PAUVRETE
PAUVRETE VUE DE L'OCCIDENT
Cette perception de la pauvreté est à l'image de l'identité chinoise ; elle dépend des rapports politiques et économiques entre les pays et la Chine, selon les époques, des migrants chinois en occident et de l'histoire de l'édition enfantine.
VISIBILITE DE LA PAUVRETE : DEUX APPROCHES OCCIDENTALES
L'histoire de la communauté chinoise (voir art.) a sa place dans l'histoire des Etats-Unis : un chinois pauvre évolue dans une histoire au même titre que n'importe quel personnage. En France, la communauté chinoise n'a pas la même visibilité : c'est une entité qui n'offre que des caractéristiques et des symboles très caricaturaux. Le chinois parisien est pauvre, gentil, discret et travailleur : il n'a pas de vie en dehors de sa représentation communautaire, qui est le plus souvent un décors dans la fiction enfantine. En Chine, c'est un paysan mais la pauvreté se manifeste par une modeste maison et des besoins limités : en aucun cas physiquement.
Le coolies pauvre et travailleur...
LE CAS FRANCAIS
Mais la fiction enfantine depuis le début du siècle évolue. Elle reflète de plus en plus la réalité, les problèmes sociaux ou d'actualité, quand le roman n'entre pas dans une collection spécialisée dans une thématique (écologique par exemple).
Ce n'est pas directement la pauvreté qui est traitée mais les sans papiers ("Tu peux pas rester là" de Nozière), les clandestins ("Fièvre jaune" de Lucareli); C'est une nouvelle forme de pauvreté qui s'invite dans la fiction : l'enfant clandestin travaillant dans un atelier de confection, un enfant déraciné triste qui ne pense qu'à sa belle vie en Chine, le quartier de Belleville avec sa mafia, et autres sans papiers menacés d'expulsion.
Là encore, il s'agit de la visibilité d'une communauté ; pas de jeune cadre chinois milliardaire ou de SDF chinois. Quant aux chinois de Chine d'aujourd'hui, ils sont encore vus par des auteurs anglo saxons.
PAUVRE D'HIER ET D'AUJOURD'HUI
Si la pauvreté est décrite par les missionnaires, jusqu'au début du 20ème siècle, on parle plus de ruralité, de retard technologique que de pauvreté au 20ème siècle.
Pauvre mais avec un toit et de quoi manger
Rosensthiel nous montre une place Tian'an men remplie d'une foule d'ouvriers bien portants en costumes bleus très propres, dignes d'une publicité lessivière. Aucun paysan maigre ou sale. Certains titres commencent à nous montrer cette Chine moderne et ses problèmes sociaux mais on parle alors de vie difficile, de parents qui travaillent beaucoup, pas de faim; de manque d'argent ou de logement ("le cerf-volant dans l'arbre" de He Zihong)
PAUVRE ET PROPRIETAIRE TERRIEN : LA PROPAGANDE CHINOISE
La fiction chinoise enfantine utilise cette pauvreté : l'homme honnête est un pauvre ouvrier ou paysan : pauvre mais son humble maison reste propre, comme ses vêtements. Il a de quoi manger et son seul soucis est de lutter contre l'horrible propriétaire terrien, qui a remplacé le méchant empereur. Mais s'il est riche, ses vêtements sont sombres, comme son visage. Sa richesse est rarement montrée... Etre pauvre est donc un statut social, un état, et non un problème de nourriture, de confort superflue.
Lorsque, rarement, le pauvre est mauvais, il est montré dans un décors et des couleurs sombres...
Pauvre ou riche : la distinction s'opère souvent avec des détails liés à l'ameublement
On notera aussi que les communautés ethniques en Chine sont valorisées : un objet, un décors peut définir une communauté ; mais le plus souvent c'est un vêtement ; l'individu est alors en représentation : la pauvreté n'est donc visible que par une situation et non par un problème physique , d'habitat ou vestimentaire. "Hong Yu" nous relate une histoire d'amour où il est question de pauvreté ; pourtant, l'illustration est riche en décoration, en vêtements, en couleurs...
Voici un couple pauvre... ils sont avant tout en représentation : décors et vêtements ethniques...
EPREUVES
Le pauvre est testé pour son courage ou son honnêteté ; il n'est pas rare qu'une pauvre fille s'aventure dans la montagne pour chercher une solution à ses problèmes, qu'un jeune homme risque sa vie pour sa bien aimée, qu'un choix soit donné entre devenir riche et malhonnête ou rester pauvre mais honnête... "La hâche d'or" parle directement de pauvreté et des enfants qui sont soumis au test d'honnêteté : l'aîné préfèrera être malhonnête mais devenir riche... Il n'est pas question de vie difficile, de faim, de froid mais d'enfant courageux et méritant.
Le pauvre n'est pas si différent du riche : ici, c'est l'honnêteté du pauvre garçon qui le rend plus fort que la méchanceté du méchant terrien ("le coq chante à minuit")
Ce couple est mis à l'épreuve avec le gain de l'argent facile...
Cet enfant qui travaille très dur n'est pas un esclave : c'est un valeureux garçon courageux... un pauvre modèle ("la hâche d'or")
NOUVEAUX PAUVRES
Le pauvre d'hier, montrant un individu courageux et honnête laisse petit à petit la place au pauvre d'aujourd'hui, exclu de la société. Avec "Les plus beaux Noëls" de Chen C Y, c'est une nouvelle approche : il ne s'agit plus de pauvreté caractérisant un état : honnête et courageux, ni même une situation dexclusion, mais tout simplement un problème économique d'une famille ordinaire ; Une famille citadine passant Noël dans cadeaux car désargentée.
Ici Noël sans cadeaux ce n'est pas possible : avec un peu d'imagination, on en construit! Chen et Liao, deux auteurs taiwanais traitent la pauvreté et la solitude dans les villes
DES RICHES PEUVENT CACHER DES PAUVRES
Le chinois n'avait que pour but de travailler, de lutter contre les riches et de prouver son courage et leur honnêteté. Mais nos héros n'habitent plus la campagne et consomment beaucoup dans les villes tentaculaires. Les milliardaires chinois commencent à apparaitre dans la littérature américaine ("Loser's club", "Cathy's book"). Les problèmes sociaux dans la littérature française avec cette nouvelle visibilité de la communauté chinoise. Il est peu probable que les chiffonniers de Paris ou les sdf des mégapoles chinoises soient longtemps oubliés. Pour l'instant, il est encore évident qu'un pauvre doit être aidé donc, mais il n'est rarement montré cette aide naturelle, sans mise à l'épreuve ou sans contre partie...
Une des rares histoires où l'on aide un pauvre sans rien lui demander en échange...
La pauvre maison semble bien plus attractive que les villes modernes...