IMAGIER

DE L'IMAGE A L'IMAGIER

L'image est présente depuis très longtemps en Chine : estampes, papiers découpés,... Le dessin est à l'origine de l'écriture chinoise, mais il est devenu une écriture à part entière.

 

dessin traditionnel, ethnique, populaire

 

papiers découpés

 

il y a peu encore, le texte, même dans la BD est dissocié de l'image

L'image porte-bonheur, protectrice, marquant l'apartenance à une ethnie, représentée dans le textile pour communiquer ou peinte sur un mur pour informer : l'image est bien plus présente encore que l'écriture, lorsque l'écriture elle-même n'est pas une image purement esthétique, comme le tatouage. Des rouleaux aux paravents, de la porcelaine à l'estampe, l'image nous relate des histoires ; elle est toujours très présente dans le quotidien chinois :

 

affiche de propagande

 

papiers découpés (illustré jeunesse français, années 30)

- L'image protectrice et traditionnelle, de fête.

Des animaux et des plantes (poissons, papillons, épis de blé,...) protègent les maisons, la famille, apportent richesse et prospérité. Elles s'invitent dans la maison, avec un rituel chaque année, trouvant une place bien définie (fenêtres, portes,...) L'enveloppe qui s'offre lors des fêtes, rouges et illustrées ont autant d'importance que leur contenu (souvent de l'argent) 

- L'image ethnique, d'appartenance, d'histoire

L'image religieuse ou folklorique, l'emprunte familiale, mais aussi l'image peinte à l'entrée de certains chinatowns pour rappeler l'origine de la population (voir art.)

 

petits calendriers ethniques

- L'image d'information, d'éducation

L'éducation et l'information ; lisible et compréhensible par le plus grand nombre, s'affichant sur les murs de la ville (voir art.)

- L'image de propagande

Même dans les maisons les plus modestes, il n'est pas rare de trouver, parfois dans l'unique pièce, deux types d'images : le portrait de Mao et le calendrier suspendu au mur. (voir art.)

 

illustration de calendrier

Parce qu'elle a toujours une fonction "utile", rythmant la vie de la population, et non seulement esthétique ou artistique qui reste avant tout une interprétation réservée aux lettrés, l'image existe en dehors d'une oeuvre, du livre.

IMAGIER CHINOIS

Si le livre chinois est imprimé sur un papier médiocre, peu cher, l'image n'a pas vocation à faire rêver, à décorer : elle informe, explique. Le livre chinois pour enfant a encore vocation à éduquer, non à divertir le jeune lecteur. La propagande chinoise s'est dotée d'un outil de communication très efficace : le livre et l'affiche. Ainsi, l'état a rapidement diffusé en Chine mais aussi dans le monde entier des affiches et livres, traduits dans de nombreuses langues, avec sa maison d'édition : "livres en langues étrangères" pour la plus connue.

 

L'IMAGIER DE LA PROPAGANDE A NOS JOURS

Ce sont de beaux imagiers, malgré la qualité du papier et sont traduits dans de nombreuses langues. S'ils sont assez désuets maintenant et surtout idéologiquement marqués, ils n'en sont pas moins assez proche d'un idéal occidental de l'époque : enfants obéissants (voir art.), sages, où l'hygiène (voir art.), le sport (voir art.), la santé (voir art.) sont les principaux enseignements.

 

Avant gardiste aussi... Paradoxalement, la jeune fille est "l'égal" du garçon : celui-ci aide sa maman, participe aux tâches ménagères, tandis que la jeune fille s'instruit, même si l'effet escompté n'ets pas celui espéré par les familles occidentales.

En Chine, le livre est avant tout éducatif et, jusqu'à ces dernières années, il n'était qu'un support à l'apprentissage. Ce sont des imagiers aux dessins très expressifs, simples, mais aussi très proches du quotidien des petits chinois. L'efficacité prime alors sur l'aspect propagandiste. Puis, arrivent des imagiers au papier de meilleure qualité, glacé et surtout illustré de photographies. Ces imagiers changent radicalement : ils doivent être avant tout peu chers et sont donc des traductions de documents anglo-saxons. Les photographies de qualité médiocre plaisent : assez kitsches, aux couleurs vivent, et surtout assez caricaturales : ce sont souvent des produits très marqués, anglo-saxons mais c'est ce qui fait aussi rêver.

 

L'imagier chinois de France arrive assez tardivement mais connait un grand succès. Mais c'est avant tout un imagier accés sur l'écriture. L'exemple le plus marquant et le plus connu aussi en est "mon imagier chinois" de C Louis. Ce n'est pas l'image qui est importante, mais l'idéogramme. Même s'il reste approximatif, voir sans signification aucune tel qu'il est présenté, il correspond à ce que le prescripteur francophone attend : une belle "lettre" esthétique mais facile à reproduire avec une signification précise. Les autres imagiers sont un mélange d'esthétisme et de découverte de la langue chinoise. L'imagier chinois représente des sonorités, des mots liés à des "clefs" difficilement traduisibles en français sans apprendre les bases de la langue, les principales clefs et le pinying.

 

imagier français et imagier chinois...

 

Mais la différence reste incompatible quant à son utilisation ; le livre de "qualité", esthétique, de loisirs arrive en Chine même s'il reste encore cher. Mais dans les chinatowns du monde entier, l'imagier "d'apprentissage" est de rigueur : la Chine devient l'une des premières puissances mondiales et les petits expatriés doivent vite apprendre la langue pour espérer faire fortune dans leur pays...

 

imagier chinois très marqué par l'occident