L'EAU : DU PUITS A LA MER

 

L'EAU : DU PUITS A LA MER

 

Le puits cache bien des surprises ; il permet de rendre compte de l'honnêteté des gens

 

Les genouilles s'abritent de la pluie

UN ELEMENT MAITRISE

 

Si le vide a un sens dans le dessin chinois, l'illustration maîtrise toute perspective et codifie chaque élémnet constituant le dessin. Ainsi, l'eau de la rivière n'est pas libre de couler où bon lui semble et la mer a bien des limites.

 

Où l'on voit le lac dans sa totalité

L'eau de la rivière n'est donc pas un simple écoulement naturel. Il a une place précise dans le dessin. Cet élément est cadré et souvent peu imposant : s'il représente un obstacle, c'est pour mettre à l'épreuve nos héros, intellectuellement ou moralement. Lorsque l'élément est un obstacle physique, notre héros trouvera une solution ; là encore, il est question de symbole et non d'une épreuve réellement sportive. Ainsi, l'un des frères chinois traversera la mer avec des échasses.

 

La rivière n'est pas ici un obstacle insurmontable ; elle a un souvent un rôle de mesure du temps : passer la rivière indique que nos héros partent à l'aventure

 

Passer la rivière ne semble pas si contraignant pour le petit cheval mais il a passé du temps à réfléchir avant de s'aventurer ; ce n'est donc pas sa force physique qui est testée ici

Même une grande étendue d'eau est représentée sans point de fuite, avec des limites. Un lac est donc représenté verticalement afin que chaque extrémité soit visible ou alors délimité par une rupture visuelle tel un mur ou des arbres.

Un pont, un arbre : un détail pour marquer la maitrise de l'élément. L'eau calme du lac aspire à la rêverie, au point qu'un enfant est entré dans le décors de son assiette en porcelaine! 

 

Le calme du lac est propice à un échange entre le grand-père et son petit-fils

 

L'eau s'agite pour mettre nos jeunes héros à l'épreuve

Cet élément a aussi du volume : une étendue d'eau dormante n'est pas insignifiante : elle aspire au repos de l'oeil et de l'âme, lorsqu'elle ne reflète pas astucieusement le paysage. Elle impose une réflexion philosophique. La rivière est donc bien vivante, dessinée à coups de gros traits ou bien de vaguelettes. La mer aussi peut se transformer en un instant selon le ton donné au récit, sans tenir compte de la météo.

 

Ces petites filles tout droit sorties des coquillages vont aider le héros, tout en surfant sur une vague artificielle : les vagues servent aussi au déplacement de certains êtres et dieux

La rivière comme la mer se transforme aussi par la volonté de ses occupants qui sont nombreux : poissons, princes, dragons et autres être surnaturels.

Cette volonté de maitriser l'eau n'est pas récente et répond à la répétition des catastrophes naturelles mais aussi à l'irigation des cultures, notament des rizières. Le gouvernement chinois a entrepris d'immenses travaux en construisant des barrages sur le fleuve : controversé, critiqué ou jugé dangereux, il n'en reste pas moins un mythe devenu réalité.

 

Des hommes portent de lourdes pierres pour combler la mer

La mer est toujours maitrisée : nos héros s'y déplacent à pieds ou avec des échasses! 

 

Franchir les barrages sont pour les petites carpes une obligation pour s'émanciper ; le barrage est souvent présent pour montrer la maitrise de l'eau

Maitriser l'eau est à la fois une obligation dans la représentation illustrée mais aussi dans la réalité.

UNE IDENTITE CHINOISE

Le paysage chinois typique est aussi lié à l'eau. La rizière biensûr est le décors le plus connu. Le pont est aussi une autre caractéristique. Il est à lui seul un symbole et n'a pas besoin de traverser une rivière (cité interdite), tout comme un bateau peut être en marbre (palais d'été). Mais la présence d'une étendue d'eau, en plus de son utilité permet de rendre le dessin, le paysage plus harmonieux.

 

Les sceaux reliés par un bâton et portés sur les épaules est une autre image indissociable de l'identité chinoise. La lessive, la corvée d'eau sont aussi au programme de l'éducation des enfants.

 

 

Ces bateaux servant d'habitations, de boutiques et formant des villages flottants font partie du décors. Mais la mer si présente et importante dans l'histoire de la Chine et pour ces villes telles Shanghaï, Dalian, Canton ou Hong Kong n'est pourtant pas très présente dans la fiction.

 

 

OCCUPANTS DES EAUX

La rivière, tout comme la mer, ne sont pas des eaux dormantes, peupléés de poissons innofensifs. Dieux, déesses, sages, poissons magiques, dragons y vivent. Le roi-dragon de la mer y occupe un immense palais ; des vieillards interpellent nos héros en surgissant de la rivère pour mettre nos héros à l'épreuve. Les carpes remontent le fleuve et franchissent le barrage tandis que l'esturgeon géant affronte le pêcheur.

 

Si la mer abrite des dieux, la rivière quant à elle est peuplée de vieux sages qui surgissent pour mettre nos héros à l'épreuve,souvent pour tester leur honnêteté

 

Mais le poisson, quant à lui, symbole de la mer ou des rivières est en Chine un symbole qui n'existe le plus souvent qu'en dehors de son milieu naturel ; le poisson tire le carosse, se transforme en montagne, décors la maison comme porte-bonheur ou se transfrome en cloche dans les temples (voir art.)

 

La formation des rivières, comme des montagnes n'est que rarement naturelle : il y a toujours une histoire et, si l'on observe bien la nature, l'on peut y distinguer des formes bien étranges

 

Il y a autant de vie au-dessous que sous les eaux. Ses occupants ont une vie souvent en dehors de leur milieu et peuvent prendre forme humaine

LE QUOTIDIEN DES ENFANTS

L'eau est omniprésente dans le quotidien des enfants d'une certaine époque. Il ne s'agit pas de profiter de l'eau, de se baigner... Laver, porter de l'eau au travailleur, arroser les récoltes, transporter, faire chauffer de l'eau est un "plaisir" autant qu'une éducation :

"A la rivière : Sous la caresse du vent frais, A la rivière, je lave. La santé vient de l'hygiène, l'habileté nait du travail. La rivière murmure. Je me mire et lui souris" (extrait de "Mille mains habiles")

 

L'eau est le quotidien des enfants qui apprennent à travailler, laver,... Soucieux de ne pas salir ses chaussures, ce garçon marche pieds nus

SYMBOLE

Les chinois ont toujours voulu maitriser, dompter les eaux, donner une identité, un symbole, une personnalité et qu'importe si ses occupants naturels évoluent hors de l'élément ; son état exprime une ambiance avec une mer démontée ou un lieu de recueillement avec un lac immobile, selon la volonté de ses occupants. L'eau est aussi le lieu d'épreuves : il n'est pas rare que gentil et méchant s'affrontent dans une barque ; lieu de confrontation morale où le vieillard, être surnaturel surgit de l'eau, met à l'épreuve l'honnêteté du héros. Franchir l'eau, c'est grandir, passer un cap, même symbolique.

 

L'eau n'est pas un milieu naturel et ses occupants ne l'occupent pas de manière naturelle non plus... Le poisson est représenté en dehors de son milieu naturel : sur les murs ou les portes pour porter bonheur ou sur les cloches des temples (voir art.)

 

Il n'est pas rare que l'eau dormante s'agite soudain par la volonté d'un dieu ou tout simplement lorsque l'histoire le demande : il arrive que nos jeunes héros affrontent des méchants dans une barque

L'on comprend mieux alors cet enjeu si important pour les chinois de maitriser les grands fleuves. Lorsque la mer est représentée dans son immensité, c'est pour fuir le pays, lorsque le fleuve déborde et innonde le village -ce qui n'est que rarement représenté- c'est pour montrer un peuple soudé qui s'entraide.

 

Si le fleuve est très présent dans la vie des chinois, souvent acteur de l'histoire, il n'est que rarement montré ainsi : sa maitrise est obsétionnelle!

BIBLIOGRAPHIE

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"Les Petites carpes franchissent la Porte du dragon" Jin Jin Ed. langues étrangères, 1961

"Les pierres multicolores" Wang Zhaohua, 1986

"Pierrot et Francette chez les chinois" Fontugne Imprimerie, 1965

"Shi Han et l'escargot d'eau" Ed. en langues étrangères, 1986

"La Traversée du Yangtse" Chen Ed. en langues étrangères, 1956

"Le Voyage en porcelaine" Evrard Ecole des loisirs, 1997

"Yu le grand dompte les eaux" Livres du dauphin, 1991