui donne lieu à des échanges agréables et génère de nombreuses idées amusantes. Les enfants ont souvent des conversations constructives avec leurs parents autour de l'histoire, et c'est précisément pour cette raison que je persiste avec ce format.
En effet, dès le début de la conceptualisation de cette œuvre sur le thème des parents et des enfants, j'ai privilégié l'utilisation d'un personnage approprié pour incarner cette relation. Le petit lapin a en fait été l'un de mes premiers choix.

D'une part, la nature même du lapin correspond parfaitement à ce besoin : son caractère attachant et doux, ainsi que son absence d'agressivité, suscitent facilement un sentiment de proximité chez les enfants tout en éveillant la tendresse dans le cœur des adultes. Il semble particulièrement naturel de représenter l'amour parental à travers deux lapins. D'autre part, je souhaitais intégrer la tradition chinoise qui consiste à exprimer son affection de manière subtile. J'ai donc délibérément habillé les lapins de vêtements traditionnels chinois, comme le « lapin cheongsam » (1), afin de transmettre discrètement ce lien parent-enfant nuancé à travers des symboles culturels. De plus, mon tout premier livre illustré sur le thème des lapins, « The Rabbit's Questions » (2), met en scène un jeune lapin qui interroge sa mère sur ses caractéristiques physiques, et celle-ci lui répond. Les traits distinctifs du lapin – ses longues oreilles, ses yeux rouges et sa bouche à trois lobes – soutiennent parfaitement ce récit basé sur le dialogue. Cette structure facilite la compréhension des enfants et garantit une interaction parent-enfant plus fluide au sein de l'histoire.

Les lapins apparaissent fréquemment dans les contes de fées et les albums de tous les pays, mais je me suis souvent demandé : « À quoi devrait ressembler un lapin chinois ? » Je pensais qu'il ne devait pas s'agir d'une représentation générique, mais qu'il devait incarner des caractéristiques chinoises distinctives : vêtu d'un costume traditionnel et dessiné à l'encre de Chine. Un tel lapin posséderait une élégance plus réservée que ses homologues étrangers, ce qui correspondrait mieux à l'expression chinoise de l'affection.
De plus, les enfants adorent universellement les lapins, ce qui en fait un moyen idéal pour transmettre l'affection parentale, un thème que les lecteurs adopteront volontiers et trouveront captivant. Compte tenu de tous ces facteurs, j'ai décidé dès le départ d'utiliser un petit lapin pour explorer le lien entre les parents et les jeunes enfants.

(1) vêtement chinois : robe cintrée en général sans fermeture éclair.

(2) "Les questions du petit lapin" dans une édition sino-anglaise 小兔子的问题 by Dayong Gan © 2017 Candied Plums / disponible en chinois © 2018 China Children's Press

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- Votre approche du livre pour la petite enfance est juste autant par le texte que par l’illustration, jusque dans les détails avec l’introduction de petites coccinelles : écrire pour les plus jeunes est-il pour vous un travail particulier ?

À bien y réfléchir, ma capacité à entrer en contact avec le monde des jeunes enfants provient peut-être de ma propre disposition d'esprit : je me considère comme quelqu'un d'assez simple et innocent, avec une touche enfantine, ce qui me permet de voir plus facilement les choses du point de vue d'un enfant. Lorsque je crée, je me souviens souvent de mes propres pensées d'enfance, voyant le monde à travers les yeux d'un enfant.
À mon avis, la logique des enfants diffère considérablement de celle des adultes : elle est plus directe et plus simple. La disparité réside principalement dans les connaissances et l'expérience de la vie, et non dans la capacité émotionnelle ou logique elle-même. Les enfants ne sont en aucun cas « naïfs » ; à certains égards, leur intuition est même plus aiguë que celle des adultes. Leur esprit est remarquablement actif, ce qui les pousse à poser des questions pertinentes et à réfléchir à des concepts complexes. Par conséquent, je ne crains jamais qu'ils ne comprennent pas des histoires légèrement complexes. En fait, je crée souvent délibérément des récits un peu plus difficiles que ce que leur « capacité intellectuelle » pourrait laisser supposer.

Les histoires trop simplistes n'encouragent guère les enfants à réfléchir ; les livres d'images doivent en fait présenter un certain degré de difficulté en termes d'expression émotionnelle et de compréhension narrative. Les enfants doivent s'impliquer activement dans le texte, en réfléchissant à des aspects qu'ils ne comprennent pas immédiatement. Ce processus de questionnement et de réflexion améliore progressivement leur compréhension, permettant ainsi aux albums de répondre véritablement à leurs besoins de développement. Bien sûr, les histoires simples et captivantes que les enfants peuvent lire seuls sont également précieuses, car elles encouragent la relecture et un plaisir durable. Ces deux types de livres illustrés sont essentiels pour les enfants. Personnellement, je préfère toutefois créer des albums plus stimulants qui aident activement les enfants à développer leurs capacités.

J'espère également que l'histoire comporte plusieurs niveaux de lecture : les enfants doivent d'abord découvrir des intrigues captivantes et des illustrations chaleureuses, qui leur permettent de comprendre l'affection parentale et de ressentir de la chaleur humaine, tandis que des émotions plus complexes et plus profondes sont tissées dans le récit. Par exemple, la relation entre le petit lapin et sa mère reflète subtilement les sentiments contradictoires que nourrissent les parents : le désir de voir leur enfant grandir, quitter la maison et réussir, mais aussi la réticence à le voir partir, associée à des inquiétudes quant à son avenir. Cette tension entre les attentes et l'attachement envers son enfant. Ces émotions profondes nécessitent une certaine expérience de la vie et une maturité émotionnelle pour que les enfants puissent les comprendre, ce qui représente un véritable défi pour eux.

Parfois, une vague sensation m'envahit. Je m'empare peu à peu de ce sentiment, je réfléchis à ce qu'il est réellement, puis je l'exprime à travers une métaphore, car certaines émotions sont difficiles à décrire directement. Prenons l'exemple de la petite maison dans l'histoire de Maman Lapine : elle sert à transmettre l'attachement d'un enfant à l'amour maternel, en utilisant des images concrètes pour exprimer une émotion abstraite.

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- Quels sont les auteurs, illustrateurs, artistes qui vous ont marqué, ou le livre que vous auriez aimé ecrire ?

Au cours de mon parcours artistique, l'artiste qui m'a profondément influencé est le maître de la peinture chinoise, Qi Baishi (1). J'éprouve une affection particulière pour ses peintures, dont le charme caché dans les coups de pinceau et l'encre est profondément émouvant. Elles possèdent à la fois l'exubérance innocente des dessins d'enfants et une simplicité rustique qui renvoie à la nature, pure mais puissante. Figure éminente dans le domaine de la peinture à l'encre de Chine, l'univers enfantin de ses œuvres, libre de toute contrainte matérielle, a toujours représenté la direction que je m'efforce de suivre.

Dans le domaine de la littérature, de nombreuses œuvres ont profondément nourri mon parcours créatif. "The Missing Piece Meets the Big O" (2) possède une profondeur philosophique remarquable ; sa conception ingénieuse et sa substance profonde m'ont complètement captivé, m'inspirant l'aspiration à atteindre de tels sommets dans mes propres œuvres futures. "The Giving Tree" (3), bien que dépourvu de détails complexes, a touché les recoins les plus sensibles de mon cœur par son expression concise, occupant une place irremplaçable et spéciale en moi. Guess How Much I Love You (4) occupe une place particulière dans mon affection. Il dépeint la chaleur pure et intense de l'amour parental avec des détails délicats et émouvants. Cette expression émotionnelle profondément apaisante est précisément le sentiment central que je m'efforce continuellement de transmettre dans mes créations de livres d'images. "The Runaway Bunny" (5) m'a apporté une inspiration créative considérable. J'y ai appris de nombreuses techniques narratives, et j'apprécie particulièrement la conception naturelle et fluide des dialogues. Ce style d'expression naturel et sans affectation m'a été extrêmement bénéfique. Au-delà de ces ouvrages, de nombreux autres livres exceptionnels m'ont nourri et inspiré à différentes étapes. Ils constituent tous des nutriments précieux dans mon parcours créatif, trop nombreux pour être cités individuellement.

(1) À la différence de la majorité des peintres célèbres dans la Chine impériale, ce n'est pas un lettré de formation. Autodidacte, aimant profondément le coin de terre où il était né, il sut apporter une vigueur nouvelle à la peinture-lettrée traditionnelle comme s'il avait su lui insuffler la fraîcheur et la spontanéité de sa jeunesse campagnarde. (note Wikipedia)

(2) (3)  Poète, auteur de livres pour enfants, compositeur, acteur,... Shel Silverstein (1930-1999) est surtout connu pour "The giving tree", paru en 1964 et en français aux éd. Ecole des loisirs en 1982 sous le titre "l'arbre généreux" (4) de Sam McBratney (Auteur), Anita Jeram (Illustrations), disponible en français sous le titre "Devine combien je t'aime" éditions Ecole des loisirs, 1994 (5) écrit par Margaret Wise Brown et illustré par Clement Hurd, paru en 1942, en français sous le titre "Je vais me sauver", éditions Mijade, 1999

- Les jeunes lecteurs passent de plus en plus de temps devant des écrans, comment imaginez-vous l’évolution de votre métier ?

Il est indéniable que les gens passent de plus en plus de temps devant leurs écrans, une réalité du présent et une tendance majeure pour l'avenir.
Les avantages de la lecture numérique sont indéniables : les connaissances se diffusent plus rapidement, touchent un public plus large et sont moins coûteuses, autant d'avantages incontestables qui ne peuvent être ignorés. Mais dans le même temps, les appareils électroniques accaparent une grande partie du temps des gens, fragmentant leur vie quotidienne et favorisant une mentalité axée sur le divertissement. Face à ce déluge d'informations, où la qualité se mêle à la médiocrité et où la vérité est difficile à cerner, nombreux sont ceux qui prennent conscience de ce problème et se tournent à nouveau vers les pages des livres imprimés.

Les avantages uniques des livres imprimés n'ont jamais disparu, en particulier en ce qui concerne la qualité tactile de l'expérience de lecture, qui reste difficile à reproduire pour les appareils électroniques. La texture lisse ou rugueuse que l'on ressent au toucher, l'odeur caractéristique de l'encre mêlée à celle du papier lorsque l'on tourne une page, et l'interaction naturelle avec le livre pendant la lecture : tous ces détails contribuent à créer une sensation d'immersion unique. Prenez par exemple mon habitude de prendre des notes ou de surligner des passages dans les livres : ce besoin immédiat d'interaction est quelque chose que la lecture électronique a du mal à reproduire avec précision.
Pour les enfants, les livres physiques restent le choix de lecture le plus approprié. Ils sont plus sains et offrent un engagement tactile ; un enfant qui tient un livre d'images, tourne ses pages à plusieurs reprises et passe ses doigts sur les illustrations, fait l'expérience d'une interactivité similaire à celle qu'il aurait en jouant avec un jouet, une sensation que les écrans électroniques froids ne peuvent tout simplement pas reproduire. Je reste convaincu que les livres d'images resteront à jamais un élément indispensable du lien parent-enfant et de l'éducation de la petite enfance. Ils servent de pont émotionnel entre les parents et les enfants, de réceptacle pour les précieux souvenirs d'enfance et de précieux témoignage des beaux moments partagés entre parents et enfants.

En termes de développement professionnel, je resterai fidèle à ma vision initiale, qui consiste à créer des livres illustrés sur papier, en apportant un soin méticuleux à la réalisation de chaque volume. Parallèlement, j'ai l'intention de me lancer dans de nouvelles expériences à l'avenir, en explorant divers formats tels que les livres illustrés numériques et les animations, afin de permettre à mes histoires de toucher un public plus large grâce à des supports plus variés.

- Pouvez-vous nous parler de vos projets ?

En ce qui concerne mes prochains projets, j'ai plusieurs orientations en tête. Tout d'abord, je vais continuer à peaufiner la série d'histoires Ink Rabbit. J'ai déjà quelques idées préliminaires, mais je souhaite vraiment parvenir à les améliorer. D'une part, je souhaite approfondir la narration et l'humour afin d'apporter encore plus de joie aux jeunes lecteurs. Je souhaite sortir de ma zone de confort créatif et repousser les limites de mon écriture en me fixant des défis plus ambitieux. Alors que les récits précédents étaient centrés sur les liens familiaux et l'affection, les prochains intégreront des éléments plus légers, ce qui leur donnera un ton globalement plus joyeux et plus optimiste.

Ensuite, je prépare des livres illustrés axés sur la poésie chinoise. Plus précisément, je souhaite faire découvrir aux enfants les images exquises et évocatrices de la poésie classique chinoise à travers des thèmes captivants, leur permettant ainsi d'apprécier sans effort le charme de la culture traditionnelle. D’autre part, j'envisage de développer le personnage du Petit Lapin dans plusieurs dimensions : je prévois de faire progresser le développement de produits dérivés et souhaite explorer d'autres formats thématiques, tels que la production de séries animées pour les plateformes médiatiques ou le lancement de séries de bandes dessinées. Grâce à ces développements, j'espère élargir encore davantage l'influence du Petit Lapin, afin d'en faire une icône reconnue et appréciée par un plus large public

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您的作品在中国大受欢迎,但法国读者才刚开始认识您。请问是什么样的经历让您想要成为童书作家?

各位法国的编辑老师、亲爱的读者朋友们,还有可爱的法国小读者们,大家好呀!我是来自中国的绘本创作者。

我从小就喜欢绘画与童话故事。小时候曾学过一阵子画画,那份对创作的喜爱悄悄藏在心底,可工作后很忙,很长一段时间里没再碰过画笔。没想到人到中年,这份对绘画的执念又悄悄冒了出来,让我重新拾起了画笔,一头扎进了绘画的世界。

其实一开始,我和绘本行业几乎没有任何交集。我没接受过专业的童书创作培训,大学学的是设计专业,后来还在电脑公司工作了好些年,和绘本创作看似远得很。

真正让我萌生创作绘本想法的,是有了孩子之后。每天晚上给孩子读绘本,成了我们最珍贵的亲子时光——绘本总能让孩子安安静静地坐着,专注倾听故事里的奇妙世界。我心里总攒着好多想对孩子说的话、想分享的温柔与勇气,也盼着能通过绘本这种温暖的形式讲给她听。更让我惊喜的是,孩子慢慢也会学着用画画、编小故事的方式,把她眼里的小世界、心里的小情绪分享给我。从那时起,绘本就成了我们父女之间,以及我与世界之间重要的沟通载体。

最开始,我只是在业余时间随手画些绘本草图,不管是故事构思还是绘画技巧,都显得格外稚嫩。后来抱着试试看的心态,我带着这些不成形的创作参加了一次绘本比赛,完全没料到,这次尝试竟成了我创作之路的关键转折点——中国中福会出版社的编辑老师主动联系了我,还向我发出了出版第一本绘本《我有一盏小灯笼》的邀请。之后,我和中国中福会出版社合作了墨韵小兔系列绘本,这个系列的第一本《小兔的问题》英文版荣获2018年国际儿童读物联盟美国分会“国际杰出童书奖”,是自该奖项设立以来第一部获奖的中国儿童文学作品。这份认可给了我莫大的勇气,让我真正坚定地踏上了绘本创作的道路。

您的创作融合了传统与现代元素,请问您是如何做到的?

我主要以中国传统的水墨写意画技法为基础,辅以卡通漫画的造型,来实现传统与现代的融合。

水墨写意画是一千年前就存在的中国古老的绘画方式,其表现为抽象与具象,追求 “似与不似之间” 的意境,角色形象经过夸张、变形,追求神态灵动有趣,用笔具备简单淳朴的特性,与卡通漫画的简洁有趣本身就很契合,水墨写意画的不规则线条又很可爱,我想儿童会很喜欢。

我从小就学习水墨写意技法,很享受水墨在纸上流淌的感觉,有时看似简单甚至略带笨拙,却能流露出独特的童趣和温度。所以我希望通过自己的创作,让孩子们了解这种传统绘画方式,也希望孩子们能喜欢这种绘画方式。

我创造的兔子形象,就用水墨写意的思路做了大胆简化:一是和其他兔子形象有明显区别——它没有嘴,二是表情完全靠眼睛的位置变化、倾斜角度、形状长短来传递,这正是借鉴了中国传统写意画 “重传神、轻形似” 的特点,不刻意追求形象的 “像”,而是尽力通过细节表现兔子的神态,达到 “传神” 的效果。​

在传统感的营造上,我还会给兔子设计中国特色的服饰:比如兔妈妈穿方格子的布衫,小兔子穿小对襟小褂,让形象更有中式韵味。而在现代元素的融入上,我会在水墨写意的画面里,加入很多现代的器物和家具 —— 要知道,传统水墨写意画里很少表现这类现代事物,但我会把它们放进故事里,让童话故事的主角(比如这些兔子)在带有传统意境的画面中,接触现代生活场景,这样既保留了传统水墨的韵味,又能让现代小读者更有代入感,自然实现传统与现代的融合。

您透过小兔子这个角色探讨了父母与幼童之间的关係。这是从一开始就决定好的选择吗?

我觉得绘本能成为父母与幼童之间沟通的桥梁,不仅能借着故事和孩子自然互动,我更希望放下绘本后,亲子间还能围绕故事话题继续讨论,让谈话氛围更轻松、有延续性。创作中我特别偏爱 “问答式” 的故事推进方式:亲子阅读时,家长和孩子可以扮演角色,通过交流产生很多有趣的想法,孩子还会围绕故事和家长展开可爱的对话,这就是我坚持这种形式的初衷。

其实从一开始构思亲子主题创作时,我就倾向于用一个合适的角色来承载这种关系,而小兔子确实是我较早确定的选择。​

一方面,兔子本身的形象太契合这种需求了:它可爱温顺,没有攻击性,很容易让孩子产生亲近感,还能唤起人心里的温柔,用两只兔子表现亲子间的爱也格外自然。​

另一方面,我想融入中国人含蓄表达爱的特点,所以特意给兔子设计了中国传统服装,比如 “旗袍兔”,让这种微妙的亲子情感能通过文化符号悄悄传递。而且我最早创作的小兔主题绘本《小兔的问题》,故事主线就是小兔问妈妈关于身体特征的问题,妈妈再回应 —— 兔子的长耳朵、红眼睛、三瓣嘴这些鲜明的身体特点,刚好能支撑起这种对话式剧情,方便孩子理解,也让亲子互动的情节更顺畅。​

另外,兔子在各国童话、绘本里都很常见,但我总在想 “中国的兔子该是什么样”?我觉得它不该只是普通形象,得有中国特色:穿传统服饰、用中国水墨呈现,这样的兔子和其他国家的相比,会多一份含蓄气质,也更符合中国人表达爱的方式。

加上小朋友对兔子的喜爱是普遍的,用它来讲亲子间的爱,也更容易让读者接受和信服。所以综合这些考虑,从一开始,我就确定用小兔子来探讨父母与幼童的关系了。

您对幼儿世界的诠释非常精准,无论是文字还是插图,甚至连每页出现的小瓢虫等细节都处理得恰到好处。为低龄孩童创作对您来说是否有其特殊的地方?

说起来,我能贴近幼儿世界,可能和我自身性格有关 —— 我本身算是个比较单纯、天真的人,带点孩子气,所以更能站在孩子的角度去思考问题。创作时,我也会经常回忆自己小时候的想法,着用孩子的视角看世界。​

在我看来,孩子的逻辑和成人其实不太相同:他们的逻辑更直接简单。与成人的差异主要体现在知识面、生活经验上,而非情感或逻辑能力本身。孩子们一点都不 “傻”,有些方面的直觉甚至比成人更敏锐。他们的思维很活跃,会问出很多有意思的问题,头脑里也常思考一些有挑战性的事,所以我从不担心他们看不懂稍复杂的故事 —— 甚至我会刻意让故事比我预判的 “孩子智商水平” 稍难一点。​

因为过于简单的故事不利于孩子思考,绘本其实需要在情感表达、故事理解上带点难度。孩子需要主动去琢磨,哪怕有些地方暂时看不懂,也会围绕这些疑问思考、提问,这样他们的理解能力才能慢慢提高,绘本也才能在他们成长中真正发挥作用。当然,简单有趣 

孩子能独立读完的故事也很好,这类故事能让他们反复阅读、乐在其中,两种类型的绘本都是孩子需要的。但我个人更倾向于创作有难度、能帮助孩子提升能力的绘本。​

我还希望故事能有多层内容:孩子第一眼能看到有趣的情节、可爱的画面,理解到简单的父母之爱,感受到温暖;而更复杂、更深层的情感,我会藏在故事里。比如小兔和兔妈妈之间,其实藏着家长的矛盾心理 —— 既希望孩子长大后能离开自己、有所成就,又舍不得孩子离开,担心他的未来,这种对孩子的期待与依恋的矛盾。这类深层情感,孩子需要一定的人生经历和情感体验才能理解,对他们来说确实有难度。​

有时候,我心里会有种说不清楚的感觉,我会慢慢抓住这种感觉,琢磨它到底是什么,再用比喻的方式把它表现出来 —— 毕竟有些情感很难直接描述。比如故事里兔妈妈的小屋,其实就是用来表达孩子对母爱的依恋感,用具体的画面承载抽象的情感。

哪些作家、插画家、艺术家对您产生了深刻影响?有没有哪一本书您希望是自己做出来的?

在艺术创作的道路上,对我影响至深的艺术家是国画大师齐白石。我格外偏爱他的画作,那份藏在笔墨间的趣味格外动人——既有儿童画般的天真烂漫,又透着返璞归真的质朴感,纯粹又有力量。作为中国水墨画领域的泰斗,他作品中那份不受世俗束缚的童真境界,一直是我奋力追寻的方向。

在书籍方面,也有不少作品深深滋养着我的创作。《大三角碰到大圆满》蕴含着极强的哲思,其精妙的构思和深刻的内涵让我十分着迷,也渴望未来自己的作品能达到这样的高度;《苹果树》虽没有繁复的细节,却以简洁的表达触动了我心底最柔软的地方,在我心中有着无可替代的特殊分量;《猜猜我有多爱你》更是我格外偏爱的一本,它将亲子间那份纯粹又浓烈的温暖爱意,描绘得细腻动人,而这种充满治愈感的情感表达,正是我在绘本创作中始终想要传递的核心;《逃家小兔》则给了我很多创作上的启发,我从中学到了不少绘本叙事的技巧,尤其钟爱它自然流畅的对话设计,那种不刻意、不做作的表达,让我受益匪浅。除此之外,还有许多优秀的书籍在不同阶段给予我滋养与启发,它们都是我创作之路上珍贵的养分,就不一一细数了。

年轻读者待在萤光幕前的时间越来越多,您对于将来如何发展自己的专业是否有些想像?

不可否认,现在人们花在屏幕上的时间越来越多,这既是当下的现实,也是未来的大趋势。

电子阅读的优势很突出:知识传播速度更快、覆盖范围更广,能触达更多受众,而且阅读成本更低,这些都是它不可忽视的亮点。但与此同时,电子产品占据了人们大量时间,也

让生活变得碎片化、娱乐化。海量信息中优劣掺杂、真假难辨,不少人逐渐意识到这一问题,开始重新回归纸质书阅读。

纸质书的独特优势从未消失,尤其在阅读体验的质感上,更是电子产品难以替代的。触摸纸张时的光滑或粗糙触感、翻开书页时闻到的油墨与纸张混合的独特气息,还有阅读过程中与书籍的自然互动,这些细节都能带来别样的沉浸感。就像我习惯看书时在书页上随手做笔记、划重点,这种即时的互动需求,电子阅读很难精准满足。

对于儿童来说,纸质书更是合适的阅读选择。它更健康,也更有触感,孩子捧着绘本反复翻阅、摩挲,本身就带着类似玩玩具的互动感,这种体验是冰冷的电子屏幕无法复刻的。我始终觉得,绘本会一直是亲子活动和儿童教育中不可或缺的一部分 —— 它是连接父母与孩子的情感媒介,是孩子童年里温暖的回忆载体,更是父母与孩子共同留存美好时光的珍贵印记。

在专业发展上,我会始终坚守纸质绘本的创作初心,用心打磨每一本绘本;同时也计划在未来大胆尝试,探索电子绘本与动画的多种形式,让故事以更多元的模样触达更多读者。

您能向我们介绍接下来的创作计划吗?

关于接下来的创作,我有几个主要方向。首先,我会继续打磨墨韵小兔系列故事——目前已有一些初步构想,但更希望能实现有趣的突破:一方面让故事的叙事性更强、趣味性更足,给孩子们带来更多快乐;另一方面,我也想跳出以往的创作舒适圈,在写作上做更多突破,所以给自己设定的任务也比较有挑战性。过去的小兔子故事多聚焦亲情与爱,接下来会融入更多快乐的元素,让整体风格更轻快。​

其次,我正在筹备与中国诗歌相关的绘本创作。具体来说,是想把那些优美且富有意境的中国古诗词,以有趣的话题形式介绍给小朋友们,让孩子们能轻松感受传统文化的魅力。​

除此之外,我还考虑对小兔子形象进行多维度拓展:一方面计划推进相关产品开发,另一方面想尝试其他主题形式,比如制作动画片在媒体平台播放,或是推出漫画作品。我希望通过这些拓展,进一步扩大小兔子形象的影响力,让它成为更多人认可和喜爱的艺术形象。